Les postulants policiers buttent sur les tests psychologiques

Illustrative photo: Filip Jandourek

Entre 2016 et 2020, les effectifs de la police tchèque devraient passer de 40 000 à 44 000. Un recrutement moins aisé qu’il n’y paraît puisque l’an passé, sur 5000 candidats, seuls 39% ont réussi à passer l’obstacle des tests psychologiques. Selon le rapport annuel du psychologue de la direction de la police, le manque de maturité et la dépendance à la famille seraient des tares récurrentes chez les aspirants.

Photo: Filip Jandourek,  ČRo
« Les tests psychologiques durent à peu près six heures. Ils sont complexes. Il y a même une dictée, des tests de QI, avec par exemple des suites logiques. »

Lenka Tůmová, d’Ústí nad Labem, sait de quoi elle parle. Désireuse d’intégrer la police judiciaire, cette jeune femme, qui se dit attirée par l’uniforme, a passé d’abord des tests physiques avant de se confronter aux tests psychologiques tant redoutés. Avec l’espoir de ne pas faire partie des 60% d’aspirants qui échouent durant cette étape cruciale où sont entre autres évaluées leur intelligence, leur stabilité mentale ou encore leur résistance au stress. Pour Vladimír Voska, le psychologue en chef de la police tchèque, les candidats défaillants ne seraient souvent pas assez mûrs mentalement :

« Une des difficultés qui peut apparaître est liée au fait que les jeunes hommes n’ont pas effectué leur service militaire. Les candidats, qui avaient derrière eux leur service militaire de base, avaient, semble-t-il, un avantage dans certains critères. Cela concerne principalement l’autonomie, l’endurance et la résistance. »

Le service militaire obligatoire n’existe plus depuis 2005 en République tchèque. Vladimír Voska dit conseiller aux jeunes postulants, qui sortent tout juste de l’école et qui buttent sur ces tests, de prendre deux années pour faire l’expérience de l’autonomie avant de déposer une nouvelle candidature. Selon les règles en vigueur, c’est de toute façon le délai prescrit pour tenter une seconde fois d’intégrer les forces de l’ordre en cas d’échec. En Moravie du Sud, où il dirige la police, Leoš Tržil témoigne de ce manque d’autonomie chez de nombreux aspirants, notamment vis-à-vis de leurs parents :

Leoš Tržil,  photo: Šárka Ševčíková,  ČRo
« Dans certains cas, ils sont dépendants de leurs parents, même à des âges avancés, par exemple à 27 ans. Il y a eu un cas où une maman a appelé pour indiquer que son fils ne pouvait pas se rendre à un entretien parce qu’il avait une angine. Il me semble que ce sont des choses que quelqu’un de 27 ans est capable de résoudre tout seul. »

Si ce jeune homme, faisant fi de son angine, avait toute de même passé et réussi son entretien ainsi que les tests psychologiques, il n’aurait pas pour autant été au bout de ses peines. Les candidats reçus sont en effet ensuite assujettis à onze mois d’entraînement et d’enseignement.

Un nouvel amendement entré en vigueur au début de l’année vient s’ajouter aux difficultés auxquelles fait face la police tchèque pour recruter du personnel compétent. Sur la base de cette législation, 900 agents de la police municipale ont été identifiés comme ne disposant pas des qualifications nécessaires pour exercer cet emploi. Ces hommes et ces femmes, qui ne disposent pas de leur « maturita », le baccalauréat tchèque, pourraient donc être contraints de quitter leurs fonctions cette année.

Comme pour les professeurs, qui font face au même problème, des dispositifs d’exception ont été prévus avec pour conséquence de réduire à environ 140 le nombre d’agents obligés de rendre l’uniforme prochainement. Malgré l’expérience de certains d’entre eux, ils ne disposeront pas de passe-droit ainsi que l’a signalé Vladimír Řepka, le porte-parole du ministère de l’Intérieur :

Photo: Filip Jandourek,  ČRo
« Cela s’explique notamment par la phase transitoire, entre 2008 et 2015, durant laquelle les agents ont eu suffisamment de temps pour compléter les formations requises. Il serait injuste à l’égard des agents qui ont effectivement complété leur instruction d’adoucir maintenaint ces règles. »

Il ne restera donc plus qu’à embaucher de nouvelles recrues qui ne se seront pas heurtées au mur des tests psychologiques. La difficulté de ces tests ne devrait à l’avenir pas être revue à la baisse, car, selon le syndicaliste policier Milan Štěpánek, il constitue un filtre permettant d’assurer la qualité des forces de l’ordre tchèques.