Les incontournables à visiter à Kutná Hora, un paradis pour les amateurs d’histoire !
Née de l'exploitation de mines d’argent, Kutná Hora est devenue, au Moyen Age, une ville royale dotée de monuments symbolisant sa prospérité. Les églises magnifiquement conservées, la cour italienne avec son hôtel de la monnaie, le musée et l’ancienne mine de l’argent ou encore le collège jésuite transformé en galerie d’art, tout cela attire des centaines de milliers de touristes chaque année dans cette ville pittoresque de Bohême centrale, protégée par l’UNESCO depuis 1995. Nous allons découvrir l’histoire de cette « petite Prague », en visitant quelques-uns de ses monuments emblématiques.
Pour se rendre à Kutná Hora, située à une soixantaine de kilomètres à l’est de la capitale, le voyageur a le choix entre la voiture (environ 1h de trajet) ou le train (1h30, avec de nombreux départs de Prague chaque jour et un bus qui emmène les touristes de la gare centrale au centre-ville).
Le surnom de « petite Prague » vient, nous l’avons dit, de l’histoire ancienne et prestigieuse de la ville. On estime que l’activité minière de Kutná Hora remonte au moins au XIème siècle. Ce n’est, toutefois, qu'à partir du début du XIVème siècle que la « fièvre de l'argent » transforme cette petite cité minière en véritable centre économique et la deuxième plus importante ville du royaume de Bohême. Pendant la période de sa plus grande prospérité, on extrayait à Kutná Hora (nom qui signifie littéralement Mont minier) jusqu’à 20 000 tonnes d’argent pur par an.
Frapper une pièce de monnaie dans la Cour italienne
En 1300, sous le règne du roi Venceslas II, Kutná Hora obtient le droit de frappe de la nouvelle monnaie, le « gros » de Prague (Pražský groš). Une exposition lui est dédiée, ainsi qu’à l’histoire de la monnaie dans les pays tchèques, dans la Cour italienne (en tchèque Vlašský dvůr), l’ancienne résidence royale de Kutná Hora où Venceslas IV notamment aimait séjourner et où se trouvait l’atelier de frappe de la monnaie. Aujourd’hui, la Cour italienne est le siège du maire de la ville, mais une partie du monument est donc ouverte au public.
Les visiteurs peuvent y frapper leur propre gros de Prague, exactement comme le faisaient les monnayeurs à l’époque médiévale et comme nous le montre Kristýna Šimonová qui gère le département de tourisme à la mairie de Kutná Hora :
« Les touristes obtiennent d’abord une pièce en métal. Il faut la placer au milieu de ce qu’on appelle ‘raznice’ en tchèque et donner un coup de marteau. Le coup doit être suffisamment fort et précis… Voilà notre pièce de monnaie ! Elle est plutôt réussie, on voit bien le relief de la couronne de Bohême. »
« En tchèque, on appelait le monnayeur ‘pregéř’. A l’époque médiévale, c’était un métier dur, mais assez prestigieux. Du coup, les monnayeurs étaient des hommes convoités, parce qu’ils gagnaient beaucoup d’argent. Aussi, avec le bruit sur leur lieu de travail, leur ouïe se détériorait progressivement. On dit alors en plaisantant que – riches et sourds – ils devaient être perçus comme des conjoints idéaux pours les femmes de l’époque. »
« Les touristes se demandent souvent pourquoi le monument de l’ancien hôtel de la monnaie s’appelle la Cour italienne. C’est parce que le roi Venceslas II avait invité à Kutná Hora des experts italiens, des juristes notamment, pour qu’ils l’aident à unifier les règles de frappe de la monnaie. Et comme en tchèque, ‘vlašský’ est un adjectif ancien qui veut dire italien, ‘Vlašský dvůr’ est, tout simplement, la Cour italienne. »
Musée de l’alchimie
Au son des cloches de la cathédrale Sainte-Barbe que nous visiterons tout à l’heure (et sous une fine pluie que vous entendez peut-être aussi), nous nous déplaçons sur la place Palackého náměstí, pour visiter un autre monument qui mérite le détour. Kristýna Šimonová nous emmène dans l’une des maisons les plus anciennes de la ville dont l’histoire remonte au XIIIe siècle et qui a rouvert après rénovation en janvier 2024.
