L’évolution prometteuse du vaccin expérimental américain contre la Covid-19 en République tchèque
Depuis quelques mois, l’entreprise américaine Novavax développe une importante composante d’un candidat-vaccin contre le coronavirus dans les environs de Prague. Une phase d’essai est prévue en République tchèque pour cet automne, avant une production à grande échelle envisagée début 2021.
Dans la course effrénée à l’échelle mondiale pour trouver un vaccin contre la Covid-19, la République tchèque aura peut-être son mot à dire. Suite au rachat, en mai dernier, de la société Praha Vaccines, la société biotechnologique Novavax, qui a obtenu un financement de 1,6 milliards de dollars du gouvernement américain, développe synthétiquement, dans les environs de Bohumil, à une quarantaine de kilomètres à l’est de Prague, une protéine dite ‘de surface’. Dans une interview accordée mercredi à la Radio tchèque, Stanley Erck, le président-directeur général de Novavax, a expliqué que la République tchèque n’avait pas été choisie par hasard :
« Le plus complexe est de produire la protéine qui se trouve à la surface du virus et qui est l’ingrédient principal de notre vaccin. C’est cette protéine que reconnaîtra votre système immunitaire et permettra de lutter contre le virus. Il est primordial de la réaliser correctement, et c’est ce que nous faisons en République tchèque. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous avons racheté cette société en mai. Il s’agit d’un des rares endroits dans le monde en mesure de produire en grande quantité ces protéines de coronavirus. »
Cet élément central sera ensuite complété avec d’autres composantes issues de Suède et des Etats-Unis notamment afin de former le vaccin.
Mardi, le Premier ministre Andrej Babiš a visité le site qui s’étend sur quelque 14 000 kilomètres carrés et où travaille 150 personnes, et il en a profité pour rappeler l’apport de la République tchèque dans cette recherche :
« Novavax prévoit de produire deux milliards de doses de vaccins dans le monde par an, dont la moitié environ en République tchèque. Des essais cliniques ont déjà été menés en Australie notamment, et le seront aussi aux Etats-Unis ainsi que prochainement en République tchèque. Il est prévu que 300 de nos concitoyens participent à l’automne à cette étude scientifique. »
L’épidémiologiste Roman Prymula, qui accompagnait Andrej Babis mardi et qui a été la grande figure médiatique de la première phase de la lutte contre le coronavirus en République tchèque au printemps dernier, a rassuré sur la nature de ces tests en précisant que le vaccin se basant sur une protéine, il n’était pas infectieux et ne présentait par conséquent aucun risque pour les sujets volontaires.
Les résultats de cette dernière phase de tests sont attendus dans le courant du mois de décembre et, si la réponse immunitaire obtenue est bien celle escomptée, la production à grande échelle sera alors lancée en janvier prochain. L’éventuelle fourniture de ce vaccin a aussi fait l’objet de discussions lors de la visite, selon Andrej Babiš :
« Nous avons bien évidemment discuté de notre intérêt. Le premier vaccin qui nous sera fourni, le sera sous certaines conditions. Compte tenu du fait que Novavax soit implanté en République tchèque, il est donc naturel que nous voulions également discuter de cela. »
En attendant, le gouvernement tchèque a déjà commandé des doses d’une autre provenance pour 3,6 millions de personnes via l’Union européenne. Avec, potentiellement, huit millions de doses pouvant être produites tous les quatre jours, selon les chiffres avancés par Novavax, une semaine et demie suffirait avec la biotech américaine pour obtenir les quelque vingt millions de doses nécessaires pour vacciner une population tchèque qui compte un peu plus de dix millions d’habitants.