Macron en Europe centrale : des avancées et du flou
Après leur rencontre à Salzbourg ce mercredi, le président français et les chefs de gouvernement tchèque, slovaque et autrichien se sont montrés positifs quant au résultat de leur discussion. Un compromis sur la question des travailleurs détachés devrait être trouvé d’ici octobre, sans certitudes sur son contenu.
« Nos discussions aujourd’hui marquent une véritable étape, une avancée vers un compromis pour le mois d’octobre et je m’en réjouis. Ce que nous avons acté, chacun, c’est de renforcer le partenariat dans les contrôles et d’agir de concert en développant de actions bilatérales réciproques pour lutter contre le travail détaché abusif. »
Une déclaration optimiste de la part du président français, qui reste cependant au milieu du gué. Le président français et le chancelier autrichien veulent raccourcir de deux à un an la durée maximale de détachement. Le transport routier, que les Tchèques et les Slovaques souhaitent exclure des discussions, pourrait susciter des crispations. Le temps presse pour Emmanuel Macron s’il veut faire évoluer la réglementation européenne. En janvier 2018, la Bulgarie remplace l’Estonie à la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne. Un pays catégoriquement opposé à une réglementation plus stricte du statut des travailleurs détachés. Le conseil des ministres du travail de l’UE le 23 octobre apparait comme la dernière possibilité de parvenir à un accord.
Le Premier ministre slovaque semble prêt à soutenir Emmanuel Macron. Si Robert Fico a néanmoins appelé à prendre en compte les spécificités sociales nationales, il est désormais chargé de convaincre les dirigeants polonais et hongrois, non conviés à la réunion, des bienfaits d’une évolution de la directive.
Côté tchèque, Bohuslav Sobotka a défendu des réformes plus globales sur les questions salariales. Répondant aux journalistes, il a blâmé les entreprises d’Europe de l’Ouest, responsables selon lui des différences de rémunérations :
« Si la France, l’Autriche et d’autres pays d’Europe occidentale parlent du dumping social, du fait que nos salariés se vendent sur leur marché du travail pour de bas salaires, il faut dire que ces niveaux de rémunération chez nous sont aussi liés au fait que leurs entreprises font des économies sur les salaires en République tchèque. »Un décalage des préoccupations qui complique les discussions, selon le politologue Michel Perottino :
« Le problème principal est qu’il y a une incapacité à être sur des positions similaires. Ce qui importe les Tchèques, c’est que le niveau de salaire est tel qu’il est, et qu’il est extrêmement compliqué d‘imposer une augmentation de salaire, par exemple pour les chauffeurs qui traversent la France. En filigrane, on a cet aspect libéral ou néo-libéral très présent chez les sociaux-démocrates tchèques. »
A noter que le président français a annoncé qu’il se rendrait en Tchéquie et en Slovaquie début 2018. Un partenariat de quatre ans entre Prague et Paris devrait être signé à cette occasion.