Les Tchèques boivent moins de bière, mais toujours plus qu’ailleurs dans le monde
Tendance observée il y a quelques années déjà, renforcée pendant la pandémie de Covid-19 et qui semble se confirmer depuis : les Tchèques boivent de moins en moins de bière, avec une consommation moyenne par habitant qui a atteint un niveau historiquement bas en 2023 : 128 litres par an, contre 136 en 2022. Diverses raisons sont avancées pour expliquer cette baisse dans un pays où la bière est pourtant considérée comme un trésor national.
Si, il y a quelques années, l’interdiction de la cigarette dans les restaurants et les bars était invoquée comme une des raisons de cette tendance, aujourd’hui, l’incertitude économique persistante, l’inflation galopante, mais aussi le changement des comportements des consommateurs sont autant de facteurs qui, combinés, peuvent expliquer la baisse de la consommation de bière en Tchéquie, selon l’Association des brasseries et malteries.
Si la pandémie de Covid-19 et la fermeture des pubs et restaurants avaient en grande partie ramené la consommation de bière à l’intérieur des foyers, cette consommation casanière n’était pas totalement nouvelle, et déjà observée, dans une moindre mesure, avant la mise en place de ces mesures sanitaires strictes. En outre, les brasseurs voient également une évolution des mentalités, avec une préférence accordée aux bières sans alcool ou aromatisées, comme le note Zdeněk Kovář, porte-parole de la brasserie Pilsner Urquell :
« Le comportement des gens à évolué. Ils sont plus actifs, ils cherchent à avoir un style de vie plus sain. Aujourd’hui, ils ont tendance à privilégier les bières sans alcool quand ils font du sport par exemple. En outre, la jeune génération a pris l’habitude de boire une bière non-alcoolisée également dans les bars. »
La célèbre marque de bière de la ville de Plzeň produit ainsi 400 000 litres de bière sans alcool en vingt-quatre heures. Rien que l’année dernière, sa consommation, y compris celle de ses variantes aromatisées, a augmenté de 17 %.
Les ventes de bière dans les débits de boissons n’ont pas échappé au déclin observé. 31 % de la bière produite en Tchéquie a été consommée dans les restaurants et les pubs en 2022, contre 30 % en 2023 : un pourcentage particulièrement faible en comparaison avec la situation il y a 15 ans, où 51 % de la bière tchèque était consommée dans des établissements de restauration.
Outre des habitudes de consommation qui évoluent, de nombreux exploitants de bars attribuent aussi la baisse de la consommation à la hausse notable des prix ces dernières années, dans le sillage de celle l’inflation : longtemps pays de la « bière de soif pas chère », en Tchéquie aujourd’hui une pinte de bière coûte en moyenne près de 60 CZK (2,41 euros), et même 70 CZK (2,82 euros) à Prague. Dans une fanzone des championnats du monde de hockey sur glace, par exemple, une pinte peut même coûter jusqu’à 110 CZK (4,43 euros). Alors que ce rendez-vous sportif très attendu bat son plein dans le pays, les grandes brasseries ont dû se mettre au diapason de l’événement, générateur d’une consommation de bière accrue, comme le souligne encore Zdeněk Kovář :
« Chaque grand événement comme celui-ci, en particulier en Tchéquie, a bien sûr une incidence sur la consommation de bière. Nous ne pouvons pas dire combien pour le moment, mais nous nous sommes bien sûr approvisionnés à l'avance pour pouvoir fournir suffisamment de bière aux bars partenaires, aux événements, aux Biergarten ou aux fanzones pour le championnat. »
Si la consommation baisse, phénomène observable depuis un certain temps déjà, la production aussi s’adapte avec 20 millions d’hectolitres de bière brassés en 2023, soit une diminution de 2,7 % par rapport à l’année précédente. Avec 128 litres consommés en moyenne par an et par habitant, la consommation de bière en Tchéquie a atteint son minimum historique. Pourtant, les Tchèques restent malgré tout les plus gros consommateurs de bière en Europe et dans le monde. Une première place du podium qui pourrait, qui sait, changer à l’avenir, même si les Tchèques ont encore de la marge.
En 2023, 15,2 millions d’hectolitres de bière brassée en Tchéquie ont été consommés sur le marché intérieur, soit une baisse de 2,4 % par rapport à l’année d’avant. Après deux années de croissance, les exportations de bière à l’étranger ont également diminué de 4,3 % pour atteindre 5,17 millions d’hectolitres en 2023. Des chiffres qui correspondent peu ou prou à ceux de 2018, selon l’Association des brasseries et malteries. Ce sont les pays voisins de la Tchéquie, comme la Slovaquie, l’Allemagne et la Pologne qui restent les principaux marchés d’exportation.