En Tchéquie, un nombre record mais encore insuffisant de kilomètres d’autoroutes mis en service
La Tchéquie, qui en de nombreux endroits ressemble à un immense chantier à ciel ouvert, s’efforce de rattraper l’important retard pris dans le développement et l’achèvement de son réseau autoroutier. D’ici à la fin de cette année, ce sont néanmoins quelque 110 kilomètres de nouvelles autoroutes qui devraient être mis en service, un record à l’échelle tchèque.
Longtemps, les Tchèques se sont moqués de l’état de l’infrastructure routière dans la grande Pologne voisine, qui ne possédait pratiquement aucune autoroute ou voie rapide digne de ce nom. Les Polonais, eux, ne se moquent pas, ils se contentent de constater. Grâce aux subventions européennes et à l’organisation du championnat d’Europe de football en 2012, qui a accéléré la réalisation de différents projets, cela fait en effet déjà quelques années qu’ils ont rattrapé leur retard en la matière et qu’ils peuvent désormais se targuer de posséder un réseau autoroutier certes encore relativement peu développé compte tenu de la taille du pays, mais moderne et en excellent état qui s’étend désormais sur près de 2 000 kilomètres.
Il suffit d’ailleurs d’effectuer en voiture les quelque 640 kilomètres qui séparent Prague de Varsovie, en passant par le nord-est de la Tchéquie et le sud-ouest de la Pologne, pour se faire une idée du retard pris par la Tchéquie, que l’actuel ministre des Transports a encore qualifié de « honteux » il y a deux ans de cela. Côté tchèque, la D11, l’autoroute qui doit précisément relier les deux pays et dont les premiers travaux remontent à… 1978, s’arrête au beau milieu des champs quelque part au-dessus de Hradec Králové, en Bohême de l’Est, et il reste alors encore une bonne quarantaine de kilomètres à parcourir pour atteindre la frontière.
Côté polonais, en revanche, la voie rapide (ou express) S3, un axe de communication long de 470 kilomètres qui à terme doit relier le nord au sud du pays dans sa partie est, a, elle, été achevée l’été dernier et assure donc la jonction avec l’autre voie rapide puis l’autoroute qui mènent jusqu’à Varsovie. Une S3 qui, accessoirement, permet aussi aux touristes tchèques, de plus en plus nombreux chaque année à y passer leurs vacances, de rejoindre les côtes de la mer Baltique. C’est donc en Tchéquie, sur des routes dont la taille et l’état sont inadaptés au trafic, que les automobilistes et les chauffeurs des nombreux camions qui circulent dans la région continuent de perdre le plus de temps.
« La Pologne, il y a encore quinze ans, ne possédait pratiquement aucun kilomètre d’autoroute. Mais la situation a bien changé et les Polonais sont aujourd’hui pratiquement à notre niveau si l’on compare la densité des deux réseaux et que l’on calcule le nombre de voies d’autoroutes au kilomètre carré. »
Tout en constatant donc, lui aussi, le retard pris ces dix à vingt dernières années par la Tchéquie, à laquelle une mauvaise utilisation des subventions européennes a souvent été reprochée et qui a longtemps eu la réputation de construire les kilomètres d’autoroute les plus chers au monde, Radek Mátl, le directeur de la Direction des routes et autoroutes (ŘSD), assure qu’il y a cependant du mieux et que « la dette que la Tchéquie a envers le public sera bientôt effacée ».
Alors que des travaux sont actuellement en cours sur environ 250 kilomètres, 110 kilomètres, si tout se passe bien d’ici la fin du mois de décembre, auront nouvellement été mis en service cette année. Un total qui sera le plus élevé en l’espace d’un an dans l’histoire du pays, alors que ces différentes ouvertures de nouveaux tronçons auront été effectuées sur sept autoroutes différentes, les deux plus importants se situant sur la D4 (31,9 km) et la D3 (28,4 km), respectivement dans l’ouest et le sud de la Bohême, une région où l’autoroute tant attendue devant mener jusqu’en Autriche reste un projet inachevé.
Ainsi donc, si la situation tend à s’améliorer, se rendre de Prague à Varsovie ou de Prague à Vienne en ne roulant que sur l’autoroute demeure pour l’heure impossible. Et ce bien qu’environ 850 nouveaux kilomètres à travers la Tchéquie aient été réalisés depuis 1989 et la fin du régime communiste.