Les députés tchèques s’expriment sur la confiance à l’égard du gouvernement
Le nouveau gouvernement dirigé par Bohuslav Sobotka a sollicité, ce mardi, la confiance de la Chambre des députés. Le parti social-démocrate (ČSSD), le mouvement ANO et le parti chrétien démocrate (KDU-ČSL), les trois formations de la coalition, disposant d’une confortable majorité (111 sièges sur 200) à la Chambre basse, ce vote se présentait comme une formalité, malgré le long débat qui l’a accompagné.
« Le gouvernement va articuler son action sur la base de sa déclaration de politique générale, ainsi que sur une partie du programme contenu dans l’accord de coalition. Ces deux documents se complètent, ils ne sont pas contradictoires, au contraire, ce sont des textes qui peuvent être combinés. Dans le cadre de sa politique, le gouvernement va procéder de ces deux textes, et c’est pourquoi nous avons distribué chacun d’entre eux à tous les députés. »
Mais si le nouveau gouvernement nommé à la fin du mois de janvier dispose d’une majorité fiable, le vote de confiance a été accompagné d’un certain nombre de différends. Les membres du mouvement ‘Aube de la démocratie directe’ (Úsvit) de Tomio Okamura, ainsi que les membres du Parti civique démocrate (ODS) et du parti communiste (KSČM), dont le groupe parlementaire est le plus puissant de l’opposition, se sont ainsi abstenus. Le président de l’ODS, a vivement critiqué la déclaration de politique générale du gouvernement. Selon Petr Fiala, celle-ci incarne une certaine « schizophrénie » :« Il n’y aucune mesure concrète dans cette déclaration. Il n’y aucune mention ni de l’instrument par le biais duquel il sera possible d’obtenir ce qui est déclaré, ni des buts concrets déterminés. Donc, si nous améliorons une certaine qualité ou que nous procédons à une réforme de l’éducation au niveau régional, cela va évidemment dans le bon sens, et nous savons tous que nous devons le faire. La question est plutôt de savoir de quelle façon, à quoi cela va nous conduire et quels seront les paramètres pour y parvenir. Ce sont des données que la déclaration de politique générale du gouvernement devrait contenir, ce qui, malheureusement, n’est absolument pas le cas. »
Petr Fiala a également souligné la différence existante entre l’accord de coalition et la déclaration de politique générale, jugée vague et pleine de contradictions. Inversement, le président du groupe parlementaire ANO, Jaroslav Faltýnek, a logiquement confirmé le soutien de son mouvement au gouvernement :« Le taux de chômage est un des plus élevés jamais enregistré dans l’histoire du pays. Nous avons plus d’un million de personnes qui frôlent le seuil de pauvreté. Notre premier devoir est donc de commencer à gérer l’Etat en faveur des Tchèques, ce qui, malheureusement, n’a jamais été fait ces vingt dernières années. »
Pour sa part, le président de la République, Miloš Zeman, qui s’est présenté ce mardi devant la Chambre des députés avant le vote, a déclaré dans son discours que la République tchèque devait s’inspirer des autres pays européens, et plus spécialement du modèle scandinave. Dans une interview retransmise par la Radio tchèque dimanche dernier, Miloš Zeman avait précisé sur quoi porterait son discours, tout en affirmant que la déclaration de politique générale était un engagement collectif :
« Je vais parler de deux choses qui sont interconnectées : en premier lieu, je souhaite parler de l’évolution de la République tchèque, puis analyser la déclaration de politique générale du gouvernement, dans la mesure où cette déclaration devrait contenir cette conception de l’évolution. »L’équipe de Bohuslav Sobotka souhaite investir dans la croissance et maintenir un déficit inférieur à 3% du produit intérieur brut pour un bon fonctionnement de l’Etat. Les priorités de la coalition tripartite sont, entre autres, le combat contre la corruption, la réalisation d’économies dans le fonctionnement de l’Etat ainsi que la recherche d’une stabilité trop souvent interrompue dans le passé par les alternances des gouvernements. Selon l’économiste Luděk Niedermayer, si le gouvernement souhaite améliorer la situation des Tchèques, il aura beaucoup de mal à le faire sans procéder à une augmentation des impôts et sans creuser le déficit budgétaire.