Les Tchèques de l’étranger continuent de réclamer le vote par correspondance et la reconnaissance de leurs diplômes

Source: geralt/Pixabay, CC0

L’Ecole tchèque sans frontières, une association qui propose à quelque 3 600 enfants bilingues un enseignement du tchèque dans plus de 100 villes du monde entier, a organisé, en novembre dernier, en collaboration avec le ministère des Affaires étrangères, une enquête et une conférence internationale sur les problèmes auxquels sont confrontés les Tchèques de l’étranger.

Si 2,8 millions des personnes partout dans le monde affirment avoir des origines tchèques, l’association Ecole tchèque sans frontières, qui siège à Prague, est en contact direct avec plusieurs milliers d’entre eux. Nous avons joint, à Paris, la fondatrice de ce réseau qui compte près de 130 des écoles tchèques réparties aux quatre coins du monde. Lucie Slavíková-Boucher explique :

Lucie Slavíková-Boucher | Photo: Martina Bílá,  Radio Prague Int.

« Grâce à nos écoles, l’association a une idée assez précise de la diaspora tchèque qui gravite autour de nos établissements à l’étranger. Une école, cela signifie les élèves qui commencent leur apprentissage du tchèque chez nous à l’âge d'un an et demi et le poursuivent, dans certaines écoles, jusqu’à leur baccalauréat. Une école, ce sont aussi, forcément, les parents et les grands-parents, ainsi que les enseignants que nous formons nous-mêmes. Nous collaborons aussi avec de jeunes Tchèques, des stagiaires du programme Erasmus+ qui décident parfois de rester à l’étranger. Souvent, l’Etat tchèque les perd de vue, car ils n’ont pas encore lancé leur carrière ou fondé de famille, mais nous, nous les retrouvons au sein de nos écoles. »

Ecoles tchèques sans frontières

« Ce sont alors des expatriés de toutes les tranches d’âge que nous côtoyons. Cela nous permet de très bien observer la manière dont ils vivent leur relation avec leur pays d’origine, leurs soucis dans ce domaine. Nous nous demandons aussi comment ils pourraient être utiles à leur pays d’origine et vice versa. Nous avons déjà organisé trois conférences à ce sujet au Sénat tchèque, en collaboration avec la commission sénatoriale pour les Tchèques de l'étranger. »

Selon les estimations du ministère des Affaires étrangères, environ 700 000 Tchèques résident à l’étranger. Mais seuls 10 000 d’entre eux participent régulièrement aux élections organisées en République tchèque. Selon Lucie Slavíková-Boucher, beaucoup regrettent souvent l’impossibilité de voter par correspondance ou par procuration :

Photo illustrative: Chris Phan,  CC BY-SA 3.0 | Photo illustrative: Chris Phan,  CC BY-SA 3.0

« La République tchèque est un des rares pays européens à ne pas encore avoir introduit le vote par correspondance. Dans notre enquête, 96% des 200 personnes interrogées ont indiqué qu’ils apprécieraient de pouvoir voter depuis l’étranger. Ce mode de participation serait possible non seulement pour les Tchèques qui vivent à l’étranger de façon permanente, mais aussi pour les étudiants. Par exemple, ceux qui ont séjourné à l’étranger entre septembre 2017 et janvier 2018 n’ont pu participer ni aux législatives, ni à la présidentielle, sauf s’ils se sont rendus au consulat ou à l’ambassade. » 

« Pour que le vote par correspondance soit enfin adopté en Tchéquie, il faut surtout, et le débat que nous avons organisé à l’issue de l’enquête l’a démontré, que le projet soit soutenu par le ministère des Affaires étrangères. »

Photo illustrative: Pexels,  CC0

Autre problème : de nombreux Tchèques ayant étudié à l’étranger ne parviennent pas à faire reconnaître leurs diplômes en République tchèque. Cette complication administrative représente une autre barrière entre les expatriés et leur pays d'origine :

« Le processus de validation des diplômes étrangers est très long et compliqué, ce qui dissuade les gens. Pourtant, les enquêtes et débats que notre association a organisés par le passé ont révélé que de nombreux Tchèques formés à l’étranger étaient prêts à retourner dans leur pays pour travailler dans les institutions publiques. Ces barrières imposées par l’Etat, qui défavorisent ces candidats potentiels lors des concours d’embauche, ont pour conséquence qu’ils préfèrent rester à l’étranger ou se tourner vers des entreprises tchèques privées. C’est fort regrettable à mon avis. »

Plus de détails sur l’Ecole tchèque et ses activités sur https://csbh.cz/.