Mohamed Ali ou le départ d’une génération iconique dont Václav Havel faisait également partie

Mohamed Ali en 1967, photo: Library of Congress

Les traits communs de la génération à laquelle appartenaient Mohamed Ali aussi bien que Václav Havel sont mis en relief dans un texte dont nous allons vous présenter les grandes lignes. Un extrait ensuite, dans cette revue de presse, d’un article qui examine les causes de l’euroscepticisme prononcé des Tchèques qui a été une nouvelle fois confirmé par un sondage international. Le regard du commissaire européen Věra Jourová sur la place des femmes dans la politique, le refus de deux personnalités tchèques de se faire nommer à une distinction d’Etat, les maisons vacantes au cœur de l’intérêt d’une nouvelle initiative civique. Tels sont les autres sujets que nous vous proposons.

Mohamed Ali en 1967,  photo: Library of Congress
Le décès du légendaire boxeur américain Mohamed Ali a inspiré Erik Tabery de l’hebdomadaire Respekt à replacer sa vie dans un contexte historique. Selon lui, cette figure iconique « appartenait à la génération de sportifs, de dramaturges, d’écrivains, de musiciens et de scientifiques qui franchissaient les limites de leurs professions pour transformer, souvent sans le vouloir, le monde. Une génération qui a élargi la liberté de l’homme en lui donnant des dimensions jamais vues auparavant ». Evoquant l’hypothèse de certaines ressemblances avec Václav Havel, l’homme que Mohamed Ali n’a jamais rencontré, l’auteur a écrit :

« Même si l’on ne saurait comparer les sorts de ces deux personnalités ou la situation des dissidents tchécoslovaques avec la position des Afro-américains dans les années 1960 et 1970, les générations de l’époque, tant en Europe qu’aux Etats-Unis, avaient un trait en commun : à la différence de leurs pères appelés à combattre Hitler, elles ont eu pour tâche d’imposer les droits universels de l’homme.... Il s’agit d’une génération qui est en train de partir. Helmut Schmidt, Václav Havel, Susan Sontag, Nelson Mandela, André Glucksmann, Mohamed Ali et d’autres, autant de personnalités qui nous ont quitté au cours des dernières années pour céder la place dans l’espace publique à une génération qui a été non seulement épargnée par le traumatisme de la Seconde Guerre mondiale, mais qui n’a pas participé non plus aux combats d’émancipation ».

L’auteur du texte publié dans Respekt considère que c’est une des raisons pour laquelle on peut aujourd’hui entendre des déclarations, d’ordre racial ou confessionnel, qui auraient été, il y a une dizaine d’années encore, impensables. Un constat qui le pousse à s’interroger : « Comment est-il possible de voir rennaître un discours qui semblait être, en raison de l’expérience tirée de la guerre et des temps de la ségrégation, à jamais rejeté ? »

A qui la faute de l’euroscepticisme des Tchèques ?

Photo illustrative: Commission européenne
« Pour plus de la moitié des Tchèques, l’Union européenne constitue un risque ». C’est ce que montrent les résultats d’une étude réalisée par la fondation social-démocrate allemande Friedrich Ebert Stiftung et qui sont analysés dans un texte publié dans l’édition de ce mercredi du quotidien Lidové noviny. Ils permettent à son auteur d’observer que les Tchèques ne partagent pas l’optimisme du Premier ministre tchèque, Bohuslav Sobotka, que celui-ci avait exprimé dans son intervention prononcée il y a un an à Berlin en disant que « nous ne considérons pas l’Union comme une menace, mais comme une occasion ».

L’éditorialiste a également noté :

« La fondation a interrogé les habitants de huit pays européens, ce choix représentatif tenant compe de la ‘vieille’ et de la ‘nouvelle’ Union européenne. 37% seulement des Tchèques interrogés ayant porté sur celle-ci un regard favorable, la Tchéquie s’avère être le pays le plus eurosceptique de tous, devançant sur ce point même son voisin de l’Est, la Slovaquie. On peut l’illustrer par le fait que sur dix domaines examinés par le sondage, les Tchèques seraient prêts à déléguer à Bruxelles uniquement la politique étrangère et sécuritaire. Il n’est par ailleurs guère surprenant que la critique la plus virulente des Tchèques concerne la question de l’accueil et la répartition des réfugiés. Or, la solution à cette question va probablement devenir un des plus grands défis pour la coexistence de l’Union européenne. »

Selon les représentants politiques locaux cités dans le journal, c’est l’inertie persistante des opinions eurosceptiques qui ont été nourries par les précédents cabinets qui est responsable de cette image négative de l’Union aux yeux de la population tchèque. De toute façon, comme le souligne l’eurodéputé Pavel Svoboda, « on ne saurait en accuser le gouvernement actuel, car il est clairement proeuropéen, ce dont il a fait preuve lors des différents sommets ». Ce problème est davantage à mettre sur le compte de l’absence d’informations se rapportant à l’Union européenne.

