Les politiciens tchèques opposés à l’exportation d’armes en Ukraine

Les représentants de l'Etat se sont rencontrés pour coordonner leurs positions relatives à la politique étrangère, photo: ČTK

Ce mardi, les plus hauts représentants de l’Etat se sont rencontrés pour coordonner leurs positions relatives à la politique étrangère. A l’issu de cette réunion, les politiciens ont notamment confirmé leur soutien à la solution diplomatique du conflit en Ukraine.

Les représentants de l'Etat se sont rencontrés pour coordonner leurs positions relatives à la politique étrangère,  photo: ČTK
En 2014, la voix de la République tchèque à l’international a été polyphonique mais pas toujours tout à fait harmonisée. Récemment encore, au mois de janvier, le président de la République Miloš Zeman a appelé à une intervention militaire en Iraq du nord contre l’Etat islamique, une proposition réfutée aussitôt par le ministre des Affaires étrangères, Lubomír Zaorálek. Pour éviter de prochains désaccords, ou du moins l’envoi de messages contradictoires à l’étranger, des réunions régulières ont été prévues, elles devraient au nombre de trois cette année. Elles réunissent le chef de l’Etat Miloš Zeman, le Premier ministre Bohuslav Sobotka, les présidents des deux chambres du Parlement et les ministres de la Défense et des Affaires étrangères. Ce dernier, le social-démocrate Lubomír Zaorálek, a salué cette nouvelle possibilité de coordination :

« Cette rencontre m’a paru comme une main tendue vers les autres représentants de l’Etat pour débattre des sujets que nous ne sommes pas parvenus à formuler de la même manière par le passé. A cette époque difficile et incertaine dans laquelle nous vivons, il faut que la République tchèque réagisse à l’unisson. Cette première réunion est un bon début. Nous avons abordé tous les problèmes clés et nous nous sommes accordés pour nous réunir à nouveau si la situation change de manière considérable au cours du mois prochain. »

La menace que représente l’Etat islamique a été un des thèmes discutés. Selon le Premier ministre Bohuslav Sobotka, la République tchèque devrait être active à l’ONU comme au sein de l’OTAN et de l’UE pour lutter contre le terrorisme, certes, mais aussi contre ses racines sociales et économiques.

En ce qui concerne le conflit en Ukraine, le chef du gouvernement a résumé la position commune de la manière suivante :

Lubomír Zaorálek et Bohuslav Sobotka,  photo: ČTK
« Nous nous sommes accordés sur le fait que seule la solution politique est acceptable. Il ne serait pas opportun de fournir des armes à l’Ukraine. J’estime que nous nous trouvons au bord d’un gouffre et pour éviter la chute, il faut que les accords de Minsk II deviennent la seule option. Elles représentent une solution rationnelle qui éviterait de nouveaux morts et des dommages matériels. Je salue l’activité de la chancelière allemande et du président français qui sont très attentifs aux dernières évolutions en Ukraine. »

Si les politiciens s’opposent à l’idée de fournir des armes à Kiev, selon l’information apportée ce mercredi par le quotidien Mladá Fronta Dnes, plusieurs entreprises d’armement tchèques ont vendu de l’équipement militaire dans ce pays. Et cela malgré l’embargo européen sur l’exportation des armes en vigueur entre février et juillet derniers. Le ministère de l’Industrie et du Commerce a suspendu la licence d’exportation pour trois firmes tchèques seulement vendredi dernier. De ce fait, il apparaît que l’agenda de la prochaine réunion d’ici trois mois sera également bien rempli. Ces efforts de coordination ont par ailleurs été salués par les partis de l’opposition. Jiří Pospíšil, l’eurodéputé élu sur la liste du parti de droite TOP09 :

Jiří Pospíšil,  photo: Šárka Ševčíková,  ČRo
« Il serait excellent que la République tchèque puisse parler d’une seule voix dans le cadre de sa politique étrangère. Même si je fais partie de l’opposition, je suis content que le président, le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères se soient rencontrés. Les divergences dans la politique étrangères entre les chefs d’Etat et de gouvernement constituent un vice permanent de la République tchèque au cours des vingt dernières années. »

La prochaine réunion est donc prévue dans trois mois. Outre l’actualité sur la scène internationale, il y aura parmi les thèmes discutés la coordination de la diplomatie économique.