Sénatoriales : un nouveau fiasco pour les sociaux-démocrates, un succès pour les chrétiens-démocrates
Les scrutins se suivent et se ressemblent pour le parti social-démocrate (ČSSD). Une semaine après les régionales, les élections sénatoriales partielles, dont le second tour s’est tenu vendredi et samedi, se sont elles aussi soldées par un échec pour la principale formation de la coalition gouvernementale, qui n’a obtenu que deux mandats. Déception aussi pour le mouvement ANO, dont seuls trois candidats ont été élus. Relative surprise, c’est donc le parti chrétien-démocrate (KDU-ČSL), arrivé en tête dans neuf circonscriptions, qui s’en est le mieux sorti au terme d’un scrutin marqué par un taux de participation à son minimum historique (15,4%).
« Les résultats des élections sénatoriales comme régionales confirment la nécessité de l’ouverture d’un débat interne approfondi sur le fonctionnement de la social-démocratie. Il reste un an avant les élections législatives et le plus important pour moi aujourd’hui est d’améliorer ce fonctionnement, de mieux présenter notre travail aux électeurs, ce qui nécessitera un engagement plus important notamment des ministres. »
Parmi eux, Jan Mládek, le ministre du Commerce et de l’Industrie, a présenté sa démission au chef du gouvernement ce lundi, après sa défaite dans la circonscription de Tábor, en Bohême du Sud, où il n’a recueilli que 40% des suffrages. Sa démission a toutefois été refusée par Bohuslav Sobotka, qui a répété que la priorité selon lui restait le travail réalisé par les ministres.Si la morosité règne donc chez les sociaux-démocrates, l’ambiance était également au dégrisement dans le camp d’ANO samedi soir à l’annonce des résultats. Grand vainqueur des élections régionales, le mouvement dirigé par l’omnipotent vice-Premier ministre Andrej Babiš doit cette fois se contenter de trois mandats de sénateur, alors que quatorze de ses candidats étaient parvenus à se qualifier pour le second tour.
Du coup, c’est le KDU-ČSL qui a tiré son épingle de ce jeu des chaises musicales. Les candidats soutenus par le plus petit des trois partis de la coalition gouvernementale ont eu les préférences des électeurs dans neuf des vingt-sept circonscriptions où ils se sont présentés. Ce résultat confirme le renouveau d’une formation qui possèdera désormais, avec dix-huit sièges, le deuxième groupe le plus important au Sénat, comme s’en félicite son leader Pavel Bělobrádek :« Je suis convaincu qu’une action plus importante du groupe chrétien-démocrate au Sénat constitue l’assurance que celui-ci restera le garant du bon fonctionnement de la démocratie dans notre pays, de la stabilité des institutions et du contrôle de l’action du gouvernement. Il faut lutter pour faire en sorte que la République tchèque ne devienne pas un régime autoritaire avec le gouvernement d’un seul parti comme cela s’est déjà produit par exemple dans certains autres pays du groupe de Visegrad. C’est pourquoi il est important que nous soyons fortement représentés au Sénat. »Fort d’un électorat fidèle et discipliné qui se rend régulièrement aux urnes, notamment en Moravie, son bastion traditionnel, les chrétiens-démocrates ont profité, selon les analystes, du plus faible taux de participation jamais enregistré depuis l’organisation des premières élections sénatoriales en République tchèque en novembre 1996. Avec seulement 15,4% des électeurs ayant voté, la question se pose forcément de savoir quelle importance les Tchèques attachent à une institution qui fête cette année le vingtième anniversaire de son fonctionnement.