Les Tchèques se déclarent plus satisfaits que jamais
En dépit de leurs inquiétudes liées à la crise migratoire, dans la vie réelle, les Tchèques se déclarent très satisfaits de leur situation et de celle du pays. Une explication dans cette nouvelle revue de presse qui se penchera encore sur d’autres sujets : l’agressivité croissante dans les écoles tchèques à l’égard des enseignants, la baisse de l’intérêt des jeunes touristes des pays de l’Europe du nord pour Prague où ils aimaient passer leurs vacances de printemps, l’absence d’un musée qui serait dédié aux représailles du régime communiste.
« Le climat tendu en lien avec la crise migratoire donnerait à croire que la société tchèque souffre d’anxiété et qu’elle regarde vers l’avenir avec une grande inquiétude. Une série de sondages réalisés ces derniers temps et concernant l’état d’esprit de la population offre une image foncièrement différente. Celui qui a été publié la semaine dernière par le Centre de recherche de l’opinion publique révèle en effet qu’une grande partie des Tchèques se déclarent satisfaits de différents aspects de leur vie, ainsi que de la situation du pays. C’est vrai pour l’état de leurs économies, leurs salaires, leurs conditions de travail ainsi que pour leur vie privée ».
Dans une situation où la Tchéquie affiche le plus faible taux de chômage à l’échelle européenne, ainsi qu’une bonne croissance économique, les hommes d’affaires eux aussi voient leurs perspectives mieux que dans le passé. D’autres facteurs sont également en jeu, dont en premier lieu la stabilité politique, car les Tchèques voient d’un œil particulièrement négatif toute instabilité dans ce domaine. Or, après la précédente décennie durant laquelle le pays a vu se succéder à tour de rôles neuf cabinets, l’actuel cabinet de coalition de Bohuslav Sobotka est au pouvoir depuis deux ans déjà sans avoir été secoué par des drames profonds. Sylvie Lauder a enfin noté :
« A la lumière de ces constats, on peut considérer les craintes des Tchèques à l’égard des migrants comme théoriques et éloignées. Dans la vie réelle, ceux-ci ne semblent pas en tenir vraiment compte ».
Les enseignants face à l’agressivité de leurs élèves
La mort d’une enseignante dans une école technique secondaire de Prague qui avait longtemps subi le comportement tyrannique de certains de ses étudiants, est ces jours-ci largement médiatisée, donnant lieu à toute sorte de commentaires et d’analyses. Le site echo24.cz a publié un entretien avec Václav Mertin, expert en psychologie enfantine. Constatant d’abord que les enfants d’aujourd’hui sont non seulement plus agressifs, mais aussi beaucoup moins bien élevés que dans le passé, ce que confirme aussi l’évolution dans l’ensemble des pays du monde développé, il a donné quelques explications à cet état de choses en disant :« Il y a sans doutes plusieurs facteurs qui en sont responsables. Dans une grande mesure, c’est la faute de notre société qui veut que les enfants soient assertifs, actifs, indépendants et qu’ils ne comptent pas sur les autres. C’est nous-mêmes qui leur servons de modèles, ainsi que nos représentants politiques qui ne se comportent pas toujours de façon exemplaire. Le comportement des enfants est en quelque sorte un reflet de notre société. S’y ajoute le fait que lors de leur formation, les futurs enseignants ne sont pas préparés à ce genre de confrontations avec des élèves problématiques. »
Il est aussi vrai, comme l’a souligné le psychologue, que par rapport au passé, la profession pédagogique a beaucoup perdu de son prestige social. C’est une des raisons de la perte d’assurance que l’on peut voir chez les enseignants... Dans un texte publié dans le quotidien économique, Hospodářské noviny, consacré également à ce problème, Lucie Hrstková a écrit :
« Il y a beaucoup de parents qui refusent de définir à leurs enfants des limites, confondant éducation libérale et liberté sans bornes. Parfois, les parents et même les écoles considèrent le bizutage comme une chose qui appartient à l’âge, une chose qui serait normale dans la société moderne pour ne pas dire souhaitable ».
