Les victimes de l'occupation soviétique ne seront pas dédommagées

Août 1968

La Chambre des députés tchèque a rejeté un projet de loi sur le dédommagement des victimes de l'occupation de la Tchécoslovaquie par les armées du Pacte de Varsovie en 1968.

Août 1968
Les victimes de l'invasion et de l'occupation de la Tchécoslovaquie par les « pays frères » et notamment par l'armée soviétique, occupation qui a duré finalement plus de deux décennies, ne seront pas dédommagées. Un projet de loi présenté par le Parti civique démocrate, formation principale de l'opposition, prévoyait des dédommagements allant jusqu'à des millions de couronnes pour les proches des personnes ayant été tuées, ainsi que pour les personnes blessées ou violées par des membres des armées d'occupation. Rien qu'entre août et septembre 1968, les armées du Pacte de Varsovie ont tué 72 Tchèques et Slovaques, et il y avait aussi des centaines de personnes blessées et violées. Le nombre de ceux qui pourraient, aujourd'hui, demander un dédommagement est évalué à quelque 2500. Cette mesure coûterait à la caisse de l'Etat au total près de 6 millions de couronnes quelque 200 000 euros. Cela semble trop au gouvernement Vladimir Spidla. " Je ne vois pas pourquoi la République tchèque devrait payer pour les crimes commis par d'autres Etats," s'étonne le ministre de la Culture, Pavel Dostal. Les communistes, eux, craignent les demandes de dédommagement des personnes n'ayant pas le droit d'être dédommagées.

L'échec de l'initiative a scandalisé, cependant, certains députés de l'ODS, dont Jiri Pospisil, vice-président de la commission juridique de la Chambre: "Je dois dire que cela m'a bien surpris. Le projet a été rejeté par les députés communistes et sociaux-démocrates. Les raisons du rejet qu'ils ont présentées étaient d'ordre plus ou moins formel : une imprécision dans le titre, une faute dans la définition de l'Etat. Je ne pense pas que de telles omissions soient une raison suffisante pour rejeter toute une loi."

L'auteur du projet, Hynek Fajmon, également de l'ODS va encore plus loin. "C'est une effronterie : ceux qui n'ont pas payé leurs dettes, osent nier l'existence même de ces dettes," dit-il et refuse de rendre les armes. Il tentera d'imposer la loi à la Chambre, dans le cadre d'une nouvelle initiative législative.