Mriya Film Festival à Prague : des court-métrages sur et pour l’Ukraine
Ce samedi 13 avril se déroule le Mriya Film Festival au Cinema City à Prague 1. Cet événement caritatif propose une sélection unique de court-métrages ukrainiens, alliant drames et comédies. Après plusieurs éditions au Canada et en Ukraine, l’organisation a choisi Prague pour sa première édition en dans l’Union européenne. Un projet qui permet de lever des fonds pour l’Ukraine, mais aussi de mettre en avant sa culture et ses talents.
A l’image de la diaspora ukrainienne plus engagée que jamais, Kateryna Horina, fondatrice et organisatrice du Mriya, a transformé ce qui devait être un festival classique en un festival caritatif. La jeune journaliste et communicante est née à Kyiv et a fait des études de journalisme à Toronto. C’est là-bas que l’idée du festival lui est venue, à cause d’un constat malheureux.
« En fait je ne connais pas très bien le cinéma ukrainien ! Avant la guerre, la plupart des films diffusés en Ukraine étaient issus du cinéma russe. Peu de films ukrainiens étaient produits et ceux qui voyaient le jour étaient très mal promus et distribués. Donc peu de personnes connaissaient le cinéma ukrainien. C’est pour cela qu’on a créé ce festival. On a un cinéma génial, de très bons acteurs et actrices, mais il n’atteint pas son audience et ne rayonne pas à l’international. »
« Mriya » signifie rêve en ukrainien et est le nom du gros porteur iconique détruit par l’armée russe lors de l’attaque de l’aéroport d’Hostomel, fin février 2022. Le festival lève des fonds pour aider des organisations différentes à chaque édition : soutenir les soldats qui rentrent du front, leur offrir de la chirurgie esthétique de réparation, soutenir les enfants et leur éducation.
Un soft-power russe écrasant
Le festival se veut être le fer de lance d’un cinéma ukrainien en manque de visibilité. L’organisatrice dénonce là un soft power russe, jusque récemment encore triomphant en Ukraine.
Kateryna Horina : « Avec la guerre, beaucoup de gens se sont aperçus de l’omniprésence du soft power russe en Ukraine. On a les mêmes médias, les mêmes émissions, la plupart de nos acteurs finissent par travailler pour des réalisateurs russes.
Actuellement la plupart des films produits en Ukraine sont sur la guerre. On se rend compte de l’importance d’avoir un cinéma indépendant, qui propose un regard ukrainien et qui met en lumière nos spécificités. C’est aussi un des espoirs que l’on a pour l’après-guerre, l’Ukraine va peut-être pouvoir s’affranchir culturellement de la Russie. »
Le cinéma vecteur de mémoire
Comme l’a montré le documentaire « 20 jours à Marioupol », le cinéma peut prendre une place importante dans le processus d’histoire et de mémoire. Récompensé par le BAFTA et l’Oscar du meilleur documentaire en 2024, le film retrace les 20 premiers jours de l’invasion russe à Marioupol, dans l’Oblast de Donetsk.
Pour cet événement pragois samedi, il s’agit de court-métrages de fiction. Kateryna Horina nous parle de son film préféré parmi les neuf court-métrages sélectionnés par le Mriya Film Festival :
« Il s’appelle The Land of the Destroyed Ski Jump Hill » et il parle d’un couple un peu perdu qui a perdu sa source d’argent car le tremplin de saut à ski de leur ville a été détruit. C’est un film qui met en lumière la culture ukrainienne et sa gastronomie. Je trouve que c’est un des meilleurs films que nous avons. »
Le festival se déroule au Cinéma City ce samedi 13 avril entre 16h et 18h.