Les lauréats des Prix nationaux de littérature et de traduction littéraire
C'est sous les voûtes d'une ancienne église transformée en Musée de la musique et en présence du chef du gouvernement tchèque qu'on a organisé, ce lundi, la remise des Prix nationaux de littérature et de traduction littéraire. Le ministre de la Culture Martin Stepanek les a remis au prosateur et scénariste Vladimir Körner et au traducteur Frantisek Fröhlich.
Le cinéma est la littérature se sont rencontrés en la personne de Vladimir Körner. Ce scénariste né en 1939, a été pendant longtemps employé des studios de cinéma de Barrandov à Prague. Il est difficile d'imaginer le cinéma tchèque à partir des années soixante sans les films basés sur ses scénarios s'inspirant souvent de diverses étapes de l'histoire tchèque pour montrer l'individu dans des situations apocalyptiques. C'est probablement la rencontre avec le réalisateur Frantisek Vlacil avec lequel il allait créer les films « La vallée des abeilles » et « Adelheid » qui a été le sommet de sa carrière. Lauréat de plusieurs prix pour ses scénarios, Vladimir Körner se voit aujourd'hui couronné aussi pour ses livres, donc pour ses oeuvres purement littéraires.
« La littérature est pour moi un refuge dans les temps difficiles, car j'ai une formation de cinéaste. Ce n'est donc que pendant les temps morts, quand on m'interdit de faire des films, ce qui a été le cas pratiquement pendant toute la durée des années 1970 et 1990, que je me mets à écrire des livres. Mon dernier ouvrage est donc « L'homme trompé » de 1995. Depuis ce temps-là je ne publie que des rééditions. »
C'est grâce au traducteur Frantisek Fröhlich que le lecteur tchèque est bien informé de la littérature des pays scandinaves. Bien qu'il ait traduit aussi certains auteurs de langue anglaise, c'est surtout son oeuvre de traducteur de 41 ouvrages danois, 16 suédois et 11 norvégiens qui suscite le respect. Cette activité lui a valu d'ailleurs le titre de chevalier danois de l'ordre de Danneborg. Ce lundi, en recevant le Prix national, Frantisek Fröhlich a évoqué un aspect important de la vocation de traducteur et, pour remercier, il s'est adressé directement à l'Etat qui lui décernait cette distinction :
« Etat, je te remercie de m'avoir décerné le Prix de traduction littéraire. Bien que tu attribues ce genre de prix presque exclusivement aux vieux traducteurs qui sont au bout de leur chemin, j'espère que ce prix ne marquera pas la fin de mon activité de traducteur. A la différence de l'auteur, le traducteur devrait être invisible dans le texte. Plus il est fidèle à l'auteur, plus il est invisible dans la traduction. Ce n'est donc pas moi que vous voyez sur cette estrade, mais une longue file d'écrivains et dramaturges que j'ai servi de mon mieux et dont j'ai tâché de sauver le ton inimitable, afin qu'on ne me voie pas moi, simple médiateur, mais l'auteur lui-même. »
Cette année, les Prix nationaux de littérature et de traduction ont été dotés, chacun, d'une somme de 300 000 couronnes, un peu plus de 10 000 euros.