Selon un sondage effectué l’année dernière, trois quart des enseignants estiment que l’agressivité des élèves ne cesse d’augmenter. Au cours de l’année scolaire, la moitié d’entre eux ont été confrontés à une agression verbale, tandis que 6% des enseignants et 4% des enseignantes ont été victimes d’une agression physique. Les écoles elles-mêmes ne parviennent pas à régler ce type de situations préférant déléguer des solutions aux parents, aux experts, à la police ou ailleurs. Lucie Hrstková a remarqué à ce sujet:
« Dans cette logique, l’école technique secondaire de Prague-Malešice, dont les étudiants ont probablement contribué à la mort de l’une de leurs enseignantes, a elle aussi fait semblant de ne rien voir au lieu d’agir. Et pourtant, la seule chose qui pourrait être efficace, c’est une approche commune de la famille et de l’école contre l’agresseur. Et un consensus de l’ensemble de la société qui doit condamner tout comportement agressif comme inacceptable. »
L’intérêt de Prague pour les jeunes de l’Europe du nord en baisse
Prague ne représente plus une destination très prisée de la jeunesse des pays du nord de l’Europe qui aimait auparavant y faire la fête en profitant de l’offre de boissons alcoolisées bon marché. C’est ce que signale un article mis en ligne sur le site aktualne.cz dans lequel on a pu aussi lire :« C’est en premier lieu au mois de février que les étudiants de plusieurs pays nordiques aimaient se rendre dans la capitale tchèque pour y passer leurs vacances de printemps. Leurs séjours étaient souvent accompagnés de bagarres nocturnes au centre-ville, de démolitions de chambres d’hôtel et de toutes sortes d’autres tapages. »
Cette année, leur nombre s’annonce beaucoup plus faible. Comparé aux quelque 10 000 jeunes Suédois, Danois, Norvégiens et Finlandais qui sont venus à Prague pendant leurs vacances, il y a deux ans de cela, la visite d’un cinquième d’entre eux seulement est prévue pour ce mois de février. Des données qui sont confirmées également par les hôteliers pragois. De nouvelles mesures policières commes des contrôles plus fréquents dans les bars, dans les boîtes de nuit et les restaurants ainsi que la mise en pratique de rubans colorés destinés désormais à désigner les mineurs pour leur empêcher l’achat de boissons alcoolisées. Autant de dispositifs qui semblent décourager une grande partie des étudiants nordiques de venir se divertir à Prague.
A quand un musée dédié au régime communiste en Tchéquie ?
« L’absence d’un musée qui présenterait l’histoire du régime communiste dans le pays entre les années1948 et 1989 illustre mieux que tout la position des Tchèques à l’égard de leur passé récent ». C’est ce qu’a noté dans l’édition de samedi dernier du quotidien Lidové noviny l’historien Petr Zídek avant de poursuivre :« Tandis qu’en Pologne on peut trouver dans la ville de Gdansk un musée Solidarnosc, en Hongrie un musée dédié au soulèvement de 1956, tandis que l’Allemagne possède un musée retraçant les activités du service de renseignement de la Stasi ou encore un musée du Mur de Berlin, en Tchéquie une exposition comparable fait toujours défaut. Prague peut offrir plusieurs collections de curiosités destinées en premier lieu aux touristes, mais pas un seul établissement qui présente de façon digne les violences de l’époque stalinienne. L’une des raisons de cette absence serait le fait que les traces des endroits ‘authentiques’ ont été systématiquement effacées avant 1989. »
Il existe cependant deux localités liées aux représailles les plus brutales du régime communiste, de la fin des années 1940 et du début des années 1950, et qui ont été conservées sous une forme on ne peut plus authentique : les prisons d’Uherské Hradiště et de Cejl à Brno, en Moravie Sud. Selon Petr Zídek, cette dernière prison en fonction depuis les années 1770 jusqu’à la première moitié des années 1950, se prêterait parfaitement à être transformé en premier musée tchèque du communisme.
Tout indique cependant que la municipalité de Brno envisage avec cet espace unique des projets différents, souhaitant en faire « un centre créatif ». Des projets qui sont d’après l’auteur de l’article insensibles, car négligeant la « substance mémorielle » du bâtiment. Il propose alors sa conservation dans son état actuel, en attendant une approche plus éclairée des générations futures.