Menacée de mort et engagée dans la lutte contre la xénophobie, Svetlana Gannouchkina a reçu le prix Homo homini

Svetlana Gannouchkina, photo: CTK

Elle figure, tout comme la journaliste Anna Politkovskaïa, assassinée en octobre 2006, sur une liste de 89 personnalités, déclarées « ennemies de la patrie » par les ultranationalistes russes. Mercredi 28 février, Svetlana Gannouchkina, 64 ans, a reçu à Prague le prix Homo homini, décerné chaque année dans le cadre du festival du film documentaire « Jeden svet » à un militant des droits de l'homme.

Svetlana Gannouchkina,  photo: CTK
Ancienne professeur de mathématiques de l'Université de Moscou, Svetlana Gannouchkina mène depuis une vingtaine d'années un combat en faveur des droits de l'homme dans son pays. Après avoir défendu les victimes du communisme, elle a co-fondée l'ONG Memorial, l'une des plus actives en Russie, et créé l'Assistance civique, organisation qui soutient juridiquement et financièrement les réfugiés et migrants issus des anciens pays et provinces soviétiques. S. Gannouchkina :

« Les migrants à l'intérieur de la Russie sont considérés non pas comme des citoyens de deuxième, mais carrément de dixième catégorie...En ce qui concerne les réfugiés qui ne sont pas des citoyens russes, leur situation est vraiment catastrophique, parce que l'Etat russe ne dispose pas de mécanismes pour légaliser leur statut. Ils vivent des années, peut-être des dizaines d'années en Russie, sans espoir d' y vivre, un jour, légalement et sans possibilité de partir dans un autre pays.»

Le prix Homo homini a été attribué à Svetlana Gannouchkina par l'association tchèque L'homme en détresse, l'une des premières qui s'était implantée, en 1994, en Tchétchénie. Svetlana Gannouchkina s'y est rendue pour la première fois en 2000, pour mettre en place des dispositifs d'aide concrets. Elle explique :

Svetlana Gannouchkina et Alexandr Vondra,  photo: CTK
« En Tchétchénie, nous avons quatre centres d'assistance. En tout, notre réseau compte 56 centres. A Moscou, par exemple, il n'y en a qu'un seul, parce que là-bas, il est facile de nous trouver et nous contacter. En Tchétchénie, cela est beaucoup plus compliqué - c'est pour ça que nous y avons mis en place ces quatre centres, où l'on propose aux gens une assistance juridique notamment, mais ils peuvent s'adresser à nous avec toutes sortes de difficultés qu'ils affrontent. »

L'Assistance civique s'efforce d'aider les réfugiés, en faisant pression sur les autorités russes afin qu'elles adoptent la législation nécessaire. Une tâche au succès pour l'instant plutôt incertain, car, comme l'avoue Svetlana Gannouchkina, l'influence des ONG sur le milieu politique a tendance à s'affaiblir...