Prague sur le point de déclarer la guerre aux véhicules les plus polluants

Ilustrační foto: Filip Jandourek, Český rozhlas

La ville de Prague et la région de Bohême centrale ont connu mercredi 8 août et les jours suivants un énième épisode de smog. Dans la capitale, c’est le transport routier qui constitue le premier facteur de pollution. Une étude, dont les résultats viennent d’être publiés, pointe plus particulièrement du doigt la responsabilité des voitures diesel dont le filtre à particules a été démonté.

Photo illustrative: Filip Jandourek,  ČRo
Les conclusions de cette étude, réalisée pour la municipalité pragoise sous l’égide de l’Institut de mécanique de l’Université technique de Prague (ČVUT), sont assez spectaculaires. La conseillère municipale Jana Plamínková, du mouvement STAN, les a résumées :

« Un nombre énorme de véhicules a été mesuré et le résultat est très intéressant : environ 5 % des pires voitures produisent 50 % des émissions polluantes, 10 % d’entre elles produisent près des deux tiers de ces émissions. »

Le transport routier est responsable de l’émission de particules fines et d’oxyde d’azote, qui favorisent le développement de toutes sortes de maladies, à commencer par des complications respiratoires.

Les données, qu’il a fallu six mois pour traiter, ont été mesurées en trois endroits de la capitale. C’est le chercheur Michal Vojtíšek qui a dirigé l’étude. Il détaille le protocole de recherche et les résultats obtenus :

« Au total, 25 000 véhicules sont passés devant nos capteurs en six jours de mesures. La grande majorité de ces véhicules étaient des voitures particulières. Nous avons eu à peu près 2 ou 3 % d’autobus et de motocyclettes. Sur les voitures particulières, environ un tiers étaient des véhicules à essence et les deux tiers des véhicules à diesel. La moitié de ces autos disposaient d’un filtre à particules […]. Nous avons mis en évidence que près de 10 % des voitures qui devaient avoir un filtre à particules, n’en comportaient manifestement pas, ou bien alors le filtre était défectueux, endommagé, ou encore percé. »

L’an passé, le ministre de l’Environnement Richard Brabec estimait à 100 000 le nombre de véhicules diesel en circulation en République tchèque qui, malgré l’obligation légale, n’avaient pas de filtre à particules.

C’est précisément contre ces voitures que la mairie de Prague, qui prépare un plan de lutte contre les situations de smog, souhaite désormais agir, en s’appuyant sur l’étude commandée auprès de l’Université technique. Jana Plamínková :

Jana Plamínková,  photo: Michal Vítů,  CC BY-SA 4.0
« Notre objectif principal, c’est qu’il n’y ait plus d’alerte au smog. Ces situations de smog sont des accidents dans l’état de la qualité de l’air, et nous ne voulons plus de ces accidents. Nous allons donc désormais chercher un moyen, à la fois légal et radical, de retirer les voitures les plus polluantes de la circulation et de pousser les conducteurs à maintenir leur véhicule dans un bon état technique. »

La municipalité de Prague est en discussion avec le ministère de l’Intérieur pour impliquer la police dans la résolution du problème. Confrontées à la même question, d’autres villes ont choisi de restreindre la circulation des véhicules les plus polluants. C’est le cas notamment en France, où est désormais délivré un « certificat qualité de l'air ». A Paris, les voitures ne disposant pas de ce document n’ont plus le droit de circuler.

Reste que les automobiles utilisant un filtre à particules sont également polluantes. Elles émettent en effet des nanoparticules, qui s’infiltrent plus facilement dans les organismes et pourraient favoriser les maladies neurodégénératives.