Les Tchèques de l’étranger et l’exil 1948 - 1968

Miroslav Krupička

« Les Tchèques de l’étranger et l’exil 1948 - 1968 » est le thème d’une conférence organisée ces mardi et mercredi par le Comité international de coordination des Tchèques de l’étranger au Carolinum, siège de l’Université Charles, partenaire de la manifestation avec le ministère des Affaires étrangères. Ses invités sont des originaires de Tchécoslovaquie installés à l’étranger, le plus souvent pour des raisons d’exil.

Tous les deux ans, des Tchèques installés à l’étranger sont invités à Prague. Cette rencontre en est déjà à sa 5e édition, et comme deux importants anniversaires tombent en 2008, le 60e anniversaire du putsch communiste et le 40e anniversaire de l’invasion de la Tchécoslovaquie, le thème en était donné d’avance. Et ce d’autant plus que ces deux événements ont été suivis des deux plus importantes vagues d’immigration : selon l’un des invités à la conférence, l’historien Jiří Pernes, près de 60 000 Tchèques et Slovaques sont partis en exil entre 1948 et 1968 à cause de la dictature communiste. Pour le secrétaire du comité de coordination et directeur de Radio Prague, Miroslav Krupička, la conférence a été l’occasion d’exprimer, dans son discours d’ouverture, les remerciements symboliques aux pays qui, en 1968, ont accueilli le plus grand nombre d’exilés tchécoslovaques, la Suisse, l’Allemagne et l’Autriche :

« Des centaines de milliers de Tchèques et Slovaques se sont alors dirigés vers ces pays, et c’est notamment par l’Autriche que des Tchécoslovaques quittant leur patrie ont transité vers d’autres pays du monde. Il faut remercier non seulement leurs gouvernements, mais aussi les ONG, les Eglises et les simples citoyens pour leur aide apportée aux exilés tchécoslovaques. »

Près de 180 originaires de Tchécoslovaquie ont été invités à cette rencontre. La communauté tchèque de la nouvelle génération d’exil y est représentée par Lucie Slavíková Boucher, installée à Paris depuis 1990. Son mari est français, elle est médecin, mère de deux enfants, et elle a fondé à Paris une école tchèque fréquentée par une cinquantaine d’enfants de compatriotes. On l’écoute :

« J’ai fondé une école tchèque qu’on appelle l’école tchèque sans frontières, ce qui couvre toute la conception de cette école. Ce n’est pas une école qui enseigne au quotidien puisque je pense que, de nos jours, les compatriotes tchèques et les gens d’origine tchèque vivant à l’étranger, notamment en Europe occidentale, ne seraient pas intéressés par une école tchèque de tous les jours car ils veulent que leurs enfants soient intégrés dans le milieu de l’Etat où ils habitent. Notre école permet aux enfants de faire un éveil linguistique à partir de l’âge de 18 mois, ce qui les prépare progressivement à acquérir la langue de telle manière qu’à l’age de 6 ans ils soient capable de suivre l’enseignement de l’école du samedi et donc d’apprendre la langue écrite et la littérature un peu plus tard, dans la langue. »

D’après Lucie Slavíková Boucher, l’intérêt de la jeune génération pour le pays de leurs parents ne faiblit pas, et il est important que ces racines soient entretenues :

« Je pense que c’est primordial, la jeune génération est beaucoup plus liée à ses origines, parce qu’elle peut voyager, elle peut revenir au pays quand elle veut. Donc, je pense qu’elle a tout intérêt à garder la langue, garder la culture et la transmettre aux enfants. C’est la deuxième fois, je suis venue il y a deux ans, et je suis revenue parce que je pense qu’il faut que la jeune génération soit représentée parce que la génération de l’exil 1948-1968 est évidemment extrêmement importante pour notre histoire. Mais je pense que ‘l’exil’ ne s’est pas arrêté à ces années-là. Nous avons toujours des compatriotes à l’étranger, ils sont de plus en plus jeunes, ils sont de plus en plus différents de ceux d’il y a 40 ans, et il faut qu’ils y soient représentés. »