La coalition dans l'impasse ? Bras de fer pour l'Agriculture
Les négociations pour la répartition des postes ministériels entre les trois acteurs de la possible future coalition gouvernementale se sont achevées par un fiasco ce mercredi. Les chrétiens-démocrates se sont vu proposer les ministères du Travail et des affaires sociales, des Transports, ainsi qu’un ministère sans portefeuille. Cependant, c’est l’Agriculture qui leur tient le plus à cœur. Intransigeants, les sociaux-démocrates considèrent eux aussi ce ministère comme une priorité et refusent d’y renoncer. Qui cédera, à quel prix, et quels sont les enjeux autour de ce portefeuille ?
« Le parti social-démocrate est ouvert aux négociations, nous sommes prêts à trouver un compromis. Nous ne sommes pas de ceux qui resteraient bloqués à cause d’un ministère, ni de ceux qui enterreraient l’accord de coalition à cause de la direction d’un ministère. Je trouverais cela absurde si, dans une situation où nous avons réussi à trouver un accord sur le programme, l’obstacle à la finalisation de la formation du gouvernement, serait une dispute pour savoir qui va diriger un tel ministère. »
L’art de trouver un compromis dans la politique, visant à satisfaire l’intérêt général, n’est décidément pas suffisamment enraciné en République tchèque, bien que des exemples d'une telle volonté aient pu récemment être constatés dans certains pays voisins... C’est cet art de la négociation que revendiquent les chrétiens-démocrates, ici par la voix du vice-président du parti, Marian Jurečka :
« En tant que parti chrétien-démocrate (KDU-CSL), nous souhaitons pouvoir nous aussi faire valoir une priorité, qui est pour nous l’Agriculture. Nous respectons que ANO revendique les Finances, les sociaux-démocrates auront logiquement le poste de premier ministre, ainsi que le poste de président de la Chambre des députés, choses que nous avons appuyées. Mais nous voudrions maintenant que nos partenaires respectent la seule priorité que nous avons exprimée. »Mis à part le manque d’intérêt commun – qui devrait être la stabilité et la prospérité du pays – cette situation souligne également l’extrême fragilité de cette coalition. Chaque parti a des arguments, qui, une fois prononcés, font douter du potentiel de cette coalition. Voici la position du parti social-démocrate, formulée par son vice-président Lubomír Zaorálek :
« Le ministère de l’agriculture est problématique. D’une part il y a le mouvement ANO. M. Babiš, avec ses entreprises, exerce des activités entrepreneuriales importantes dans le secteur de l’agriculture. D’autre part, avec ce ministère, les chrétiens-démocrates auraient à administrer l’autorité publique en charge des questions foncières (Státní pozemkový úřad) et la société forestière publique (Lesy ČR), soit les deux institutions clés dans le domaine des restitutions des biens aux Eglises. Ces deux partis présentent un conflit d’intérêt évident par rapport au ministère de l’agriculture et seul le parti social démocrate est neutre sur la question. »En soutien aux sociaux-démocrates, Andrej Babiš, leader du mouvement ANO, a exprimé son doute sur l’intention pragmatique des chrétiens-démocrates (qui justifient leur désir d’obtenir ce cabinet notamment du fait de leur important électorat parmi les agriculteurs) et croit plutôt à une motivation purement politique. Le comité national du parti chrétien-démocrate se réunit aujourd’hui pour prendre une décision finale. Celle-ci devrait être communiquée ce vendredi. Les alliés d’hier deviendront-ils adversaires demain ? Le résultat de cette affaire à suivre sera en tout cas significatif pour la culture politique du pays.