Livre blanc - roman utopique?
Il parle couramment deux langues étrangères, maîtrise de nouvelles technologies, a fait des stages à l'étranger, sait où trouver des informations et se débrouille parfaitement dans la vie professionnelle - voilà comment les auteurs de la réforme de l'enseignement tchèque, appelée le Livre blanc, voient l'idéal d'un jeune Tchèque. Magdalena Segertova présente l'essentiel de ce projet, adopté, mercredi, par le cabinet.
Ça y est, il ne manque plus que l'accord de la Chambre des députés et la nouvelle réforme de l'enseignement tchèque, très attendue, pourra démarrer. Qu'attend donc les écoliers, lycéens, étudiants à l'université, leurs professeurs, mais aussi leurs parents ? Commençons par les tout petits... A l'école maternelle, ils seront surveillés et éduqués par des maîtresses formées à l'université. Jusqu'à présent, un diplôme de l'école supérieure n'était pas exigé à ce niveau. Pas de notes dans les cours élémentaires, seulement une évaluation orale. Pas de classes spéciales pour les enfants surdoués, ni pour les élèves handicapés - un moyen d'assurer, selon les auteurs du projet, une égalité d'accès à l'instruction pour tous les enfants. Moins d'élèves dans la classe, pour que l'instituteur puisse travailler individuellement avec chaque enfant.
Les lycées, semble-t-il, ne préparent pas assez les jeunes à la vie réelle. L'enseignement y serait trop "académique". Les auteurs du Livre blanc proposent donc d'initier les lycéens aux rudiments du droit, de l'entreprise et de la psychologie. Désormais, les adolescents ne devraient plus apprendre des tas de données, souvent inutiles d'ailleurs, par coeur. L'accent sera mis sur leur capacité de trouver rapidement des informations nécessaires, de les classer, bref, de réfléchir et travailler d'une manière indépendante. Une fois sorti du lycée avec le diplôme du bac en poche, le jeune Tchèque pourra, comme le promettent les pères de la réforme, facilement entrer sur le sol universitaire et, mieux encore, sans être obligé de payer les frais de scolarité. Situation idyllique, vu que chaque année, les universités tchèques doivent, faute d'argent, de locaux et du personnel, refuser des milliers de jeunes talentueux. Le Livre blanc nous propose un scénario très optimiste : en 2005 déjà, au moins la moitié de la jeune population devrait avoir accès à une formation supérieure. Comment y parvenir ? En augmentant le nombre de programmes d'études de trois ans, moins chers qu'une formation supérieure "classique", qui dure cinq ans.
Comme chaque réforme, le Livre blanc a, lui aussi, ses critiques. Commencer plus tôt avec l'enseignement des langues étrangères ? Excellente idée, mais comment la réaliser dans un pays, où les professeurs de langues qualifiés sont assez rares ? Et l'argent nécessaire, tombera-t-il du ciel ? Voilà quelques-uns des nombreux doutes qui planent autour de ce projet ambitieux. Le fameux Livre blanc n'est qu'un roman utopique, pensent certains...