Liban: « Un groupe de cinq personnes ne peut pas disparaître comme ça... »
Pour parler de cette disparition de cinq citoyens tchèques au Liban, Radio Prague a joint à Beyrouth Rania Raad Tawk. Elle est journaliste et suit de près ce sujet pour le quotidien francophone L’Orient Le Jour :
Avez-vous pu parler à la famille du chauffeur ?
« Non, c’est un avocat proche de la famille qui s’est exprimé à ce sujet. Vous savez, la région de la Bekaa, où ont disparu les Tchèques, a ses spécificités. C’est une zone qui relève du parti chiite libanais Hezbollah, donc les forces de sécurité et l’armée ne peuvent circuler librement sans autorisation préalable. Avec un contexte explosif et des combats dans des zones proches. »
La Bekaa est aussi une région avec des trafics en tous genres, notamment de drogues et d’armes, pas une région vraiment touristique…
« Oui normalement ces régions sont à éviter. Kefraya, la ville où on a retrouvé la voiture, est dans l’Ouest de la Bekaa et n’est pas aussi proche de la frontière syrienne mais quand même. Puisqu’il a été dit qu’on a retrouvé des caméras dans le taxi avec des images de reportages tournées précédemment, on en a déduit qu’il s’agissait de journalistes. Mais ce dont on est sûr aussi est qu’il y avait un traducteur et un avocat. Il y a un cinquième tchèque, dont on est pas sûr s’il est affilié aux services de renseignement tchèques. Du coup il y a une autre piste, celle d’un enlèvement à caractère sécuritaire… »Cela reste en tout cas des spéculations pour l’instant. Il y a déjà eu des enlèvements d’étrangers dans la région…
« Oui, il y a eu plusieurs cas, notamment des cyclistes estoniens enlevés pendant quatre mois en 2011. Les motifs de leur enlèvement n’ont jamais été dévoilés mais ce dont on est sûr c’est qu’il y a eu une rançon de versée. Je ne pense pas que ce soit le même cas ici, parce que l’argent personnel des Tchèques et du chauffeur est resté sur place, le matériel vidéo et les passeports aussi. La discrétion, le fait qu’il n’y ait aucun communiqué officiel des autorités libanaises est vraiment très bizarre. Un groupe de cinq personnes avec leur chauffeur ne peut pas disparaître comme ça, c’est impossible.»