Presse : les Tchèques préfèrent l’épargne à la consommation
Cette nouvelle revue de presse s’intéresse d’abord à la panne de la consommation et au comportement des ménages tchèques qui préfèrent épargner plutôt que dépenser. Autres sujets traités : la nostalgie du régime communiste que ressentent une partie des Tchèques, le conservatisme dans sa version tchèque, les menaces hybrides ou encore Barbora Krejčíková, l’actuelle numéro un du tennis féminin tchèque victime des réseaux sociaux.
« Les Tchèques épargnent plus que jamais et tout laisse à penser que cette tendance n’est pas prête de s’arrêter. » Selon le quotidien économique Hospodářské noviny, qui dresse ce constat, il s’agit d’une évolution aussi étonnante qu’inquiétante :
« Pendant la pandémie, les ménages tchèques ont accumulé des économies importantes. L’inflation qui a suivi n’a pas non plus favorisé les grandes dépenses. La faible consommation a été le principal frein de l’économie ces dernières années et, comparé à son niveau avant la pandémie, elle reste toujours inférieure d’environ 5 %. Le taux d’épargne a ainsi atteint des niveaux sans précédent. Alors que les ménages épargnaient quelque 14 % de leurs revenus en 2019, ce taux est passé en moyenne à plus de 23 % entre 2020 et 2023. Durant cette période, ils ont accumulé des épargnes ‘excédentaires’ représentant près de 16 % du PIB. »
On aurait pu espérer que les Tchèques veuillent désormais dépenser un peu plus pour relancer l’économie. Mais au cours du premier semestre de cette année, comme l’explique l’auteur, la situation n’a guère évolué et cette accumulation s’est poursuivie :
« C’est comme si la mentalité des Tchèques avait évolué vers une nouvelle normalité en matière d’épargne. Et les familles les plus riches ne sont pas les seules à disposer d’économies ‘excédentaires’. Il se peut que parmi les ménages moins aisés, cette habitude soit motivée par des craintes liées à une évolution démographique défavorable et aux diverses incertitudes d’ordre politique et économique auxquelles l’Europe sera confrontée à long terme. Par conséquent, les chances de voir le taux d’épargne baisser considérablement à l’avenir s’annoncent faibles. Ce phénomène apparaît davantage comme une ‘nouvelle normalité’ que comme un problème transitoire. »
Un tiers des Tchèques nostalgiques de l’ancien régime communiste
« La pandémie de Covid-19, l’invasion de l’Ukraine par la Russie et l’inflation sauvage ont considérablement amoindri la confiance des Tchèques non seulement dans les représentations politiques, mais aussi, dans une certaine mesure, dans le ‘régime’ en tant que tel. » C’est du moins ce qu’estime le site Seznam Zprávy dans son commentaire sur les données issues d’une récente enquête menée par l’agence STEM. Depuis le début des années 1990, celle-ci analyse le regard que portent les Tchèques sur le fonctionnement du régime démocratique qui a succédé au régime communiste après sa chute en novembre 1989 :
« Ces données révèlent que 48 % des habitants du pays estiment que le régime démocratique actuel est bien meilleur ou au moins un peu meilleur que le régime communiste. Moins d’un tiers des personnes interrogées pensent le contraire, tandis qu’un Tchèque sur cinq considère que les régimes actuels et passés sont sensiblement les mêmes. »
Toujours selon Seznam Zprávy, il s’agit là d’une information assez alarmante :
« Il est possible que certains partis d’opposition chercheront à remplacer la lutte politique démocratique légitime contre le gouvernement par une lutte contre le ‘régime’. Pour leur part, les partis actuellement au pouvoir pourraient alors être tentés de se présenter comme les seuls véritables défenseurs de l’héritage des événements de Novembre 1989, qui protègent le ‘régime’ contre les assauts des forces antidémocratiques. Ce serait une erreur dans les deux cas. Les politiciens responsables se doivent de donner au régime actuel une chance de regagner une partie de la confiance qu’il a perdue. Car malgré tous ses trébuchements, il n’en existe pas de meilleur et il n’y en aura certainement pas de sitôt. »
Le conservatisme dans sa version tchèque
« Le nationalisme intolérent qui passe aujourd’hui en Tchéquie pour du conservatisme est beaucoup plus proche de celui du fasciste britannique (Oswald) Mosley ou du Ku Klux Klan que de celui de (Donald) Reagan et de (Edmund) Burke, le fondateur du conservatisme moderne. C’est pourquoi il n’est pas étonnant qu’il rassemble des extrémistes de tous les horizons politiques ». C’est avec ces mots percutants que le quotidien libéral Deník N lance un article consacré à une réunion organisée récemment par la Société pour la défense de la liberté d’expression et intitulée « Le Camp conservateur ». Un texte dans lequel on peut lire :
« Il s’agissait d’une rencontre informelle entre conservateurs tchèques qui avait pour but d’entamer une coopération plus étroite. Toutefois, ce ne sont pas les valeurs conservatrices traditionnelles qui unissent ses acteurs, parmi lesquels figurent de nombreux représentants de l’aile eurosceptique du parti de droite ODS, du mouvement (populiste) ANO d’Andrej Babiš ou encore du parti d’extrême-droite SPD. Les forces conservatrices tchèques ne sont pas unies par un programme économique, la culture, la préservation des traditions nationales, l’État de droit ou la protection de la dignité humaine. Ce qu’elles partagent encore moins, ce sont les libertés individuelles qui sont pourtant une valeur fondamentale du conservatisme. »
Selon l’auteur, les nouveaux conservateurs possèdent cependant de nombreux traits communs : une aversion de moins en moins cachée pour l’Union européenne, un nationalisme exacerbé, une haine pour toute action visant à atténuer le changement climatique, une sympathie pour les régimes autocratiques ou encore l’opposition aux nouveaux migrants. « À moins d’un miracle, la parodie de conservatisme déferlera sur la Tchéquie lors des prochaines élections législatives à l’automne 2025 », avertit-il donc en conclusion.
