Les étudiants de l’Université Charles se mobilisent pour un jardin extraordinaire

Photo: Site officiel de l'’Université Charles

Tilleuls, érables, voilà des arbres que vous avez probablement dû croiser dans les rues de Prague. Mais parmi les nombreux espaces verts de la ville, certains ne sont plus entretenus depuis plusieurs années. Pour redonner vie à ces jardins oubliés, des initiatives citoyennes se mettent en place, comme l’association étudiante de l’Université Charles pour le parc d’Albertov. Radio Prague a accompagné ses membres le temps d’un après-midi.

Photo: Archives de Radio Prague
Tout au bout de la rue Albertov, après les escaliers, un énorme terrain appartenant à l’Université Charles s’est transformé en friche au fil des années. Il y a cinq ans de cela, Jan Kříž, de la faculté des sciences, décidait de mobiliser ses collègues étudiants et le personnel administratif pour redonner vie à ce jardin. A l’occasion de la mobilisation d’automne, nous avons rejoint les volontaires-jardiniers le temps d’une après-midi.

« Aujourd’hui on essaie de changer l’espace et la composition de ce parc pour créer une sorte de jardin à l’anglaise. On tient surtout à garder la nature intacte, tout en créant un parc qui ne demande pas trop d’entretien. L’idée, c’est de préserver une forme d’écosystème, qui conviendrait à la fois aux oiseaux, aux plantes, aux arbres… On est loin du jardin à la française ! »

« Volontaires pour la nature », c’est ainsi que Jan Kříž, étudiant à l’origine du projet, aime appeler les bénévoles du jardin d’Albertov. Pour rénover un espace naturel à l’abandon, une dizaine de personnes, étudiants et personnel administratif confondus, se sont récemment réunis, armés de pelles et de pioches. Le projet de rénovation est simple : éliminer les espèces parasites présentes sur le terrain comme la Renouée du Japon, le liseron ou encore les nombreux acacias, tout en rendant l’accès au terrain aux personnes à mobilité réduite. Toute l’après-midi, ils se sont pliés à l’exercice des gros travaux en ramassant la plupart des branches juchant le sol et en creusant une dizaine de trous afin de pouvoir planter de nouvelles espèces d’arbres. Une étape essentielle avant l’hiver, même si l’entretien de l’espace ne peut se limiter à ce type de sessions temporaires, comme l’explique Jan Kříž :

« L’université et plus particulièrement la faculté des sciences nous aident beaucoup. On avait déjà beaucoup de volontaires et même le doyen de l’université est venu nous filer un coup de main l’an dernier. Mais, bien sûr, se retrouver seulement deux fois par an n’est pas suffisant. Du coup, l’université emploie des agents chargés d’entretenir le jardin durant ces périodes, de ramasser les feuilles à la fin de l’automne par exemple. »

Photo: Site officiel de l'’Université Charles
Cet engouement pour la protection d’une nature encadrée ne se restreint néanmoins pas uniquement aux étudiants de la faculté des sciences. Une dizaine d’autres projets de ce type seraient actuellement en cours à Prague, menés par des associations de protection de la nature en espace urbain. Il faut dire que le rapport de la ville à ses jardins est très étroit et remonte au XVIIIe siècle. La création de nombreux jardins publics à Prague remonte en effet aux réformes du roi Joseph II, en 1780, qui restreignaient les cimetières dans les limites de la ville. Ces cimetières ont ensuite laissé place à des espaces verts souvent transformés en parcs. C’est l’époque de l’engouement pour « l’exotisme ». C’est pourquoi, aujourd’hui encore, on retrouve une incroyable diversité d’espèces. Sensibles à l’histoire de ces nombreux espaces naturels, Jan Kříž et ses camarades bénévoles ne sont donc pas pressés de finir le projet. Terre à terre, il nous confie que ce dernier est « de toutes manières interminable », même si tous sont prêts à renfiler leur habit de jardinier pour le prochain rendez-vous :

« La prochaine session de volontariat organisée avec les clubs de l’université aura lieu, comme le veut la tradition, au printemps, probablement en avril. Mais même durant l’automne et l’hiver, il y aura des choses à faire. Par exemple demain, on va déjà se retrouver pour planter huit nouveaux arbres. Il va falloir s’en occuper, donc, en fait, on ne s’arrête pas ! »