L’état de santé des chefs d’Etat – une affaire publique ?
Les problèmes de santé en rapport avec la fonction présidentielle : tel est le premier sujet au menu de cette nouvelle revue de presse. Etre millionnaire en Tchéquie et la difficile reconversion des sportifs professionnels seront deux autres thèmes également au programme, avant de se pencher sur certains aspects de la lutte contre les changements climatiques. On s’intéressera enfin à un extrait d’un entretien avec le chef des chrétiens-démocrates, Pavel Bělobrádek.
« En dépit de ses très grands mérites, en 1934, après l’accès au pouvoir de Hitler, T.G.Masaryk n’aurait pas dû présenter sa candidature, car il était malade et trop âgé. Après avoir abdiqué un an plus tard, il a été remplacé par Edvard Beneš, appelé à naviguer le pays par des temps difficiles. Selon certains historiens, ses problèmes ultérieurs de santé sont une des raisons de l’accès au pouvoir facile des communistes en février 1948. Emil Hácha, président sous le protectorat était également vieux et malade. Les deux présidents communistes, Klement Gottwald et Antonín Zápotocký, sont morts suite à des troubles cardiaques. Et tandis que la santé du troisième, Antonín Novotný, a été relativement bonne, son successeur Ludvík Svoboda était lui aussi très malade, suffisamment pour ne plus être en mesure d’assurer ses fonctions jusqu’au bout. Gustáv Husák, quant à lui, souffrait également de plusieurs troubles, mais c’est sous la contrainte de la Révolution de velours de 1989 qu’il a abdiqué. »
L’auteur évoque également les problèmes de santé graves de Václav Havel et les spéculations de certains experts au sujet des capacités psychiques de son successeur, Václav Klaus. L’actuel président Miloš Zeman, quant à lui, souffre de problèmes de diabète et de neuropathie et sa forme physique laisse à désirer. Il a pourtant annoncé sa nouvelle candidature pour l’élection présidentielle de janvier 2018. Selon l’éditorialiste, cette élection montrera si les Tchèques continuent à percevoir la fonction présidentielle comme dotée d’attributs du pouvoir monarchique ou bien si la condition physique et l’état de santé du candidat jouent désormais à leurs yeux un certain rôle.
Etre multimillionnaire en Tchéquie
La situation, les priorités et les goûts des Tchèques très aisés sont le sujet d’une analyse qui a été publiée dans une récente édition du quotidien économique Hospodářské noviny. Elle indique que, tout en se déclarant inquiets pour l’évolution politique dans le pays ainsi que pour le sort ultérieur de l’Europe, ces individus se déclarent satisfaits de la croissance de l’économie nationale. Le sociologue Jaroslav Cír, qui a étudié pour le journal la vie de cette faune locale des millionnaires, rapporte également :« Ce sont des hommes autour de la cinquantaine qui prédominent parmi les millionnaires tchèques, les femmes ne faisant jusqu’ici que figure d’exception. Il s’agit notamment d’hommes d’affaires qui ont acquis leurs biens dans les années 1990. A la différence de leurs confrères slovaques, la plupart des multimillionnaires tchèques n’aiment pas particulièrement afficher leur richesse. Il n’est par exemple pas rare de les voir rouler dans des voitures assez modestes. Les voyages, la fréquentation d’événements culturels ou la gastronomie, ce sont en revanche des choses pour lesquelles ils n’hésitent pas à dépenser beaucoup d’argent. En outre, dans la majorité des cas, il s’agit de personnes cultivées qui ont déjà atteint leurs buts, qui ne se fatiguent plus tellement et qui paraissent donc assez équilibrés. »
Ce sont des investissements sûrs sur lesquels misent prioritairement les Tchèques qui possèdent plus d’un million de dollars. Ce sont donc en premier lieu les biens immobiliers qui demeurent pour eux un investissement rentable, car ils rejettent les spéculations liées à la surchauffe du marché. Les terres agricoles ont en revanche moins d’attrait que dans le passé, à cause de l’augmentation de leur prix et de l’incertitude liée à la modification envisagée de la loi sur les terrains agricoles. Les investissements dans l’or paraissent aussi moins intéressants.
