Les étrangers coûtent cher à la Santé publique tchèque

La terreur des économes des hôpitaux dans la capitale tchèque, ce sont les étrangers. Chaque fois qu'ils sont informés de l'arrivée d'un étranger au service des admissions, ils ont la chair de poule. Du chauvinisme? Non! C'est que, dans leur majorité, ces étrangers n'ont jamais d'assurance-maladie. Omar Mounir.

Effectivement, il y a de quoi s'alarmer, quand on pense que les pertes occasionnées par les étrangers à ces hôpitaux, qui ont déjà d'énormes difficultés à boucler chichement leurs budgets, sont de l'ordre de 100 millions de couronnes, soit l'équivalent de plus de 18 millions de FF. L'hôpital de Motol à Prague reçoit quotidiennement une moyenne de cinquante étrangers. "La majorité d'entre eux ne nous payent jamais", constate la porte-parole de l'hôpital, Eva Jurinová. Rien que dans cet hôpital, et pour le seul premier semestre de cette année, l'ardoise laissée par les étrangers s'élève à plus de 11 millions de couronnes (près de 2 millions de FF). "Ce sont avant tout les Ukrainiens et les ressortissants de l'ex-Yougoslavie qui nous doivent le plus d'argent", ajoute la porte-parole. Le représentant de l'hôpital a par ailleurs confirmé que même des ressortissants de pays riches ne payent pas. Il a donné l'exemple des jeunes Américains dont la majorité n'a jamais d'assurance-maladie. Les plus âgés, touristes américains ou anglais, sont assurés mais leur assurance n'est souvent valable que dans les pays de l'Union européenne. Un cas concret à l'hôpital Na Frantisku: l'admission d'un Allemand ayant eu un infarctus. Il a laissé à l'hôpital une ardoise de 250.000 couronnes (plus de 45.000 FF). Malgré des démarches de plusieurs mois, l'hôpital n'a toujours pas encaissé une couronne. Il n'empêche que les médecins sont tenus de veiller à ce que tous les patients reçoivent les mêmes soins, même s'ils ne vont pas payer. C'est une affaire d'éthique médicale, disent-ils, outre qu'ils encourraient des sanctions pénales pour négligence ou non assistance à personne en danger. Impossible de refuser quelqu'un dans un état grave, précise le docteur Jan Cerny, pourtant médecin privé. Pas même les maternités ne sont épargnées. Le montant des impayés en raison de naissances prématurées, notamment, y est de l'ordre de un million de couronnes. Avant tout des Roumaines et des Ukrainiennes. A elles seules, elles doivent un montant de 100.000 couronnes considérées comme irrécouvrables à la maternité U Apolinare. Des hôpitaux sont aussi victimes d'abus de confiance de patients qui, par exemple, sont plusieurs à se soigner avec une seule assurance. Depuis le mois de janvier, les étrangers doivent prouver, préalablement à leur admission au pays, qu'ils sont assurés. Mais les problèmes ne sont pas résolus pour autant. A l'hôpital Motol on a créé un service d'aide aux étrangers. Dans le même temps, ce service essaye de régler le problème du paiement: une première. Des officines privées ont par ailleurs commencé à travailler sur le recouvrement des dettes hospitalières.

Auteur: Omar Mounir
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