Afghanistan : une aide tchèque bien incertaine pour les personnels civils

L’aéroport de Kaboul

L’évacuation des ressortissants tchèques et des personnels civils afghans qui ont travaillé pour l’ambassade ou avec l’Armée tchèques se poursuit. Ce mardi, un deuxième avion militaire a atterri à Kaboul. Le gouvernement tchèque, qui communique assez peu, reste néanmoins critiqué, entre autres raisons parce que la prise en charge de ces anciens collaborateurs afghans semble avoir été mal préparée.

Au cours des dix dernières années, selon les données du ministère de l’Intérieur, les autorités tchèques ont accordé l’asile à vingt-et-un ressortissants afghans et un permis de séjour temporaire à quarante-trois autres. Parallèlement, depuis 2011, donc, et jusqu’à la fin de l’année dernière, l’Etat tchèque a reçu 188 demandes de protection internationale tout à la fois d’hommes, de femmes et d’enfants afghans, soit 1,5 % de l’ensemble des demandes formulées durant cette période.

Quelques chiffres qui confirment, si besoin encore en était, que l’accueil de réfugiés et de migrants en provenance de pays autres que ceux appartenant à la sphère de l’Europe de l’Est, est tout sauf une évidence en République tchèque. Et que celle-ci, peu accueillante, n’est pas non plus un pays cible pour les personnes dans le besoin. Actuellement, un peu plus de 300 Afghans et Afghanes bénéficient d’un visa et travaillent ou étudient en République tchèque.

C’est très peu, donc, mais leur nombre va prochainement malgré tout légèrement augmenter.

Des soldats tchèques en Afghanistan | Photo: Martin Hajduch,  Armée tchèque

Lundi, après que le premier avion militaire tchèque en provenance de Kaboul, avec 46 personnes à son bord, a atterri à Prague, le ministre de l’Intérieur a fait savoir qu’il comptait discuter avec les présidents des régions de l’intégration des Afghans qui ont été ou seront évacués dans les prochaines heures et prochains jours et qui étaient employés auprès du service diplomatique ou qui ont travaillé comme interprètes avec les soldats tchèques ces dernières années dans le cadre des missions de l’OTAN en Afghanistan.

Pas plus que ses autres collègues ministres, Jan Hamáček n’a voulu préciser combien de personnes au total seraient évacuées d’Afghanistan. Il s’est contenté de déclarer qu’il était « heureux » que le premier avion soit bien arrivé à Prague et que « quelques avions supplémentaires » seront encore nécessaires.

En attendant la suite de cette opération d’urgence, quid du deuxième avion qui a décollé de Prague lundi ?

Selon la Télévision tchèque, il a pu atterir à Kaboul ce mardi. Parti de l’aéroport militaire de Kbely lundi en fin de matinée, il a été contraint à une escale à Bakou, en Azerbaïdjan, en raison du chaos qui règne à l’aéroport de Kaboul et dans l’attente d’une autorisation d’y atterir. Le ministre de la Défense, Lubomír Metnar, a indiqué que la volonté tchèque était d’« évacuer le plus grand nombre possible d’Afghans qui nous ont aidés ». Mais pour l’instant, impossible de connaître leur nombre exact.

L’aéroport de Kaboul | Photo: Shekib Rahmani,  ČTK/AP

Par ailleurs, contrairement à ce que les médias tchèques avaient d’abord indiqué, l’ambassadeur tchèque en poste à Kaboul, Jiří Baloun, ne se trouvait pas dans le premier avion. Et pour cause : il participe à la mise en œuvre du plan d’évacuation.

Le ministre de la Défense a aussi informé que Prague était bien en contact avec tous les interprètes afghans qui doivent être accueillis en République tchèque dans le cadre du programme d’aide approuvé par le gouvernement à la fin du mois de juillet.

Lubomír Metnar

Lubomír Metnar a réagi à l’information selon laquelle tous les interprètes concernés n’auraient pas été contactés. Les responsables de l’initiative appelée « Sauvons les interprètes », qui a été lancée par l’Association pour l'intégration et la migration, ont demandé au Premier ministre Andrej Babiš à ce que tous les Afghans qui ont par le passé coopéré avec l’Armée tchèque - et sont menacés aujourd’hui par la reprise du pouvoir par les talibans – puissent être accueillis, et pas seulement ceux qui étaient dernièrement sous contrat.

Le ministre a donc précisé que si certains interprètes n’avaient pas été contactés, c’est « probablement » parce qu’ils ne coopéraient plus avec les soldats tchèques depuis plusieurs années.

Depuis plusieurs jours, le gouvermement tchèque est très critiqué pour la lenteur de sa réaction et la confusion qui règne autour du programme d’aide. Néanmoins, dimanche, le président de la commission en charge des affaires étrangères à la Chambre des députés a indiqué que cette aide devrait concerner un peu moins d’une centaine de personnes, y compris les familles.