Les Sept églises, de Miloš Urban, en français : « Un auteur qui n’est pas univoque »
Les éditions françaises, Au diable vauvert, viennent de publier début janvier le roman de Miloš Urban, Les Sept églises. L’éditeur, Charles Recoursé a expliqué à Radio Prague ce qui l’avait séduit dans ce roman, après avoir rappelé brièvement son histoire.
Pourquoi les éditions Au diable vauvert ont-elles décidé de publier ce roman ?
« Parce qu’on avait envie d’aller s’intéresser aux auteurs d’Europe de l’Est. Miloš Urban correspondait parfaitement à ce qu’on cherchait : c’est quelqu’un qui écrit sur la ville, qui écrit des choses modernes, mais en se référant à une tradition littéraire, ce qui est pour nous très intéressant car ça permet de créer un pont entre notre époque et une autre tradition gothique, plus spécifiquement praguoise. Il écrit cela avec une très grande intelligence, avec une capacité très fine à mêler le roman historique au polar. Pour nous, c’est vraiment un auteur qui apporte quelque chose à la littérature tchèque, ce qu’a confirmé le succès de ses autres romans, mais aussi à la littérature européenne en général. »Justement, ça m’étonnait : je me disais depuis quelques années qu’il était étrange qu’il n’ait pas été traduit en français, alors qu’il a déjà été traduit par exemple en anglais, en néerlandais. C’est d’autant plus étonnant qu’il y a une sorte de ‘renaissance’ du gothique, d’un esprit gothique qui est à la mode. Comment expliquez-vous qu’il n’y ait pas eu de traduction en français de Miloš Urban plus tôt ?« La seule solution que je pourrais voir c’est que les éditeurs français ne vont pas forcément visiter les territoires d’Europe de l’Est. C’est une possibilité, même si elle paraît étrange. Je pense qu’en fait, ce qui a peut-être retenu la publication des livres d’Urban, c’est sa capacité à être trans-genres. Il est entre le polar, le roman historique, c’est une écriture gothique mais en même temps il y a une ironie là-dedans. Ce n’est pas un auteur univoque et la France a toujours du mal avec cela. En France, on aime quand même bien que notre polar soit un polar, que le roman historique soit un roman historique. On aime que les choses soient claires, que ça rentre dans une petite boîte, or Urban ne rentre pas dans une petite boîte ! »On aime donc les étiquettes, en France. Mais finalement, quand on regarde des romans comme ceux d’Umberto Eco par exemple, ils sont aussi difficiles à classer, or le roman d’Urban, c’est aussi ce même type de facture...« C’est vrai... Alors ensuite pourquoi Umberto Eco aura marché très fort et plus vite ? Peut-être parce qu’il est, en un sens, plus proche de notre tradition latine, française... »
Vous rappeliez que Miloš Urban a écrit d’autres romans. Les lecteurs tchèques le savent, mais est-ce que les lecteurs français vont le savoir ? Avez-vous l’intention de les publier aussi ?« En tout cas, on a l’intention de les faire lire pour voir ce qu’il y a dedans ! Malheureusement personne dans la maison d’édition ne parle tchèque. On vient de les recevoir, ils sont d’ailleurs magnifiques, d’une fabrication incroyable. On va donc les faire lire, et le cas échéant, poursuivre la publication de l’auteur. »