Les Tchèques : carrière ou bébé ?

Il y a dix ans encore, les Tchèques se lançaient dans la maternité très tôt. Aujourd'hui, elles n'hésitent pas à mettre leur premier bébé au monde à l'âge de quarante ans. Et les sociologues commencent à s'inquiéter... Magdalena Segertova explique pourquoi.

Le bébé en route, le mariage, l'appartement et, finalement, la carrière professionnelle... Voilà comment vivait, sous l'ancien régime, la plupart des jeunes... A présent, ils privilégient le contraire. Avant de songer à la vie familiale, ils se consacrent aux études et au travail. "Pour l'instant, je penche absolument pour la carrière. Avec un enfant, je trouverais difficilement du travail", dit Monika, une jeune Slovaque qui prépare son doctorat à Prague. A part la carrière, c'est l'argent qui pousse les jeunes Tchèques à remettre leur maternité à plus tard. Surtout celles qui n'ont pas d'économies, pas d'appartement, et pas de fiancé fortuné.

Les spécialistes se font du souci. Pourquoi ? Toutes ces femmes mûres, qui hésitent, aujourd'hui, à devenir mères, ne le deviendront jamais. Ou alors, elles n'auront qu'un seul enfant, pense le démographe Tomas Kucera. D'après ses prévisions pessimistes, dans vingt, trente ans, le pays n'aura pas assez de mères potentielles. Malheureusement, les pronostics tout récents de l'ONU le confirment : si rien ne change, en 2050, les plus de 60 ans formeront 40 % de la population tchèque, comparé aux 18 % actuels... Côté vieillissement de la population, les Tchèques risquent de devenir, à l'échelle européenne, imbattables. Le sociologue Jiri Vecernik essaie, quand même, de trouver une sortie de l'impasse : "Pour moi", dit-il, "cette perspective effrayante est un défi. Nous devrions radicalement changer notre perception de la vieillesse, notre politique de l'emploi, notre système de financement des retraites. Car, dans quelques années, la soixantaine ne sera que l'âge moyen".

Auteur: Magdalena Segertová
lancer la lecture