« Nous voilà en plein centre de Kutná Hora, dans la Maison Sankturin, gérée aujourd’hui par la municipalité. Au rez-de-chaussée se trouve le centre d’information touristique. Nous sommes à présent dans la cave où est situé le Musée de l’alchimie et des sciences de la Renaissance. »
« La maison servait, entre autres, de ‘laboratoire’, où l’on traitait et purifiait l’argent, pour pouvoir frapper de la monnaie. Une partie de l’exposition présente quelques-uns des scientifiques qui se consacraient à l’alchimie à Kutná Hora au Moyen Age, telles Daniel Stolcius ou Lazarus Ercker. L’exposition est interactive, elle permet aux enfants notamment de jouer aux mineurs et d’en apprendre plus sur les différents minéraux… Et un peu plus loin, on peut découvrir, grâce à une projection vidéo, le processus de traitement de l’argent qui inclut la distillation, la coagulation, la sublimation… »
De la cave, on monte jusqu’à la tour de la maison gothique du bâtiment qui servait d’habitation, mais également à des fins de protection, était donné qu’il abritait donc un atelier de traitement d’argent. La tour cache un véritable trésor, une chapelle du XVe siècle. A l’époque, elle appartenait, comme la maison, à Beneš z Trničí, orfèvre et citoyen illustre de la ville. En difficultés financières, il a été contraint de vendre sa belle demeure à un certain Sankturin de Nedvojovice qui y a vécu jusqu’à sa mort en 1540 et a donné son nom à la maison.
« Ceci est une petite chapelle privée, avec une fresque sur le mur. Elle a été restaurée, mais on ne sait pas très bien si c’est Kutná Hora qui y est représentée, ou alors une autre ville. On voit aussi à quel point l’alchimie était importante pour les propriétaires de la maison : la magnifique voûte en pierre est décorée des couleurs de la terre, de l’eau, du soleil. Au centre du plafond se trouve le blason de Beneš z Trničí, dont les couleurs ont également été révélées récemment par les historiens. »
« Par les fenêtres, nous pouvons bien voir les collines qui entourent Kutná Hora : Kaň, Sukov et Kuklík. Par ailleurs, celles-ci sont représentées par les trois tours de la cathédrale Sainte-Barbe. En effet, on appelle parfois Kutná Hora ‘la ville aux trois collines’ ».
Le long de la rivière Vrchlice
Depuis la Maison Sankturin, on peut percevoir aussi la tour de l’église Saint-Jacques, visible de partout et qui sert donc de point d’orientation à Kutná Hora. La maison abrite par ailleurs une galerie d’art qui porte le nom du peintre local Felix Jenewein :
« Felix Jenewein était un artiste peintre originaire de Kutná Hora. Il était élève d’Alfons Mucha. Dans cette galerie, nous présentons ses œuvres aux thèmes religieux, ainsi que des œuvres d’artistes tchèques contemporains. Par ailleurs, d’autres personnalités de la culture et de l’histoire tchèques sont également liées à la ville, dont un autre natif de Kutná Hora, l’écrivain Josef Kajetán Tyl, auteur des paroles de la célèbre chanson ‘Kde domov můj’, ou encore l’écrivain et poète Jaroslav Vrchlický qui était, lui, tellement amoureux de la ville et de la nature environnante qu’il a inventé son pseudonyme – Vrchlický – à partir du nom de la rivière locale, Vrchlice. »
En 1919, soit sept ans après la mort du grand classique de la littérature tchèque Jaroslav Vrchlický, le sculpteur Josef Chvojan a gravé un relief du poète dans un rocher de grès qui se trouve juste en face de la cathédrale Sainte-Barbe, dans la vallée de la Vrchlice. Une piste cyclable longe la rivière et passe à côté de ce massif rocheux. Depuis l’endroit où se trouve le relief du poète Vrchlický, nous profitons une très belle vue sur le panorama de Kutná Hora, formé par la cathédrale, l’ancien collège jésuite et les vignobles.
