Maîtriser la dette et stimuler la croissance

La dette publique tchèque, qui a atteint, l'an dernier, 345 milliards de couronnes, est au centre d'une précoce campagne électorale, les élections étant pour la mi-juin. Omar Mounir dans une approche du problème.

La dette est là, incontournable, comme la fatalité : 345 milliards de couronnes. L'inquiétant est que, d'abord, elle représente presque le double du déficit hérité du gouvernement Klaus en 1998 ; ensuite, elle augmente trop vite et à rebours de la tendance en Europe centrale, où l'endettement est à la baisse ; enfin, comment trouver l'argent pour payer et qui va payer ?

En attendant, les partis politiques se rejettent la responsabilité. On retient contre la social-démocratie au gouvernement d'avoir promis, en 1998, une croissance positive pour rembourser la dette ; or voilà que, dit-on, la croissance est positive depuis deux ans, et pas de remboursement mais aggravation de la dette. Le revenu de la privatisation, bien qu'important, n'a rien changé. L'Etat vend ses biens et s'endette en même temps, fait-on observer. Pour Vlastimil Tlusty de l'ODS, l'argent a été perdu en dépenses sociales improductives au lieu d'être investi dans l'économie. Mais la vérité est-elle ailleurs ?

C'est que les sociaux-démocrates plaident le contraire : cette dette est l'héritage du gouvernement Klaus, disent-ils. Le tout est qu'elle n'a apporté ses fruits amers qu'une fois nous autres au gouvernement. C'est par la mauvaise gestion, du précédent cabinet, que s'explique, selon eux, la stimulation de la dette. Elle serait le fait de la "non-privatisation" du secteur bancaire et de ses créances irrécouvrables qui ont petit à petit tiré vers le bas l'agence de consolidation en empoisonnant la comptabilité nationale. A cela il faut ajouter la gestion déficitaire des communes en transformation et des régions en création. Beaucoup de besoins et peu d'argent.

Mais ne nous affolons pas, assurent d'autres experts. L'important n'est pas la croissance de la dette, mais sa stabilisation dans les limites de 20% du PNB. La Tchéquie est toujours dans cette fourchette. Quant au paiement, une fois la dette maîtrisée, il faut le confier à la croissance. Là est le défi qui attend le prochain gouvernement : maîtriser la dette et stimuler la croissance.

Auteur: Omar Mounir
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