Les menaces hybrides : le cas de la Slovaquie comme un avertissement
Le Centre pour la société informée a lancé une campagne intitulée « Deep fake », afin de sensibiliser la société aux menaces hybrides. L’hebdomadaire Reflex rappelle à ce propos :
« Les menaces hybrides sont des dangers globaux qui se renforcent continuellement avec le développement rapide des technologies numériques, et il en va de même en Tchéquie. Utilisant toutes sortes de méthodes, principalement la désinformation, la propagande ou l’espionnage, elles n’ont qu’un seul objectif : paralyser les institutions, polariser la société et ainsi déstabiliser les États ou modifier leur ancrage en matière de politique étrangère. Les récentes élections en Slovaquie montrent à quel point ces techniques peuvent être dangereuses et efficaces. »
Dans sa déclaration de programme au début de son mandat, le gouvernement tchèque avait annoncé que les menaces hybrides et la défense contre la désinformation constitueraient une priorité. « Or, très peu de mesures fortes ont été adoptées jusqu’à présent », constate Reflex, qui ajoute que le Centre pour la société informée préconise notamment l’adoption rapide d’une loi sur l’économie numérique et une modification du code pénal relatif à l’espionnage et à la coopération avec des puissances étrangères, en particulier à la lumière des activités croissantes de la Russie.
Tennis : Barbora Krejčíková victime des réseaux sociaux
La série de défaites de Barbora Krejčíková, double vainqueur de tournois du Grand Chelem et actuelle numéro un du tennis féminin tchèque, est mal vue par beaucoup de fans de tennis. Comme le note le site Aktualne.cz, certains lui demandent même d’un ton acerbe sur les réseaux sociaux comment elle a pu remporter Wimbledon en juillet dernier. « Eh bien, tout simplement parce que j’ai gagné sept matches d’affilée », a-t-elle répondu laconiquement selon l’article, qui récapitule brièvement les hauts et les bas que la joueuse a connus pendant une saison 2024 qui touche bientôt à sa fin:
« Après un solide début d’année et un quart de finale à l’Open d’Australie, Krejčíková a connu un printemps misérable et une longue série de défaites dès le premier match causées par des blessures. Il lui a fallu six matches avant de gagner de nouveau. Mais en juillet, elle a atteint le sommet du mont Olympe en remportant Wimbledon. Depuis, plus rien ne va comme elle le voudrait. Après une fin prématurée à l’US Open, elle n’a pas encore réussi à s’imposer en Chine (cette semaine, toutefois, Krejčíková s’est qualifiée pour les quarts de finale du tournoi de Ningbo, en Chine. Elle doit disputer son match ce vendredi, ndlr.) »
Aktulane.cz rappelle également que Barbora Krejčíková, actuellement 13e joueuse mondiale, est qualifiée pour les WTA Masters, prestigieux tournoi qui réunira les huit meilleures joueuses de la saison à Riyad, en Arabie saoudite, en novembre prochain :
« Une règle spéciale de la WTA (la fédération internationale de tennis féminin) stipule en effet qu’il suffit que la lauréate de Wimbledon figure dans le Top 20 mondial pour qu’elle puisse y participer. C’est là une raison de plus de dénoncer les commentaires négatifs de ses détracteurs sur les médias sociaux. »