L'OCDE pointe les faiblesses du système scolaire tchèque

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L’OCDE a publié, cette semaine, un rapport sur l’éducation qui pointe les faiblesses du système tchèque. La République tchèque est ainsi l’un des pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques dont le budget consacré à l’éducation est le plus faible et représente 4,8 % du PIB, là où la moyenne des pays de l’Union européenne est de 5,9 %. De plus, les professeurs tchèques souffrent d’un manque de reconnaissance et de conditions salariales insuffisantes. En conséquence de quoi les étudiants sont de moins en moins nombreux à répondre à cette vocation.

Michaela Kleňhová
45 % des professeurs tchèques exerçant dans le secondaire ont plus de 50 ans. Les trois-quarts d’entre eux ont plus de 40 ans. Ces deux données, révélées par de rapport de l’OCDE, illustrent la très faible attractivité du métier d’enseignant en République tchèque. Directrice de la branche d’expertise analytique du ministère de l’Education, Michaela Kleňhová évoque certains arguments qui pourraient expliquer ce non-renouvellement du personnel enseignant :

« Plusieurs facteurs concourent à cette situation. D’abord il y a l’âge de la retraite. Celui-ci est repoussé, ce qui signifie que les professeurs restent à l’école plus longtemps. Il y aussi une baisse du nombre d’élèves qui fait qu’il n’est pas nécessaire d’embaucher de nouveaux professeurs. Enfin, une partie des diplômés des facultés de pédagogie trouvent un emploi dans un autre secteur que l’enseignement. »

Par ailleurs, les étudiants choisissant la voix de l’enseignement ne compteraient pas parmi les meilleurs et feraient ce choix plus par défaut que par réelle conviction. Les syndicats du monde enseignant soulignent également que le métier de professeur souffre d’un déficit de prestige ; leurs salaires relativement faibles en témoignent. En 2009, un enseignant du secondaire gagnait en moyenne 1 000 euros par mois, alors même que les rapports de l’OCDE montrent une corrélation positive entre le salaire des professeurs et la réussite des élèves. Aussi, le ministre de l’Education, Petr Fiala, a-t-il annoncé une hausse de ces salaires de 1 % l’année prochaine. Surtout, le ministère compte s’appuyer sur un nouveau suivi des professeurs avec la mise en place d’un système de « plan de carrière ». Petr Fiala :

Petr Fiala
« Le travail est en cours sur ce « plan de carrière » et nous pensons qu’il sera prêt pour 2014. Il vise évidemment à améliorer le système de rémunération des travailleurs pédagogiques, mais ce n’est pas son seul objectif. Le but est de donner au corps enseignant des perspectives pour éviter qu’ils conservent la même position pendant trente ans dans la même école depuis le début de leur carrière. »

Les rapports de l’OCDE montrent également que les enfants ayant la possibilité de commencer l’école dès la maternelle obtiennent de meilleurs résultats en primaire et en secondaire. Or, la République tchèque souffre d’un réel manque d’infrastructures d’accueil, et le nombre d’enfants scolarisés en maternelle a tendance à baisser. Commentant le rapport de l’OCDE, le vice-ministre de l’Education, Jiří Nantl, semble avoir conscience de cette problématique :

« Nous pensons qu’il est temps de cesser de considérer l’école maternelle avant tout comme un service de garderie quand les parents travaillent. Nous devons nous préoccuper intensivement de la qualité de cette éducation, de la qualité des enseignants à l’école maternelle et des moyens dont ils disposent. »

Les données de ce rapport datent de 2010, et la réalité de l’éducation en 2012, dans un contexte de politique d’austérité, est peut-être différente. Un point positif se dégage tout de même du rapport : un enfant sur deux serait plus instruit que ses parents.