Cannabis médical : bilan mitigé près d’une décennie après son autorisation en Tchéquie
L’usage médical du cannabis, autorisé depuis 2013 dans le pays, est très encadré par la loi et fait face à de nombreuses contraintes.
« Disons que durant les cinq dernières années, la République tchèque a régressé. » C’est en ces termes que Pavel Kubů, président du conseil d’administration de l’association Kopac, s’est exprimé concernant l’évolution de la législation en faveur du cannabis médicalisé en Tchéquie. L’association Kopac soutient les patients ayant besoin d’un traitement médical à base cannabis thérapeutique, à travers divers angles d’attaque, comme l’éducation au grand public, le soutien à la recherche, et le maintien de la disponibilité du cannabis thérapeutique à travers une aide économique et médicale.
Ce traitement médical est principalement prescrit pour des personnes atteintes de maladie neurodégénératives. Parmi ces maladies, on retrouve la sclérose en plaque, qui est une maladie inflammatoire auto-immune chronique qui attaque le système nerveux, ou la maladie de Parkinson. Le traitement à base de cannabis thérapeutique est parfois le seul moyen de soulager leurs douleurs que ressentent les personnes malades, car aucun traitement ne peut conduire à une amélioration de l’état de santé du patient, comme ce sont des maladies dégénératives, c’est-à-dire qu’on observe le déclin progressif d’un ou plusieurs organes.
Depuis 1993, la République tchèque évolue et adopte une position progressiste à l’égard du cannabis. L’usage et la possession sont décriminalisés dans une certaine mesure, concernant un usage récréatif. Cela comprend uniquement les petites quantités pour une consommation à des fins personnelles.
Concernant l’usage du cannabis médicalisé, depuis 2013, un programme médical est mis en place dans le pays. Se procurer du cannabis médicalisé est donc un processus assez long et fastidieux. Pavel Kubů :
« Le patient doit se lancer dans un processus d’enregistrement personnel, pour être éligible à la prescription, qui doit comprendre des indications précises sur quel cannabis médical doit être prescrit. Donc, il doit se rendre chez le médecin pour avoir cette possibilité. Quoi qu’il en soit, c’est une prescription qui doit se faire tous les mois. Le renouvellement de l’ordonnance doit se faire tous les mois. Ce qui est, pour les maladies chroniques, donc pour les personnes qui utilisent du cannabis thérapeutique, un inconfort certain. Concernant les antis hypertoniques, tu peux avoir une prescription pour six mois !».
Parfois, selon l’état de l’avancée de la maladie chez un patient, toutes ces étapes peuvent décourager à se procurer du cannabis de façon légale.
En effet, le cannabis sur le marché noir est deux à trois fois moins coûteux que le cannabis légalisé.
Des problèmes de pénuries et liés à la distribution de cannabis médicalisé sont également récurrents, et le Covid a accentué davantage ces problèmes de pénuries. Pavel Kubů :
« Malheureusement, les prescriptions médicales pour les patients traités au cannabis thérapeutique doivent s’adapter et prendre en compte l’incertitude que le produit en particulier, que le patient prend ou que le médecin prescrit, vont soudainement disparaitre de la distribution. Avec aucune information concernant le prochain approvisionnement disponible. »
La prise en compte du cannabis thérapeutique en tant que traitement possible pour les personnes atteintes de maladies neurodégénératives reste une avancée marquante. La Tchéquie dispose à l’international d’une image assez libérale à l’égard du cannabis. On retrouve l’exemple de Sébastien Béguerie, l’un des pionniers du commerce du CBD, qui s’est installé à Prague, après avoir été condamné par la justice française. Il a finalement été acquitté en novembre dernier.