Litoměřice, le charme d’un lieu rempli d’histoire
Les České Středohoří, qu’on peut traduire en français comme les hauts-plateaux de Bohême centrale, sont une chaîne de montagnes au nord de la République tchèque. Longue de près de 80 kilomètres, ce massif s’étend de la ville de Česká Lípa à Bílina, et de la ville de Děčín à Litoměřice. Dans notre nouvelle rubrique touristique notre regard va porter son attention précisément sur cette ville de Litoměřice, dont le centre est classé monument historique.
« La cité d’origine s’est formée au IXe siècle sur la colline Dómský vrch, appelée aussi par le passé la montagne de Saint Štěpán. Par la suite, cet endroit est devenu un évêché. Le plus ancien document date de l’année 1057, qui est l’acte de fondation de la “Litoměřická kapitula”, qui est le plus ancien document écrit original jamais conservé en République tchèque. Puis nous avons ici notre Kampa à nous. On ne nous appelle pas la petite Prague pour rien. »
Entourée de 1800 mètres de fortification, Litoměřice est bien une des plus anciennes villes de Bohême, et c’est entre 1219 et 1228, qu’elle est élevée au rang de ville royale.
C’est aussi le plus grand des poètes tchèques, et l’auteur du célèbre chant lyrique Maj – Mai, Karel Hynek Mácha, qui trouve refuge dans la ville de Litoměřice. Il y décède le 6 novembre 1836, à l’âge de 26 ans seulement. Deux statues érigées dans la commune lui font honneur. L’une d’entre elles domine la vallée de la ville depuis l’église Saint Štěpán, et une autre statue de bronze, qui est la copie parfaite de celle du parc de Petřín à Prague, a été dévoilée le 21 novembre 2010 dans un parc forestier, non loin du centre. A l’origine du renouvellement de l’héritage de Karel Hynek Mácha, le peintre Jan Grimm, avait précisé à ce propos, quelque peu avant son propre décès en septembre 2012 :« Originairement, la statue de Karel Hynek Mácha, qui est au parc de Petřín, devait être à Litoměřice. C’était une œuvre du sculpteur Josef Václav Myslbek. Lorsque les hommes de lettres se sont rendus dans son atelier pour apprécier la sculpture, quelqu’un aurait déclaré que la sculpture était très réussie et qu’elle devrait rester à Prague. Mais en même temps, ils se sont mis d’accord pour qu’un deuxième moulage soit réalisé. Or, c’était en 1910, puis peut-être aussi à cause des guerres mondiales, cela ne s’est pas réalisé. J’ai appris cette information il y a près de dix ans environ. Et vu qu’en 2010, c’était le 200e anniversaire de la naissance du poète, alors je me suis dit qu’il serait bien de s’acquitter de cette dette cent ans après. »
L’ancien château royal de Litoměřice a très probablement été fondé par le roi de Bohême Otakar II. Plus tard, le roi Charles IV le reconstruit complètement pendant son règne, et les rois tchèques y résident à l’occasion de courts séjours. Vers la fin du XXe siècle, le château se trouve dans état délabré, et ce n’est qu’en 2011 que s’achève sa rénovation complète. Désormais, il s’agit d’un bâtiment unique transformé en centre d’exposition, qui allie architecture médiévale avec architecture contemporaine, et qui peut être considéré comme une vitrine de la viticulture tchèque. La responsable du Centre de tourisme de Litoměřice, qui gère désormais le château, Lenka Gottwaldová, en a révélé d’avantage sur la relation entre le vin de la région et ses habitants :« Dans la localité de Litoměřice, nos vignobles sont situés le plus au nord de toute la République tchèque. Le développement de la viticulture a explosé au moment où le roi Charles IV a offert aux habitants la proche colline de Radobýl, pour fonder des vignobles. Le roi les avait exemptés de payer des impôts pendant dix ans. Après cette décennie, les vignerons devaient livrer au château du roi comme gage d’impôt un tonneau sur dix de leur production. »
Si l’église Saint Štěpán, qui domine la ville de Litoměřice vaut certainement le détour, la place principale de la ville, la Place de la paix, compte de son côtéd’innombrables joyaux architecturaux. La majorité des maisons y sont originaires du Moyen Âge et leur architecture relève du style gothique. C’est ici que l’on trouve les plus anciennes maisons de République tchèque toujours habitées. Sur la partie sud de la place se trouve la maison de l’Aigle noir (Dům U Černého orla). Dans les années 1957 et 1958 des restes de sgraffites de la période de la Renaissance et représentants des allégories bibliques et des moments de la vie quotidienne, ont été redécouverts sur sa façade. Puis, si l’on remonte la place, on arrive à La Cave de la Mairie (Radniční sklípek), par laquelle on peut accéder aux caves souterraines et catacombes médiévales. František Kopecký, le propriétaire de La Cave de la Mairie, nous en dévoile plus à propos de leur histoire :« On sait uniquement que les anciennes caves servaient à des fins commerciales, car la ville de Litoměřice était un épicentre économique très important. Et comme les commerçants avaient besoin de stocker leurs marchandises, ils ont bâti ces caves en pierre sous leurs maisons. On marchandait principalement le sel, le blé et le vin. Puis par la suite, en temps de guerre et de troubles, les citadins ont relié ces caves par des couloirs. Sous toute la place, et aussi à l’emplacement des murailles de la ville, des couloirs longs de plus de 25 kilomètres ont ainsi été creusés. » Ces caves étaient également utilisées comme abri lors d’incendies ou en temps de guerre. František Kopecký poursuit quant à l’évolution de ces souterrains, même si avec le temps, la plupart des couloirs ont été condamnés par les propriétaires des maisons :« Le restaurant La Cave de la Mairie sert d’accès au sous-sol. Dès 1975, il était possible de s’y rendre ; c’est-à-dire après la reconstruction du souterrain, qui était en train de s’effondrer à l’époque. Un itinéraire de visite, qui est en dessous de cinq maisons dont les couloirs ont été raccordés, a été créé sur 350m. »
A Litoměřice, qui fait donc partie des České Středohoří, dont la partie sud est principalement d’origine volcanique, nous sommes entourés de volcans éteints. Si Milešovka est bien le sommet plus haut de la localité, puisqu’il culmine à 837 mètres, c’est peut-être bien le sommet de Radobýl, situé à une altitude de 399 mètres, qui suscite le plus d’intérêt. Car c’est d’ici que Karel Hynek Macha, en écrivant son dernier poème, aurait vu un incendie en provenance de la ville. Alors qu’il tentait d’apporter son secours, il aurait bu de l’eau contaminée et allait mourir quelques jours plus tard. De cette colline basaltique de Radobýl, il est possible de longer, en vélo si vous le souhaitez également, la rivière de l’Elbe et de rejoindre de nouveau la ville de Litoměřice. Si jusqu’à l’année dernière on pouvait embarquer à bord du bateau Porta Bohemica, depuis cette année cette jadis importante attraction touristique de la région a pris fin. Parmi les raisons figurent non seulement les dégâts perpétrés par les inondations à la fin de l’été 2013, mais aussi des pertes financières. Si les municipalités environnantes, telles que Roudnice nad Labem, Štětí ou Lovosice, ont contribué financièrement à son maintien, avec le temps leur intérêt s’est estompé et seule la ville de Litoměřice n’a pas pu subvenir aux besoins de l’entreprise. Alors qu’en 2009, le bateau avait accueilli près de 17 000 voyageurs, quatre ans plus tard seuls 7 000 tickets étaient vendus.