Ludvík Kundera, une longue vie au service de la littérature et de l’art
C’est dans la matinée de ce mardi que la littérature tchèque a perdu une de ses personnalités les plus remarquables. L`écrivain Ludvík Kundera n’est plus mais il laisse une œuvre vaste dont l’ampleur n’est pas facile à cerner.
« De toutes mes professions, c’est la poésie que je préfère. J’ai été touché par la poésie très tôt et je dirais que cela dure encore. J’ai publié mon dernier recueil vers Noël. Il s’appelle Onde (Ailleurs). C’est une poésie sur le monde, sur le temps, sur mes sensations et sur mes amis. C’est l’avantage de la poésie, elle ouvre beaucoup de portes. La poésie m’attire aussi parce qu’elle me donne la possibilité d’expérimenter. »
Ludvík Kundera est né le 22 mars 1920 à Brno. Après des études à la faculté des lettres de l’Université Charles de Prague, il se lance dans la littérature et devient membre fondateur du groupe surréaliste Ra. Son premier recueil de poésie intitulé Konstantina est publié en 1946. Il écrit, il rédige la revue Blok et travaille également dans l’Union des écrivains tchécoslovaques. Entre 1968 et 1970 il est responsable du programme du Théâtre Mahen de Brno.
Après l’invasion des troupes soviétiques en 1968 et l’occupation de la Tchécoslovaquie le poète tombe en disgrâce. C’est ainsi qu’il évoquera beaucoup plus tard cette période difficile pour lui et pour sa famille qui doit partager son sort d’intellectuel proscrit :
« Les problèmes ont été importants. Mes enfants grandissaient et ne pouvaient pas étudier. Il y a donc eu beaucoup de plaintes. Heureusement nous avons surmonté ces problèmes. Pendant longtemps j’ai été interdit de publication, mais heureusement, j’ai pu profiter des services de personnes très aimables qu’on appelait ‘couvreurs’ et mes textes ont donc pu être publiés sous le nom d’un autre. »
C’est une période très difficile mais le poète ne se laisse pas décourager. L’arbitraire communiste le fait taire mais ne peut pas l’empêcher d’écrire. Il continue donc de traduire de la poésie et poursuit ses recherches consacrées au dadaïste Hans Arp et au dramaturge Bertold Brecht. Ce dernier l’a d’ailleurs choisi comme traducteur exclusif de ses œuvres en tchèque. Son œuvre de traducteur prend de l’ampleur. Outre les écrivains allemands il traduit aussi des poètes français dont René Char, Paul Eluard et Robert Desnos. Ce n’est que la chute du communisme en 1989 qui lui permettra de reprendre sa place dans la vie culturelle tchèque et de pouvoir publier ses œuvres.Une exposition sur sa vie et son œuvre est actuellement ouverte au Musée de Littérature de Rajhrad en Moravie. Ceux qui s’intéressent à Ludvík Kundera peuvent la voir jusqu’à la fin septembre. Une façon de rendre un dernier hommage à cet homme qui n’a jamais hésité à mettre son talent exceptionnel au service d’autres artistes.