Les clichés de Josef Koudelka exposés au Centre Pompidou
« Être un exilé oblige de repartir de zéro. C’est une chance qui m’était donnée. » C’est en ces termes que le célèbre photographe franco-tchèque Josef Koudelka décrit la naissance de sa série emblématique intitulée « Exils ». Jusqu’au 22 mai, une trentaine de photographies issues de cette série, ainsi que plusieurs dizaines de clichés inédits de l’artiste mondialement connu pour sa couverture de l’invasion de la Tchécoslovaquie en 1968, sont exposés à la Galerie de photographies du Centre Pompidou sous le nom « Josef Koudelka, la fabrique d’Exils ». Il s’agit aussi de la première exposition du photographe à Paris depuis presque trente ans.
« L’événement clé qui va faire basculer sa vie, ainsi que sa démarche photographique, c’est l’invasion de la Tchécoslovaquie, et notamment de Prague, en août 1968, que Koudelka photographie clandestinement. Nous montrons par ailleurs au début de l’exposition une célèbre photo née lors de ces événements. Après l’invasion, Koudelka cherche à quitter son pays et il y arrive en 1970 par le biais d’une bourse allouée par l’agence Magnum. Il part donc pour quatre-vingt jours en Grande-Bretagne. Ensuite, il y demande l’asile qu’il obtient. »
Dans les années 1970 et 1980, Josef Koudelka adopte une vie nomade, il sillonne à pied les routes de l’Europe. Muni d’un sac de couchage, l’artiste dort à la belle étoile, évitant autant que faire se peut la proximité des lieux d’habitation. Tout en poursuivant son travail sur les gitans, il visite des foires populaires, carnavals et fêtes religieuses et y produit un grand nombre de pellicules photographiques qui vont donner naissance à une série de clichés intitulée « Exils », qu’il publie, en 1988, dans le livre éponyme. Cette même année, la série fait l’objet d’une exposition organisée au Palais de Tokyo à Paris par le Centre national de la photographie.Josef Koudelka devient alors un photographe de renommée ; ses œuvres sont exposées un peu partout dans le monde, il publie une dizaine de recueils de photographies et se voit décerner plusieurs prix. Il faut toutefois attendre vingt-neuf ans avant que l’artiste tchèque, installé en France depuis 1980, ne soit exposé à nouveau dans la capitale française, dans le cadre de l’exposition « Josef Koudelka, la fabrique d’Exils » :
« L’exposition a été faite en étroite collaboration avec Josef Koudelka. Il a œuvré dès le début du projet à cette exposition et au livre qui l’accompagne. D’autre part, cette exposition fait suite à l’acquisition, en 2016, de soixante-quinze tirages de la série ‘Exils’ qui a été donnée par Koudelka au Centre Pompidou. L’exposition présente donc une trentaine de photographies de cette acquisition. Le reste des œuvres présentées proviennent de ses archives personnelles et sont prêtées par l’artiste. Certaines de ces photographies sont inédites. C’est le cas notamment de la série des ‘Réveils’ qui présente de petits autoportraits sur lesquels Koudelka se photographie juste au moment du réveil. Nous le voyons donc dans un sac de couchage, en général en extérieur. »A travers quatre-vingt photographies, le Centre Pompidou propose la présentation la plus complète et la plus riche de cette série jamais montrée jusqu’à présent :
L’exposition des clichés de Josef Koudelka se tient à la Galerie de photographies du Centre Pompidou jusqu’au 22 mai prochain. L’entrée est libre.