Législatives : une alliance centriste pour concurrencer la social-démocratie et ANO
Il a fallu plus de trois mois pour que les dirigeants du parti chrétien-démocrate (KDU-ČSL), plus petite formation au sein de l’actuelle coalition gouvernementale, et ceux du mouvement des maires et indépendants (STAN), parviennent finalement à un accord. Mercredi, ils ont signé tout sourire une alliance en vue des élections législatives de l’automne prochain. Les deux partis feront campagne ensemble, avec l’idée de creuser un sillon au cœur de l’échiquier politique tchèque.
« Tel que vous nous voyez, nous représentons une génération de gens entre 36 et 42 ans, qui, après l’année 1990, étaient à l’école, qui ont ensuite exercé normalement une profession, et qui constatent qu’il est maintenant nécessaire de remplacer la génération précédente. Ces gens que vous connaissez depuis bien longtemps maintenant, qu’ils viennent des entreprises ou de la politique, qui sont actifs dans cet establishment gouvernemental et des affaires depuis vingt ans. »
Et Pavel Bělobrádek de citer des noms. La génération qu’il vise, c’est celle de Miroslav Kalousek, le président des conservateurs de TOP 09, ou encore de l’ancien premier ministre Petr Nečas, du parti de droite ODS. Ce sont aussi les poids lourds du gouvernement auquel il participe pourtant, son chef Bohuslav Sobotka et le ministre des Finances Andrej Babiš, qui, avec les partis qu’ils dirigent respectivement, la social-démocratie et le mouvement libéral ANO, font la course en tête des sondages.
Pour tenter de leur disputer l’hégémonie politique, mais aussi, selon Pavel Bělobrádek, pour que le parti communiste ne puisse pas jouer un rôle d’arbitre après les prochaines élections, l’alliance entre chrétiens-démocrates et le mouvement STAN semblait aller de soi :
« Les chrétiens-démocrates et STAN sont deux formations qui collaborent depuis longtemps déjà à différents niveaux, au Parlement européen, au Sénat, ainsi que dans beaucoup de régions et de municipalités. L’autre chose qui est essentielle, c’est que nous pensons que la fragmentation de l’espace politique est déjà bien suffisante et qu’il convient d’allier nos forces. Je suis d’ailleurs content qu’il y ait aujourd’hui avec nous les représentants d’autres formations qui soutiennent notre projet et avec le temps il y en aura d’autres. »On en ne sait pas encore grand-chose du programme de cette coalition électorale, sinon qu’elle veut ancrer la Tchéquie dans une perspective « pro-occidentale » et « pro-européenne », et défendre les « valeurs libérales » et plus généralement « la démocratie libérale ». Un point semble revenir régulièrement : l’accent mis sur la décentralisation avec une volonté de doter les régions et les municipalités de moyens et de compétences importants. C’est précisément ce qu’a souligné Petr Gazdík, le président de STAN :
« Je suis très heureux que nous puissions vous proposer une alternative à la voie que prend actuellement la République tchèque. Nous ne voulons ni d’un Etat administré comme une entreprise (tel que le propose Andrej Babiš, ndlr.), ni d’un Etat à tendance socialiste, où chacun à des droits à tout. Ce que nous souhaitons, c’est un Etat prospère, qui fonctionne à partir de la base, là où l’on peut décider au plus près des citoyens, ce qui est la meilleure façon d’empêcher la bureaucratie et la corruption. »
Et pour Petr Gazdík, il ne fait aucun doute que Pavel Bělobrádek est bien le candidat idéal au poste de chef du gouvernement qui sera issu du scrutin à venir.