Věra Jourová, eurocommissaire : oui aux femmes dans la politique, non aux quotas

Photo illustrative: stockimages / freedigitalphotos
Dans un entretien pour le quotidien économique Hospodářské noviny, l’eurocommisaire tchèque, Věra Jourová, a rejeté la possibilité de devenir candidate à la présidentielle pour le mouvement ANO, une éventualité qui a été récemment soulevée par le leader de cette formation, Andrej Babiš. En même temps, elle a exprimé son soutien et ses sympathies à l’égard d’Hillary Clinton, probable candidate démocrate américaine, une candidature qui « donne une nouvelle dimension au sujet des femmes dans la politique », en disant :

« Il s’agit là d’un grand encouragement pour les femmes en politique. On parle de plus en plus souvent des avantages qu’une mixité d’hommes et de femmes représente, car cela permet des approches et des réflexions variées. Dans les entreprises, l’effet d’une telle mixité est clairement positif. Et en politique ? J’ai suivi les négociations de Minsk sur l’Ukraine de l’Est auxquelles Angela Merkel a insufflé un esprit de compromis et de conciliation. Et c’est ce qui devrait être mis en valeur non seulement dans les politiques nationales, mais aussi dans les politiques communales. Or, je défends la diversité, la mixité entre hommes et femmes, car elle peut apporter de meilleurs résultats. »

D’un autre côté, Věra Jourová, ne soutient pas les quotas de femmes considérant que le genre ne représente aucune qualification en soi.

Petr Pithart ne veut pas une éventuelle distinction d’Etat

Petr Pithart,  photo: Archives de Radio Prague
Petr Pithart, ex-Premier ministre tchèque et ancien président du Sénat, a refusé son éventuelle nomination à une des distinctions d’Etat qui sont annuellement décernées, à l’occasion de la fête nationale du 28 octobre, par le president de la République, Miloš Zeman. Il l’a récemment confirmé à la Télévision tchèque. Il est la deuxième personnalité, après l’astrophysicien Jiří Grygar, à avoir pris une telle décision. Et même si tous les deux ont à ce jour refusé d’expliquer les motivations de leur choix, une note mise en ligne sur le site echo24.cz a remarqué à ce sujet :

« Les démarches précédentes de Petr Pithart témoignent de ce qu’il pense de l’actuel chef de l’Etat. Cet ancien dissident sous le régime communiste est aujourd’hui, par exemple, un des signataires de l’Appel de Kroměříž, dont le but consiste à trouver un candidat convenable pour la prochaine élection présidentielle et qui déclare clairement que celui-ci doit être prooccidental et proeuropéen. En outre, dans une récente interview, Pithart a formulé son vœu de ne pas voir à la tête de l’Etat un homme narcissique. »

La décision de Pithart est déplorée par l’actuel chef du Sénat, Milan Štech du Parti social-démocrate (ČSSD), car ce sont les sénateurs eux-mêmes qui ont initié cette nomination.

Pour mieux gérer les maisons vacantes

Photo illustrative: Štěpánka Budková
Des milliers de maisons vacantes existent en Tchéquie. Leur nombre est supérieur à celui des sans-abris, qui est dans le pays évalué à près de 30 000 personnes. Certaines sont vacantes intentionnellement, d’autres le seraient par un concours de circonstances. C’est ce que constate un article mis en ligne sur le site aktualne.cz qui informe des démarches d’une nouvelle initiative intitulée « Les maisons vacantes » qui a pour objet de les recenser à l’échelle nationale, de sensibiliser les autorités en vue de les amener à une modificiation de la législation relative à ce problème. Le fondateur de l’initiative, Petr Zeman, a précisé :

« Pour l’instant, nous avons identifié plus d’un millier de maisons non occupées, dont la plus grande partie se trouvent à Prague. Ceci dit, la situation de Prague est assez satisfaisante par rapport à certaines régions du pays, comme la Bohême du Nord, où l’on peut trouver des quarties entiers qui sont désertés. Les plus touchées sont les villes comme Ústi nad Labem ou Duchcov. J’imagine que les propriétaires de maisons vides devraient être pénalisés, par exemple, par des impôts plus élevés. »

L’initiative puise à cette fin son inspiration à l’étranger, en premier lieu aux Pays-Bas, où un tel modèle a déjà été mis en place.