Les chrétiens-démocrates veulent se défaire de leur étiquette cléricale
Réunis en congrès à Zlín, samedi et dimanche, les délégués du parti chrétien-démocrate (KDU-ČSL) ont réélu Pavel Bělobrádek à son poste de président. Cette élection se déroulait presque cinq ans après que le parti a été sorti des bancs du Parlement tchèque pour la première fois de son histoire. Elle est donc essentiellement comprise comme une reconnaissance vis-à-vis d’un leader qui a remis son parti sur pied, lui permettant non seulement de retrouver sa place à la Chambre des députés, mais aussi de se faire une petite place au sein de la coalition gouvernementale.
C’est par ces mots que Pavel Bělobrádek a commenté sa réélection. La candidature de ce vétérinaire de profession a recueilli les voix de 251 des 275 délégués du parti présents lors de ce congrès de Zlin. Un mandat fort, donc, pour ce jeune président de 38 ans qui, pour poursuivre sa mission, pourra compter sur ses collègues également confirmés à leurs postes : Milan Jurečka en tant qu’adjoint, Zuzana Roithová, Jan Bartošek, Jiří Mihola et Ondřej Benešík dans les fonctions de vice-présidents. Une continuité dont s’est bien entendu félicité Pavel Bělobrádek :
« On ne change pas une équipe qui gagne, c’est donc une satisfaction pour moi. Le fait que deux membres de l’ancienne direction aient décidé de ne pas se porter candidats, est de leur responsabilité. Ceux qui les remplacent sont des gens de qualité. »
Le KDU-ČSL s’est fixé de nombreux objectifs afin de conquérir de nouveaux électeurs, souhaitant représenter une alternative sérieuse sur la scène politique tchèque. La direction a dans son viseur les prochaines élections régionales où elle aspire à remporter au moins deux ou trois présidences de région et glaner 12% des voix des électeurs. Alors que le vivier électoral traditionnel des chrétiens-démocrates se trouve essentiellement dans les régions de la Moravie et de la Silésie, Pavel Bělobrádek ne désespère pas de séduire aussi une partie des électeurs de Bohême :« Lors des dernières législatives, nous avons remporté plus de voix à Prague qu’en 2006. Je pense que le potentiel en Bohême existe. Cela dépend de trois choses : de notre action future en politique, des candidats que nous présenterons et du programme que nous proposerons. Dans tous les cas, il y a plusieurs régions où nous avons des chances de gagner les élections ou d’être représentés au conseil : Zlin, la Moravie du Sud, la Vyšocina, Pardubice et Hradec Králové, ou encore Olomouc. La tendance est à la hausse pour notre parti et je pense que les électeurs sont las des coalitions actuelles dans les régions, souvent composées avec les communistes. Nous voulons être une alternative. »
Parmi les nombreux thèmes que le parti chrétien-démocrate entend faire plus particulièrement siens à l’avenir, l’éducation, les sciences et la recherche, dont Pavel Bělobrádek est d’ailleurs actuellement déjà le ministre, la transparence dans le monde de la santé, le problème de l’émigration et évidemment la politique familiale sont ceux qui reviennent le plus souvent, mais pas seulement, comme le précise la députée européenne Michaela Šojdrová :
« Les thèmes qui permettront au parti de progresser sont clairement liés à l’Union européenne et à la construction d’un parti chrétien-démocrate européen. Avant le congrès, nous avons dit que nous voulons soutenir une politique de l’enseignement, une coopération internationale. Bien entendu, pour nous, il est important que l’Europe reste un endroit sûr pour vivre et qu’une vraie politique européenne de sécurité et de défense soit développée. »Si le mot « chrétien » est indissociable du nom du parti, la direction du KDU-ČSL entend brasser plus large en le débarrassant de son image de parti clérical. Klára Liptáková, ancienne vice-présidente :
« Nous ne sommes pas un parti qui s’adresse uniquement aux croyants et nous ne voulons pas être associés avec telle ou telle Eglise. Il ne serait toutefois pas correct de dire que nous voulons nous débarrasser de notre idée de base. Nos fondements sont les principes chrétiens. Nous sommes les porteurs des valeurs chrétiennes dans le pays, et c’est ce qui nous distingue des autres partis. »
La réélection de Pavel Bělobrádek a logiquement été accueillie différemment selon les tendances et affinités politiques. Si les deux autres membres de la coalition gouvernementale, à savoir le parti social-démocrate (ČSSD) et le parti ANO, ont salué la reconduction de Pavel Bělobrádek à la tête de son parti, l’opposition de droite a critiqué les chrétiens-démocrates, qui ne disposent que de trois portefeuilles ministériels, pour leur « passivité » au gouvernement et leur collaboration avec le parti ANO et son leader Andrej Babiš.