Les Trois souhaits, l’opéra-film de Bohuslav Martinů
Les Trois souhaits ou les Vicissitudes de la vie de Bohuslav Martinů sont une des œuvres les plus singulières de l’histoire lyrique. Car il s’agit en réalité d’un opéra-film. Aux deux premiers actes, on tourne un film, les Trois Souhaits (richesse, jeunesse, amour), au dernier acte, on projette le film.
La dernière mise en scène de cette œuvre par l’opéra d’Ostrava a poussé la logique jusqu’au bout puisqu’un tournage réel a vraiment eu lieu sur les planches. Le film a été rapidement monté pendant l’entracte avant d’être projeté sur une grande toile, accompagné par l’orchestre comme au temps du cinéma muet.
Cette mise en scène réaliste et véridique de l’œuvre de Martinů demande une certaine dose de courage et surtout une organisation millimétrée. La complexité d’une telle mise en scène est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles Les Trois souhaits a été rarement porté sur les planches.
En Tchéquie, on ne compte que trois représentations en tout de cette œuvre composée à Paris entre 1928 et 1929 : il a fallu attendre 1971 pour sa première mondiale, à Brno, puis Prague en 1990 et Ostrava en 2015. A l’étranger, elle a été montée à l’opéra de Lyon en 1973 et deux fois en Allemagne.
Les Trois souhaits fourmille de styles musicaux et de passages parlés, un vrai défi tant pour les metteurs en scène que pour les musiciens : les passages lyriques le disputent au fox-trot, tango et charleston, le troisième acte laissant place à la musique symphonique accompagnant le film tourné.
Il n’existe que deux enregistrements de cette œuvre : la première lors de la mise en scène de 1990 à Brno, parue chez Supraphon. La seconde réalisée à Ostrava. Dans l’émission musicale de ce dimanche, nous vous proposons un extrait de l’enregistrement réalisé à Brno, avec l’orchestre et les solistes de l’opéra Janáček dirigés par Václav Nosek.