Les « Indignés » ont manifesté à Prague

Photo: CTK

Le mouvement des « Indignés » n’a pas pris à Prague. Ils étaient tout au plus 200, samedi, à s’être réunis à l’appel de l’association « Skutečná demokracie teď » (« La démocratie réelle maintenant »), l’antenne tchèque du mouvement, pour protester notamment contre les réformes mises en places par le gouvernement. Reportage.

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Les manifestations se dont déroulées dans plus de 700 villes. Cette vague mondiale est le relais du mouvement espagnol du « 15 mai », né à Madrid au printemps dernier et appelé mouvement des « Indignés ». Leur revendication est orientée tout d’abord contre les élites politiques, économiques et notamment la haute finance. Après les succès européens rencontrés à Madrid et Londres, les « Indignés » ont également gagné New-York.

Le meeting pragois a donc débuté, sur la place de la République, avec une lecture du manifeste en espagnol puis en tchèque sous une importante couverture médiatique. Le petit cortège a ensuite pris la direction de Hradčany afin de rallier un autre groupe de manifestants. Le happening devait se dérouler toute la journée, avec concerts et animations, et certains manifestants avaient décidé de camper sur place afin de reprendre dimanche matin.

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Radio Prague a interrogé Vladimír Nindel, militant ayant prononcé le discours d’ouverture de la manifestation. Activiste de « Skutečná demokracie teď » ainsi que de l’association ProAlt et du Mouvement Humaniste, Vladimír Nindel n’a pas semblé inquiet de la faible participation :

« Comme nous sommes au tout début, je pense que c’est un succès, que le mouvement va continuer et se développer. Une action aura lieu ici samedi prochain. Une autre action se déroulera le 17 novembre aux côtés de ProAlt au pied de la statue sur la place Venceslas. »

L’unique bannière du cortège portant l’inscription « Non à la corruption », il semble que le mouvement tchèque soit également ancré au sein de préoccupations proprement nationales. Vladimír Nindel :

« Ici, beaucoup de choses ne fonctionnent pas ou fonctionnent mal. Le gouvernement fait plein de réformes, des réformes dans les domaines fiscal, social, de l’éducation, des retraites et je ne sais quoi encore. Avant les élections, il n’a pas dit quel type de réformes il allait faire, hormis le parti TOP 09. Sans tenir compte des électeurs, des citoyens, le gouvernement a fait beaucoup de choses que les gens ne souhaitaient pas. »

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Cependant, dans les pays d’Europe occidentale comme l’Espagne, un tel mouvement est bien souvent relayé par la jeunesse, située traditionnellement à gauche. Les thèmes abordés par les Indignés relèvent, eux, plutôt d’une sensibilité sociale-démocrate. Or, en République tchèque, les thématiques « de gauche » sont souvent rejetées. Cela est notamment le cas chez les jeunes, qui, l’année passée lors des « élections étudiantes », avaient majoritairement voté pour Top 09, le parti néo-libéral de Karel Schwarzenberg. Ainsi cela pourrait peut-être expliquer l’échec du mouvement :

« Le terme ‘socialisme’ a été discrédité chez nous pendant plus de 40 ans, mais si l’on traduit le socialisme en un système où les gens fraternisent et s’aident mutuellement, sont solidaires, alors pourquoi pas ? »

Malgré tout, les revendications démocratiques et la couverture médiatique du mouvement ne semblent pas avoir suffi à transformer la place de la République en Puerta del Sol.