Les Tchèques toujours en quête d'un nom pour leur patrie
Douze ans après sa séparation d'avec la Slovaquie, la République tchèque est toujours en quête d'un nom plus court que Ceska republika et qui se rapporterait à une réalité plus géographique que politique. Ce problème d'appellation, qui se répercute aussi à l'étranger, a fait l'objet d'un grand débat, ce mardi, au Sénat tchèque.
Cesko, Cechy ou Ceska republika, pour les plus courants, Zeme ceske ou Bohemia pour les plus fantaisistes, les noms pour désigner la Bohême-Moravie-Silésie, officiellement République tchèque, ne manquent pas. Si Ceska republika est la seule appellation officielle, le nom de Cesko est quant à lui tout à fait correct et le plus répandu. Jiri Kraus, ancien directeur de l'Institut de la langue tchèque :
"Le mot Cesko est grammaticalement correct. Il correspond aux règles de formation des mots de la langue tchèque, et il a de surcroît une existence relativement longue."
"Cela fait longtemps que le débat autour du nom à donner au pays existe. Karel Capek avait de son temps émis des objections contre l'appellation Ceskoslovensko. Pour ce qui est du nom Cesko, on en parle depuis 1938. En 68, le débat a été ravivé, et il est intéressant de souligner que les opinions qui s'opposaient alors ne tournaient pas autour de la question de savoir si, oui ou non, Cesko est correct d'un point de vue linguistique. Les opinions divergeaient plutot en raison du sentiment rattaché au mot "cesko"."
Le débat ne semble pas avoir changé. Si Ceska republika est le seul terme officiel, Cesko est en revanche bien mieux ressenti et apprécié par la population. Plus percutant en matière de marketing ou d'image en général, il présente aussi l'avantage d'englober sémantiquement la Bohème, la Moravie et la Silésie, ce qui n'est pas un détail. Les experts réunis au Sénat privilégient d'ailleurs cette variante et encouragent la diplomatie, les entreprises et les enseignants à l'utiliser davantage.
Si les Tchèques peinent donc à mettre un point final à ce débat qui fait finalement appel aux sentiments de chacun, les étrangers ne s'en sortent guère mieux et s'efforcent, eux aussi, de trouver un raccourci convenable à Czech Republic ou République tchèque, ou mieux, un équivalent à Cesko. Coté français, on semble être dans la même situation qu'au pays de Capek : République tchèque demeure le terme consacré, utilisé dans toutes les occasions officielles, et la désignation Tchéquie, de plus en plus en vogue notamment dans le secteur commercial ou dans le tourisme, se fraie rapidement un chemin.