Miloš Zeman en France : le dossier Areva à l’ordre du jour

Le président de la République tchèque a entamé, ce lundi, une visite officielle de trois jours en France. Pour ce voyage à Paris, Miloš Zeman est accompagné non seulement de son épouse mais aussi de deux membres du gouvernement, les ministres des Finances, Andrej Babiš, et des Transports, Antonín Prachař. Cette délégation politique est complétée par vingt-cinq chefs d’entreprise, parmi lesquels Daniel Beneš, le directeur général du géant énergétique ČEZ. L’économie, et plus précisément un éventuel investissement français dans le nucléaire tchèque, est à l’ordre du jour.

Miloš Zeman, photo: Filip Jandourek, ČRo

Cela faisait onze ans déjà qu’un chef de l’Etat tchèque n’avait plus eu droit aux honneurs d’une réception officielle en France. A l’époque, en juillet 2003, Václav Klaus n’avait pas manqué de faire parler de lui en raison de sa critique de l’euro prononcée un an à peine après sa mise en circulation. Rien de similaire n’est attendu cette fois de la part de Miloš Zeman, son orientation pro-européenne étant systématiquement soulignée. Enseignant-chercheur à l’Université Charles et à l’Ecole supérieure de commerce, Nicolas Maslowski replace la visite du président tchèque dans un contexte plus large, celui de l’amélioration des relations franco-tchèques :

« Depuis une dizaine d’années, la France agaçait en République tchèque pour un certain nombre de raisons, entre autres pour la place accordée aux Etats-Unis à l’international et sa position sur les politiques européennes, et aussi parce que le modèle politique ou social français était considéré par certains politiciens tchèques comme problématique. En revanche, Miloš Zeman, le nouveau président tchèque, est plutôt francophile. Il est très inspiré par différentes personnalités françaises, telles que Charles de Gaulle, Jean Monnet ou François Mitterrand. La politique sociale de la France peut parfois être inspiratrice pour certaines franges de la social-démocratie tchèque. Monsieur Babiš est lui aussi un fervent francophile. Je pense donc que nous sommes dans une période de renouveau. »

Pour les trois jours à venir, plusieurs rencontres de haut niveau figurent au programme du président. Attaché de presse de l’ambassade tchèque en France, Petr Reimer précise :

« Ce mardi, le président rencontre son homologue François Hollande. Sa visite sera clôturée par un débat avec le Premier ministre Manuel Valls mercredi à 17 heures. »

Toujours mercredi, Miloš Zeman retrouvera également Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale. Etant donné la composition de la délégation présidentielle, dans laquelle prédominent les représentants du monde des affaires, les thématiques abordées se rapporteront essentiellement à l’économie. Nicolas Maslowski rappelle le dossier auquel la France porte un intérêt tout particulier depuis plusieurs années déjà :

Temelín, photo: Archives de Radio Prague

« Le grand enjeu économique pour la France était la question de l’achèvement de la centrale nucléaire de Temelín. La France ou plus précisément l’entreprise française Areva a été exclue de l’appel d’offres qui avait été lancé avant d’être annulé, et nombreux ont été les Français qui ont considéré cette décision comme une injustice. »

Toutefois, à l’heure actuelle, ČEZ ne prépare pas de nouvel appel d’offres. Dans le cas contraire, selon Miloš Zeman, « il n’y aurait pas de raison qu’Areva ne puisse pas participer au nouveau appel d’offres. » Outre le nucléaire, les Tchèques à Paris parleront également de la coordination des positions des deux pays sur le paquet Énergie élaboré par la Commission européenne ou encore d’un projet de mini-TGV qui relierait le centre de Prague à l’aéroport.

La visite de Miloš Zeman en France inclut également un volet culturel. Attaché de presse de l’ambassade tchèque en France, Petr Reimer nous en dit plus :

« Si on parle de la culture au sens large, nous pouvons également mentionner la participation du président à une cérémonie au cimetière Père Lachaise lundi après-midi où une gerbe de fleurs sera déposée au pied du monument des légionnaires tchécoslovaques. Ce lundi également se tient une cérémonie d’inauguration d’une plaque commémorative restaurée dédiée aux engagés volontaires tchécoslovaques. C’est une plaque qui indique le lieu duquel sont partis les volontaires vers l’hôtel des Invalides le 22 août 1914. »

L’occasion se présente également de rencontrer les expatriés tchèques, ce lundi soir, Miloš Zeman dînant avec les présidents des associations tchèques en France.