Les envoyés spéciaux des journaux tchèques réagissent aux émeutes en France

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Ce n'est pas tous les jours que la France fait la une des journaux tchèques, qu'il s'agisse de la télévision ou bien de la presse écrite. Retour sur l'actualité chaude de ces dix derniers jours en France, vue par la presse tchèque.

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La situation de crise que traverse la France depuis bientôt presque deux semaines ne laisse décidément pas les médias tchèques indifférents, puisque depuis quelques jours, chacun y va de son commentaire, de son analyse. Mlada fronta Dnes y va même de son dossier spécial, récapitulatif de l'enchaînement des événements qui ont conduit Paris et les plus grandes villes de France a être la cible des casseurs et des groupes organisés qui mettent le feu aux banlieues.

L'aspect le plus intéressant de ces « dossiers », c'est que désormais, les journaux tchèques ne se contentent plus de simples condensés de dépêches, mais proposent à leurs lecteurs des reportages sur le terrain, réalisés par leurs envoyés spéciaux. Tous tentent de rendre compte de l'atmosphère qui règne dans ces banlieues que composent ces barres HLM, ces « quartiers » qui n'ont pas d'équivalent en RT.

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L'envoyée spéciale de MfD explique qu'elle arrête un jeune « qui porte des jeans larges, avec une capuche sur la tête », pour lui demander son avis sur les événements de la nuit, et qui refuse catégoriquement de lui parler. Revenant à la voiture où l'attend son photographe, « c'est alors que les portes claquent derrière le conducteur, le même type attrape l'appareil photo sur la banquette arrière. C'est en vain que j'aggripe la bandoulière, il m'arrache l'appareil des mains et s'enfuit vers la cité. Le photographe le poursuit, le jeune glisse sur des feuilles et tombe. L'appareil se fracasse sur le macadam, l'objectif est en miettes. Nous décidons de décamper, sans un mot, et redémarrons », raconte la journaliste, en se demandant comment font ceux qui vivent là et qui eux, ne peuvent pas partir. Pour le quotidien, les émeutes ont franchi un cap, et ne sont plus qu'un « amusement pour se distraire de l'ennui », titrant avec un dramatique « c'est désormais la guerre ».

Lidové noviny a dépêché sa correpondante bruxelloise, qui insiste sur le fait que les nuits chaudes en banlieue ont déjà fait leur première victime et que même la Belgique et l'Allemagne craignent désormais que les violences se propagent comme une traînée de poudre. En reportage à Grigny, elle s'étonne qu'« il ne soit pas possible d'obtenir l'opinion des représentants de la mairie ou de la police. »

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Le quotidien économique Hospodarske noviny se concentre lui, sur les petits commerces qui subissent de plein fouet les conséquences des émeutes et notamment, les épiciers magrébins : « il a de nombreux amis qui déjà sont en négociations avec les assurances, leurs magasins sont en cendres ou ont été durement touchés, écrit le correspondant. Pour les assaillants, c'est une ligne de mire comme une autre, à leurs yeux leurs propriétaires ne valent pas mieux que les grandes chaînes d'hypers dont les vitrines ont quand même l'avantage d'être un objectif plus attrayant. » Le correspondant insiste sur le fait que les « émigrés nord-africains qui vivent autour, ont toujours apprécié leurs petits magasins. Tous se connaissaient, la place derrière le comptoir se transmettait comme un héritage ». Le quotidien met en lumière tant le ras-le-bol des populations d'origine magrébines elles-mêmes, dont certains comme ces commerçants appellent au calme, que les tentatives de l'UOIF d'appaiser les tensions en refusant la violence par l'intermédiaire d'édits religieux, « des appels qui n'ont pourtant guère d'influence sur ces jeunes violents », conclut-il.