Le compositeur Miroslav Srnka – un nom à retenir

Miroslav Srnka, photo: Archives de Radio Prague

Le succès international d’un jeune musicien tchèque, peu connu dans son pays d’origine, une initiative en faveur du soutien du chef de gouvernement lancée au sein des jeunes sociaux-démocrates, une nouvelle réalisation sculpturale en hommage de Jan Palach, la prescription d’un crime remontant à la période du régime communiste, les interrogations liées à l’utilisation du cannabis dans un but thérapeutique, le décès de Ladislav Helge, un des cinéastes tchèques liés aux années 1960. Tels sont les titres proposés dans cette revue de presse.

Miroslav Srnka,  photo: Archives de Radio Prague
Miroslav Srnka est le premier compositeur tchèque depuis Bohuslav Martinů à avoir réussi à imposer une de ses créations sur une scène d’opéra de renom mondial. C’est ce qu’a noté sur le site ihned.cz Ondřej Formánek à l’occasion de la première représentation, dimanche dernier à l’Opéra d’Etat de Munich, considérée comme l’une des cinq plus importantes maisons d’opéra, de son œuvre intitulée Le Pôle Sud (South Pole). Ecrite d’après un livret de Tom Holloway, elle raconte l’histoire de deux explorateurs polaires, Roald Amundsen et Robert Falcon Scott qui, durant l’été 1910 et presque parallèlement, se sont efforcés d’atteindre avec leurs équipes respectives le pôle Sud. Au lendemain de la première de l’œuvre, avec Rolando Villazon et Thomas Hampson dans les rôles titres, le site a indiqué :

« L’opéra du compositeur tchèque a remporté un grand succès auprès du public qui l’a vivement acclamé. Les critiques quant à elles sont en revanche mitigées. Tandis que, par exemple, la station Deutschlandradio l’a accueilli plus que favorablement, certaines autres réactions, comme celle de l’agence DPA, ont été plus réservées. Mais de toute façon, l’opéra Le Pôle Sud qui sera cette année présenté cinq fois sur cette scène est d’ores et déjà considéré comme un des événements majeurs de la saison ».

Miroslav Srnka, 40 ans, demeure en République tchèque beaucoup moins connu qu’à l’étranger où ses œuvres sont souvent exécutées. Il explique pourquoi :

« Celui qui fait de la musique contemporaine, peut demeurer en Tchéquie tout à fait invisible. Je me consacre à la musique depuis de longues années et du coup je deviens visible, car il y a Rolando Villazon qui chante dans mon opéra. La musique contemporaine est chez nous tragiquement sous-estimée et son existence est fortement négligée... Mais je pense que la situation commence à changer quand même, car la jeune génération semble chercher de nouveaux éléments, plus compliqués et plus profonds, de la culture ».

Quand les jeunes sociaux-démocrates se mobilisent

Photo: Site officiel du groupe Idealisté.cz
Les initiatives d’un groupe qui s’appelle Idealisté.cz (Les idéalistes) et qui s’est formé au sein du Parti social-démocrate (ČSSD) sont le sujet d’un texte publié sur le site echo.24cz. Il informe de l’appel que ce groupe a lancé ce mercredi afin de soutenir le Premier ministre Bohuslav Sobotka, chef du parti, dans son conflit avec le président de la République, Miloš Zeman. Ses initiateurs constatent entre autres que face aux attaques dont le chef de gouvernement fait actuellement l’objet de la part « de hackers néonazis et des populistes siégeant au Château de Prague », il est inimaginable qu’aux prochaines élections présidentielles, la social-démocratie puisse donner son aval à une éventuelle nouvelle candidature de Zeman. Dans sa déclaration, le groupe récapitule aussi les succès de Sobotka, estimant que celui-ci aurait formé, après des débuts difficiles, un gouvernement stable. L’auteur du texte, Filip Nachtmann, remarque :

« Avec sa déclaration, le groupe Idealisté.cz a de nouveau animé la discussion au sein des sociaux-démocrates concernant la question de savoir quelle position prendre à l’égard du président Zeman. Ce dernier ayant dans ce parti tant des adversaires que des sympathisants, le soutien de son éventuelle candidature est loin de faire l’unanimité dans ce premier parti gouvernemental. En plus, le ČSSD ne sait toujours pas quel candidat proposer, d’ici deux ans. »

En se référant aux derniers sondages, Filip Nachtmann n’omet pas de noter qu’en marge de ces discordes d’ordre politique, la cote de popularité de Miloš Zeman auprès du public n’a de cesse de grimper, 59% des personnes interrogées lui ayant exprimé leur confiance au mois de janvier.