Avant de visiter le quartier de la cathédrale, on s’arrête devant un autre monument qui mérite notre attention, à savoir la fontaine gothique en pierre de Kutná Hora.
« Il y a 400 ans, cette fontaine représentait l’unique source d’eau potable à Kutná Hora, car avec l’exploitation minière, l’eau s’est altérée dans la ville. Alors à la fin du XVe siècle, on a construit cette fontaine en pierre qui servait en fait de réservoir d’eau potable et ceci jusqu’en 1890. Elle était alimentée par une source située à 2 kilomètres de la ville. A présent, le monument est ouvert lors des Journées du patrimoine européen. C’est l’unique possibilité de voir les sculptures qui se cachent à l’intérieur. »
Sainte-Barbe ou Barborka ?
Notre visite se termine, de manière symbolique, à la cathédrale Sainte-Barbe, familièrement appelée Barborka par les habitants de Kutná Hora.
« Sainte-Barbe est la patronne des mineurs, de tous ceux qui exercent des métiers dangereux, et aussi, bien évidemment, de la ville Kutná Hora – chaque année, on illumine au centre-ville l’arbre de Noël le jour de la fête de notre patronne, donc le 4 décembre. C’est un joyau du gothique flamboyant qui fait penser aux cathédrales françaises. On peut admirer ses hautes voûtes, ses fresques… La construction du monument a été longue et difficile : elle a commencé en 1380 avec l’architecte Petr Parléř et n’a été complètement achevée qu’à la fin du XIXe siècle. Un autre architecte célèbre, Benedikt Rejt, a également participé à sa construction. La cathédrale attire non seulement les touristes qui sont près de 300 000 à la visiter chaque année, mais aussi les cinéastes : on a tourné à Kutná Hora par exemple la comédie française Les Visiteurs 3 ou encore, tout récemment, des séquences pour le jeu vidéo Kingdom Come : Deliverance 2 qui sortira en février 2025. »
30 ans à l’UNESCO
Deux des quatre cathédrales que possède la Tchéquie se trouvent à Kutná Hora : outre celle de Sainte-Barbe, il s’agit de la cathédrale Notre-Dame de Sedlec, remaniée dans le style baroque. Le célèbre ossuaire situé non loin de celle-ci, de même que le Musée de l’argent de Kutná Hora et sa mine méritent aussi d’être visités, de même que l’ancien collège jésuite de la ville qui abrite la galerie et le centre culturel GASK consacré à l’art tchèque des XXe et XXIe siècles et où nous nous rendrons très prochainement sur notre antenne.
Enfin, Kutná Hora, jumelée depuis 2008 avec Reims, fêtera en 2025 le 30e anniversaire de son inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. A cette occasion, des festivités et manifestations culturelles y seront organisées tout au long de l’année. Une raison de plus d’arpenter les ruelles tortueuses de la ville pour découvrir ses multiples cafés, restaurants, commerces et artisans locaux, tout cela à Kutná Hora qui est miraculeusement parvenue à se protéger du tourisme de masse, garder son originalité et son ambiance de charmante petite bourgade au passé glorieux.
En relation
-
Bohême centrale
Région entourant la ville de Prague. Excursions à Kutná Hora et Karlštejn depuis la capitale. Région natale d’Antonín Dvořák.
-
Découvrez les régions de Tchéquie
Prague est la ville la plus connue du pays. Mais la Tchéquie, ce n’est pas seulement Prague.