Les entreprises tchèques polluent-elles vraiment moins ?
Mercredi dernier, l’organisation non gouvernementale Arnika a dévoilé la liste des entreprises les plus polluantes de République tchèque pour l’année 2012. Si l’année dernière, les entreprises ont émis moins de particules dangereuses qu’en 2011, le taux de mercure divulgué dans l’air a lui considérablement augmenté. C’est ce qui découle des données du Registre intégré de pollution révélé par Arnika. Les régions les plus polluées sont la Moravie-Silésie, suivie de celle d’Ústí nad Labem et de la Bohême centrale.
Ainsi, même si l’organisation Arnika ne possède pas les instruments nécessaires pour contrôler la véracité des données inscrites au registre par les entreprises, il y a certaines limites à ne pas dépasser. Dans ce cas là, Arnika vérifie les chiffres douteux auprès des entreprises et s’adresse au ministère de l’Environnement ou à l’Inspection tchèque de l’environnement, dans un but de vérification. Vratislav Voznik apporte plus de précisions sur ce Registre intégré de pollution :
« Les données que l’on inscrit dans le registre sont nombreuses. La notification d’une des 93 matières toxiques, énumérées dans la loi, est obligatoire. Cette année, 59 de ces 93 matières ont fait apparition dans le registre, inscrites par 1610 entreprises au total. Les matières sont difficilement comparables, car d’un côté, nous avons des dioxines, qui sont extrêmement toxiques et qui sont mesurées en grammes. D’un autre côté, les émissions de gaz à effet de serre, sont indiquées en millions de tonnes par an. Vu qu’il s’agit de différentes catégories, il n’est pas possible de dire qui est vraiment le plus grand pollueur en République tchèque. Mais concernant le taux de matières cancérigènes, c’est la société Spolana Neratovice qui est le plus grand émetteur en relâchant près de 36 tonnes. » D’autres matières toxiques sont issues des centrales électriques, qui émettent un taux élevé d’un autre polluant : le mercure, et sont ainsi celles qui ont le plus d’impact sur l’environnement. La centrale électrique Chvaletice, dans la région de Pardubice, ou la centrale de Počerady, dans la région d’Ústí, ont émis plus de 200 kilogrammes de mercure dans l’air, l’eau ou la terre. Mais le leader et champion en la matière est la centrale de Třebovice, gérée par la société Dalkia ČR, à Ostrava, en enregistrant au total 3,5 tonnes de mercure par an. ArcelorMittal, les usines sidérurgiques de Třinec, ainsi que la société DEZA sont les entreprises qui émettent le plus de toxines menaçant la fertilité. Vratislav Vozník dévoile quelle est également l’ambition d’Arnika :« Le Registre intégré de pollution n’est pas plus sévère qu’ailleurs en Europe. De ce fait, nous voulons que la loi impose plus de sanctions à l’égard des matières toxiques déjà présentes dans l’air. Une de ces matières est le benzopyrène, qui est cancérogène et qui affecte le plus souvent les habitants du nord de la Moravie, mais aussi ceux d’Ustí nad Labem ou de České Budějovice. Nous voulons que les émissions de cette matière toxique soient indiquées de façon séparée dans le Registre intégré de pollution. »
La modification des lois relatives à la pollution atmosphérique est incertaine, tout comme l’est le vote d’une nouvelle loi sur les déchets, qui n’est plus à l’ordre du jour. Les entreprises souhaitent une aide de l’Etat afin d’introduire, comme certaines entreprises le font déjà, des systèmes plus écologiques. Par ailleurs, les citoyens Tchèques peuvent prendre des initiatives par le biais du registre établi. Ils peuvent demander protection ou réparation, exercer une pression sur le législateur, ou même avoir recours à l’Inspection tchèque de l’environnement. Pour l’année 2012, si une baisse des particules nuisibles a été enregistrée, il n’est toutefois pas possible de faire entièrement confiance à ces données.