« Les jeunes Européens doivent être plurilingues, pas bilingues »
Après trois jours de conférences, tables rondes, ateliers et autres débats, le 2e congrès européen des professeurs de français, qui se tenait à Prague, s’est achevé samedi. Ce congrès, qui avait pour thème central l’éducation plurilingue en Europe avec le français, était organisé par la Fédération internationale des professeurs de français. Son président Jean-Pierre Cuq s’est d’abord félicité du choix de Prague :
Le thème du congrès est le plurilinguisme avec le français. Quelles ont été les avancées par rapport à cette thématique ?
« Je vous remercie de ne pas m’avoir posé la question qu’on me pose toujours, à savoir celle de la place du français par rapport à l’anglais. Pour nous, la question ne se pose en effet pas du tout de cette manière. Nous faisons une offre linguistique et culturelle aux jeunes et aux familles. Pourquoi est-ce intéressant pour eux d’apprendre le français ? C’est pour toutes les raisons que vous connaissez traditionnellement, pour la littérature, pour la culture ou encore pour l’ouverture à la francophonie. Les professeurs de français peuvent aussi apporter une véritable excellence pédagogique. Les congrès sont faits pour cela, pour maintenir ce niveau d’exigence dans l’enseignement. »
Que savez-vous de la place du français en République tchèque ?« Dans le système d’enseignement, c’est la troisième langue la plus enseignée après l’anglais et l’allemand. Ceci se comprend, c’est notamment lié à des questions géographiques. Je crois que nous pouvons constater ici la même chose que dans beaucoup de pays européens. Il y a dans les Alliances et dans les Instituts français, beaucoup de demandes d’apprentissage du français à l’âge adulte. »
Plus généralement quelle est aujourd’hui la place du français en Europe ?
« Le français dans le monde se porte plutôt bien, contrairement à ce que nous entendons souvent. Le nombre de locuteurs est en progression. Il y a cependant des endroits où c’est plus difficile. L’Europe est malheureusement un de ces endroits. Parce que les systèmes éducatifs sont soumis à des règles d’économie très strictes, les gouvernements ont souvent tendance à faire le moins d’efforts possibles sur la deuxième langue étrangère. Nous leur disons : ‘attention, la richesse de l’Europe, c’est le plurilinguisme’. L’intégration européenne ne peut pas se faire autour d’une langue unique. Dans la jeunesse européenne, je crois que l’idée est acquise aujourd’hui qu’il ne faut pas être bilingue. Etre bilingue, c’est en effet être deux fois monolingue. Il est en revanche important d’acquérir une vraie compétence plurilingue. Parfois, cela peut être sur des compétences partielles. Certaines personnes peuvent, par exemple, avoir besoin d’un français très spécifique dans leur entreprise. Nous sommes ici pour montrer que nous savons aussi faire ce type d’enseignement. L’image du français n’est peut-être pas celle qu’elle devrait être. Nous avons bien sûr un patrimoine culturel à transmettre mais nous sommes aussi une langue de la modernité, une langue du XXIe siècle. Il y a un autre aspect qui est que le français n’appartient pas uniquement à la France. Plus de cinquante Etats dans le monde sont francophones. Il y a donc aussi tout l’attrait de ces cultures francophones. Je pense notamment à la chanson africaine, au cinéma arabe ou encore à la littérature québécoise. C’est un véritable atout pour la langue française. »Le congrès n’est pas encore terminé mais est-il malgré tout possible d’en tirer un premier bilan ?
« La chose essentielle à retenir est qu’y a tout de même plus de six cents personnes ici, et du point de vue de la rencontre humaine, c’est fantastique ! »