Les migrations au cœur du 18e festival du film sur les droits de l’Homme One World

Le 18e festival du film sur les droits de l’Homme One World, organisé par l’ONG tchèque People In Need, s’est ouvert à Prague lundi et s’achèvera le 16 mars prochain. La cérémonie d’ouverture a été l’occasion de remettre le prix Homo Homini à des défenseurs des droits de l’Homme : cette année, c’est un prix collectif qui a été décerné à onze dissidents cubains qui luttent pour les libertés humaines dans leur pays. De nombreux invités sont présents pour cette nouvelle édition du plus grand festival du genre en Europe centrale et orientale, dont le photographe et réalisateur français Yann Arthus-Bertrand.

Cette année, c’est sans surprise le thème des migrations qui est au cœur de la 18e édition du festival One World, comme le rappelle Eva Rybková, chargée de la programmation de ce rendez-vous désormais incontournable dans le domaine du film documentaire :

« Le thème principal de cette année, c’est la recherche d’un foyer, d’un chez-soi. Pour nous, c’était une façon d’élargir le thème des migrations. Il était clair pour nous que nous devions traiter de ce débat qui agite la société, mais en même temps, nous voulions nous adresser au public de manière positive, afin qu’ils puissent l’envisager plus personnellement. Nous souhaitions les mettre face un miroir en quelque sorte. »

Alors que la société tchèque est plutôt frileuse sur la question de l’accueil des réfugiés et que certains discours xénophobes se font entendre de façon plus virulente que d’ordinaire, la question de l’impact réel de la projection de ces films et des débats se pose légitimement. Le public du festival One World n’est-il pas déjà a priori plus ouvert sur la problématique traitée ? Eva Rybková :

Eva Rybková,  photo: Archives du festival One World
« Nous ne voulons pas prêcher pour des convaincus. Je pense que les films que nous présentons sont une source d’inspiration et d’information sur des questions à propos desquelles même les personnes convaincues ne savent pas grand-chose. C’est d’ailleurs la mission première de notre festival : que les gens apprennent grâce aux films des choses nouvelles, différentes, ou puissent approfondir des sujets un peu plus qu’à travers la presse. »

Si le festival One World s’efforce de refléter les thèmes actuels qui questionnent la société, il permet également de rappeler au public l’existence de conflits oubliés dans le monde et de problèmes qui n’ont toujours pas été réglés, comme le souligne encore Eva Rybková :

« Nous avons choisi de consacrer une catégorie entière du programme à l’Ukraine par exemple. Tous les films de cette catégorie traitent du conflit oublié dans l’est de l’Ukraine. La guerre y fait toujours rage et les médias ne s’y intéressent plus. Nous avons essayé de sélectionner des films qui ont été produits localement, mais aussi des documentaires étrangers. Cela permet d’envisager ce conflit de différents points de vue. Un film ukrainien fait même partie de la compétition officielle. Il s’appelle ‘Les shérifs ukrainiens’ et propose une vision tragi-comique du conflit. Je le conseille vivement. »

Comme chaque année, le festival propose également différentes productions d’origine française ou francophone. Et dans le cadre de cette 18e édition, One World accueille un invité de marque, le photographe et réalisateur français Yann Arthus-Bertrand, ce dont se réjouit Eva Rybková :

« Nous présentons son film ‘Human’ qui sera introduit par son auteur, Yann Arthus-Bertrand. Il est peut-être moins connu en tant que documentariste qu’en tant que photographe. Il est connu dans le monde entier pour ses photographies de la terre vue du ciel. Je pense que ‘Human’ est exactement le type de film idéal pour notre festival : il s’intéresse à notre humanité, aujourd’hui. Il dure trois heures, j’avais peur que ce soit trop long, mais en fait pas du tout, car il est magnifique. Je pense que c’est un excellent représentant de la production documentaire française. »

Le festival du film sur les droits de l’Homme One World ne se déroule pas uniquement à Prague, mais se déplace ensuite dans 34 villes partenaires dans le pays. Une mention spéciale est à relever pour la ville de Bruxelles, en Belgique, qui, du 18 au 27 avril prochain, présentera une sélection des meilleurs films présentés à Prague. Eva Rybková :

Photo: Štěpánka Budková
« On va y présenter une douzaine de films. C’est une plus petite sélection. Là-bas, les spectateurs y sont souvent des politiciens travaillant pour Bruxelles. On va sûrement projeter des films sur l’Ukraine, un film sur la politique à Bruxelles… Nous organisons cette version bruxelloise de One World en collaboration avec la section ‘droits de l’homme’ de l’ONG People In Need. Pour nous, ce petit festival local est un peu une forme de lobbying pour l’ONG. »