Malgré l’action du zoo de Dvůr Králové, les rhinocéros blancs du nord plus que jamais menacés
Après le décès ce week-end d’Angalifu, les rhinocéros blancs du nord ne sont désormais plus que cinq et les chances de survie de cette sous-espèce n’ont jamais été aussi faibles. Pour préserver de l’extinction ce mammifère, grande victime du braconnage, le zoo tchèque de Dvůr Králové avait transféré en 2009 quatre de ces rhinocéros dans une réserve africaine. L’un d’entre eux, répondant au nom de Suni, est également mort en octobre dernier et cette opération s’est finalement avérée un échec. Ces rhinos ne peuvent plus se reproduire et leur seul espoir est désormais d’ordre scientifique.
Les rhinocéros sont décimés par le braconnage qui résulte de ce trafic et la survie de plusieurs sous-espèces est directement menacée. C’est le cas du rhinocéros blanc du nord, dont il ne reste plus que cinq représentants avec le décès dimanche dernier d’Angalifu, qui était pensionnaire d’un zoo américain. Déjà en octobre, un autre membre de cette espèce, Suni, a quitté ce monde sans avoir pu assurer sa descendance. Décédé dans une réserve au Kenya, il était originaire du zoo tchèque de Dvůr Králové. Jan Stejskal y assume la charge des projets internationaux :
« Suni était exceptionnel car c’est la première fois qu’on a réussi à élever un rhinocéros blanc du nord en captivité. Il est né en 1980, ici à Dvůr Králové. C’est une première mondiale car personne n’a ensuite pu réitérer ce succès. Seul le zoo de Dvůr Králové est parvenu à élever trois autres représentants de cette espèce. »
Exceptionnelle, l’opération menée en 2009 de réintroduction de Suni et de ces trois autres rhinocéros dans leur milieu naturel, en l’occurrence dans la réserve kenyane Ol Pejeta, l’était également. On espérait que les conditions seraient plus favorables pour que l’espèce puisse se reproduire. A l’époque tous savaient que les chances de succès étaient minces et aujourd’hui, Otakar Ruml, le vice-président de la région de Hradec Králové, où est située la réserve de Dvůr Králové, se félicite au moins de cette tentative :« C’est évidemment une déception mais je pense que si nous n’avions pas au moins essayé, nous n’aurions pas vraiment aujourd’hui la conscience tranquille. »
Car avec la mort de Suni, a également disparu le dernier mâle rhinocéros blanc du nord en capacité de procréer. La survie de l’espèce passe donc à présent par le recours à des procédés scientifiques. Jan Stejskal développe :
« Nous avons à disposition de la semence prélevée à plusieurs reprises sur Suni avant qu’il ne soit envoyé au Kenya. Nous en avons d’ailleurs envoyé à un spécialiste berlinois, Robert Hermes, qui s’est rendu au Kenya pour s’assurer que du matériel génétique puisse être recueilli dans de bonnes conditions après la mort de Suni. »
La solution envisagée est celle de la fécondation in vitro à partir de cette semence, ainsi que l’explique Kristina Tomášová, une zoologue qui a coordonné dix années durant le programme d’étude européen sur les rhinocéros :« Il est aujourd’hui possible d’implanter un embryon dans une femelle de l’espèce des rhinocéros blancs du sud, laquelle, en cas de succès, pourrait sans problème élever le petit. »
Les rhinocéros blancs du sud se portent en effet bien mieux, puisque leur population, principalement située en Afrique du Sud, est estimée à près de 20 000 individus et que l’Union internationale pour la conservation de la nature considère cette espèce comme « presque sauvée ». Il reviendra peut-être à ces animaux, eux-mêmes ciblés par les braconniers, de garantir la survie de leurs lointains parents du nord.