Une sculpture pas comme les autres

Le mémorial de Jan Palach,  photo: Filip Jandourek,  ČRo
La statue en hommage de Jan Palach qui a été récemment dévoilée à Prague sur la place qui porte le nom de l’étudiant tchèque qui s’est immolé en 1969 en signe de protestation contre la léthargie dans laquelle la société avait sombré suite à l’occupation du pays par les chars soviétiques, prouve que la capitale tchèque arrive parfois à gérer bien son espace public. C’est ce que constate en introduction d’une note rédigée pour la dernière édition de l’hebdomadaire Respekt Jan H. Vitvar, qui écrit plus loin :

« Il s’agit là du ‘happy end’ d’une longue histoire qui a commencé en 1969. Inspiré par un poème de David Shapiro par lequel celui-ci a à l’époque aux Etats-Unis répondu à l’annonce de l’acte désespéré de l’étudiant tchèque, l’architecte américain d’origine tchèque, John Hejduk, a créé deux sculptures en métal en hommage à Jan Palach. En 1991, il en a fait don à Prague. Ce n’est cependant qu’aujourd’hui, vingt-cinq ans après, que cette sculpture a pu être finalement mise en place ».

L’auteur du texte estime que Prague peut enfin, après un certain temps, se targuer d’une réalisation réussie située dans un espace public, signée par un architecte de renommée mondiale. Selon lui, elle peut être comparée, avec un brin d’exagération, à la Maison dansante sur les quais de la rive droite de la rivière Vltava de l’architecte Frank Gehry ou encore au complexe commercial et administratif de Zlatý Anděl de l’architecte français Jean Nouvel. Un seul regret c’est que John Hejduk lui-même n’ait pas vu sa réalisation achevée, puisqu’il est décédé il y a quinze ans.

Prescription d’un des crimes de l’époque communiste

Lubomír Štrougal,  photo: ČT24
Cette semaine, l’Institut de la documentation et de l’enquête sur les crimes du communisme a suspendu pour cause de prescription l’enquête menée contre Lubomír Štrougal, 90 ans, qui avait occupé plusieurs postes gouvernementaux dont celui de Premier ministre. Ce dernier était un des principaux acteurs du régime communiste, et il est soupçonné d’avoir commis en tant que ministre de l’Intérieur un acte criminel en ayant laissé utiliser dans les années 1960 du courant électrique à haute tension dans les clôtures à la frontière occidentale du pays, formant le rideau de fer. A cette occasion, le site idnes.cz a rappelé :

« C’est entre les années 1951 et 1953 que les autorités communistes ont fait établir à la frontière des clôtures électriques qui ont fonctionné jusqu’en 1965. Si Štrougal lui-même a décidé de ‘couper’ cette année-là le courant électrique, il ne l’a pas fait par bonne volonté, mais parce que le trafic du rideau de fer était trop coûteux et parce que, du fait du dégel politique, les gens ne quittaient plus le pays si souvent qu’auparavant. Outre les clôtures électriques, une bonne partie de la frontière occidentale était minée ».

Entre les années 1948 et 1989, près de 300 personnes ayant tenté de passer clandestinement en Occident sont mortes à la frontière, dont 91 ont été tuées par le courant électrique. Beaucoup d’autres ont été blessées.

Interrogations autour du cannabis à but thérapeutique

Photo: ČT
En vertu de la législation adoptée en 2013, le cannabis en République tchèque peut être utilisé dans un but thérapeutique. En théorie donc, tous les malades qui souffrent de douleurs chroniques peuvent faire la demande, mais en pratique peu d’entre eux y arrivent. C’est ce que signale dans le quotidien Lidové noviny Ludmila Hamplová qui explique :

« Il y a plusieurs facteurs comme la bureaucratie, l’ignorance ou le prix élevé du cannabis, qui sont en jeu. Ce traitement n’étant pas couvert par les caisses d’assurance, la seule possibilité pour une grande partie des malades est alors d’en chercher sur le marché noir ou de cultiver eux-mêmes du chanvre. Mais de cette façon, ils se mettent hors-la-loi et ne passent pas les contrôles nécessaires de la composition du cannabis. »

Ce sont uniquement des médecins spécialistes, oncologues, neurologues, rhumatologues ou autres, qui ont le droit de prescrire du cannabis. Aussi sa livraison, dans des pharmacies choisies, subit-elle des contrôles stricts. Compte tenu de ces mesures sévères et du prix élevé du cannabis, près de 300 couronnes, l’équivalent de quelque 11 euros, pour 1 gramme, celui-ci reste peu accessible. Par ailleurs, dans les milieux médicaux, les opinions sur les effets thérapeutiques du cannabis demeurent pour le moins diversifiés.

Ladislav Helge, un cinéaste qui ne s’est pas incliné devant le régime communiste

Ladislav Helge,  photo: Michal Maňas,  CC BY 3.0 Unported
Cette semaine, les pages culturelles des journaux ont informé de la mort, à l’âge de 88 ans, de Ladislav Helge, réalisateur de cinéma et scénariste qui appartenait à la fameuse génération de cinéastes tchécoslovaques des années 1960. Sa carrière qui n’a duré qu’une dizaine d’années a été brutalement interrompue par l’occupation soviétique du pays en 1968 et par la « normalisation » qui s’en est suivie. Ne pouvant plus exercer pour des raisons politiques sa profession, il a ensuite travaillé comme employé. Après la chute du régime communiste, il s’est vu attribuer une distinction pour sa contribution créatrice et éthique au cinéma tchèque.