La difficile vie après le sport des sportifs professionnels
Les problèmes psychiques des athlètes professionnels sont depuis quelques semaines le sujet d’une grande actualité en Tchéquie, en rapport avec les suicides de deux footballeurs reconnus ayant dépassé la trentaine. Le journal Lidové noviny a placé ces deux événements tragiques dans un contexte plus large en se référant à une étude effectuée par l’Université Masaryk de Brno qui a examiné le passage des sportifs professionnels, une fois leur carrière sportive terminée, à une vie dite « normale ». Selon l’auteur de l’article publié dans le journal, les résultats issus de cette étude seraient alarmants. Il écrit :« Un tiers seulement des seize sportifs choisis, onze homme et cinq femmes, représentant des disciplines telles que le volleyball, le hockey sur glace, le football et le basketball, avaient une certaine stratégie pour leur vie ultérieure. Sinon, les athlètes de pointe s’habituent à l’idée qu’après la fin de leur brillante carrière sportive, ils pourront continuer à mener une vie aussi confortable que celle qu’ils ont connue auparavant. Mais la réalité est souvent assez dure. Arrachés de leur milieu auquel ils ont été habitués pendant de longues années, de leur ‘bulle’ dans laquelle ils étaient enfermés, ils n’ont tout à coup plus aucun programme et ils n’arrivent pas non plus à trouver une nouvelle profession ou à s’orienter dans des situations courantes. Point étonnant que beaucoup d’entre eux finissent par déprimer. »
En Tchéquie, on trouve près de cinq mille personnes qui sont payées pour leurs activités sportives et qui risquent donc d’être touchées par ces problèmes. Et l’auteur de l’article de conclure qu’il est grand temps de sensibiliser à ce sujet l’opinion publique et les acteurs responsables.
La lutte contre les changements climatiques – une lutte sans risque
Lutter contre les changements climatiques vaut la peine même si ceux-ci n’existaient pas. Telle est la principale idée d’un article mis en ligne sur le site aktuálně.cz. Son auteur constate que, alors que presque plus personne désormais ne conteste que le climat est en train de changer, une minorité de personnes doutent encore que ce soit l’homme le responsable de ce bouleversement. D’autres mettent en doute la capacité de l’humanité à inverser la tendance. L’auteur pense toutefois qu’il convient de s’employer à lutter contre les changements climatiques, car en faisant cela, on ne risque rien, sauf une accélération de la révolution technologique qui va arriver tant bien que mal ou bien qui est déjà en cours. Il précise :« Les moyens financiers investis dans les nouvelles technologiques électriques et dans celles concernant les transports ne seront pas jetés par la fenêtre, sans égard à ce que l’on pense des changements climatiques. En effet, ces investissements ne touchent pas seulement le domaine de l’environnement, mais ils encouragent la création de nouvelles branches économiques et d’emplois pour de longues années à venir. »
Et si, hypothétiquement parlant, les sceptiques avaient finalement raison ? Alors même dans un tel cas, il n’y a aucun doute que l’élimination des gaz d’échappement et la création d’un environnement sain et propre dans les agglomérations urbaines constituent des démarches très utiles, conclut l’auteur.
Pavel Bělobrádek : l’avenir s’annonce positif
Pavel Bělobrádek, nouvellement réélu chef du Parti chrétien-démocrate (KDU-CSL), un des trois partis de l’actuelle coalition gouvernementale, se retrouve ces jours-ci sous le feu des projecteurs. Selon l’hebdomadaire Respekt, à quelques mois des prochaines élections législatives, son parti a pris des risques, en décidant de former une coalition avec le mouvement des Maires et des Indépendants (STAN), une façon d’offrir une alternative aux autres partis pour les électeurs centristes. Un défi dont le succès n’est pas évident, car pour entrer au Parlement, la coalition doit franchir la barre des 10 %. Dans un entretien pour l’hebdomadaire, Pavel Bělobrádek a entre autres proposé son regard sur l’avenir de la République tchèque :« L’avenir s’annonce positif. Nous sommes membres de l’Union européenne et je suis convaincu que nous y demeurerons. Elle doit subir une réforme, mettre au point certaines choses, ce à quoi le Brexit a peut-être donné une impulsion. En tant que membre de l’OTAN, nous pouvons considérer que notre sécurité, face à l’éventualité d’une guerre conventionnelle ou d’une guerre hybride, est assurée. »
Le pays, qui souffre d’un déficit démographique, aurait besoin, comme l’a expliqué Pavel Bělobrádek, de remanier la structure de l’industrie locale, de mettre sur pied une réforme de l’enseignement et d’améliorer son administration électronique.