Les propriétés thérapeutiques du cannabis étudiées dans un nouveau centre à Prague

Photo illustrative: Tomáš Adamec, ČRo

Avec l’inauguration ce mardi de l'Institut international pour l'étude du cannabis et des cannabinoïdes (ICCI), Prague pourrait devenir l’une des villes à la pointe de la recherche sur l’usage thérapeutique du cannabis, dont des dérivés médicamenteux sont déjà légalement vendus en Tchéquie depuis un an et demi. Le ministre de la Santé parle du « plus important investissement privé dans la recherche médicale du pays de ces dernières années ».

Photo illustrative: Tomáš Adamec,  ČRo
La République tchèque est un pays pour le moins libéral en matière de cannabis. Outre la relative tolérance des autorités face à l’usage récréatif de la substance, le pays est l’un des rares en Europe à avoir légalisé son usage thérapeutique. Même si le système tarde à se mettre en place – le cannabis reste particulièrement cher et les pharmacies disposant d’une licence pour sa vente très peu nombreuses -, sa culture a récemment débuté en Tchéquie, malgré les difficultés d’ordre administratif, et l’accessibilité des médicaments à base de chanvre devrait progressivement s’améliorer.

Un environnement favorable qui a incité des investisseurs canadiens et américains à sortir de leurs poches près d’un demi-milliard de couronnes (environ 18,5 millions d'euros) dans le projet de construction de ce centre de recherche dans la capitale tchèque. D’après Benjamin Bronfman, un financier canadien de 33 ans qui a placé ses billes depuis plusieurs années dans le secteur du cannabis, Prague offrirait en effet « des conditions très avantageuses ». Directeur du département de ce nouvel institut pour la science et la recherche, Tomáš Zábranský développe :

Tomáš Zábranský,  photo: Clinique du adictologie
« La raison de cette installation est assez simple. Elle est liée aux infrastructures de recherche, à un secteur de la santé relativement développé et à une législation qui permet la recherche sur le cannabis médical, dans le cadre des conventions internationales qui compliquent un peu les choses mais aussi dans l’optique des besoins des patients et du besoin d’une thérapie personnalisée. C’est le résultat d’un processus législatif qui a abouti en 2013 au vote d’une loi sur le cannabis médical en République tchèque. »

Un cadre législatif qui permet donc à ce centre d’exister avec des objectifs que détaille son nouveau directeur Pavel Kuba, lequel était par le passé président du comité éthique de l'Observatoire nationale des drogues :

« L’objectif de l’institut est d’étudier, de développer et d’introduire dans la pratique de nouvelles méthodes médicales qui s’appuient sur les propriétés thérapeutiques du cannabis. Des propriétés que nous connaissons d’un point de vue historique même si nous ne comprenons pas encore complètement comment elles fonctionnent au niveau moléculaire. »

Les vertus médicinales du cannabis peuvent aider les personnes atteintes de problèmes neurologiques ou oncologiques à traiter la douleur. C’est ce qu’explique Eva Dokoupilová, une rhumatologue qui a été le premier docteur à prescrire un médicament en base de chanvre en Tchéquie :

Photo: Public Domain
« Il y a là des possibilités d’améliorer le traitement chez des patients de douleurs chroniques par rapport aux préparations que nous avons ordinairement à disposition : il s’agit la plupart du temps d’opiacés, d’anti-inflammatoires non stéroïdiens ou d’autres antalgiques. Avec le cannabis médical, il devrait être possible de réduire les effets secondaires indésirables. »

L’institut a également vocation à s’inscrire dans le réseau international des laboratoires s’intéressant aux usages médicaux du cannabis. Le centre doit ainsi collaborer avec l'Université Charles à Prague, l'Université Masaryk de Brno mais également avec l'Université hébraïque de Jérusalem.