Musée du rideau de fer
Samedi à Kvilda, commune située au coeur de la Sumava, on a posé la première pierre du futur Musée du rideau de fer. Dans les locaux de l'ancienne caserne des Gardes frontières, on réalisera dans trois ans un projet qui n'a pas son égal dans le monde entier. L'auteur de cette idée est la fondation Rideau de fer, appuyée par le vice-président du Sénat, Premysl Sobotka. Le musée abritera des expositions rappelant l'isolement du pays par les barbelés ou les chasses sanglantes aux personnes qui voulaient franchir la frontière clandestinement. La cérémonie de la pose de la première pierre a réuni dans la caserne abandonnée des hommes politiques et ambassadeurs de plusieurs pays. Parmi les premiers, il y avait le ministre de l'Intérieur Stanislav Gross, le vice-président du gouvernement, Pavel Rychetsky ou l'ex-ministre des Affaires étrangères, Jiri Dienstbier, qui avait coupé les barbelés symboliquement, après être nommé ministre au début des années quatre-vingt. « On construit ce musée pour la nouvelle génération de jeunes gens qui ont une autre vision du monde que nous qui avions vécu dans la cage entourée de barbelés », a-t-il dit dans son discours. Mais, les habitants de Kvilda ne partagent point cette opinion. « Nous ne voulons aucun musée », protestent-ils. « Le maire de Kvilda est l'ancien commandant des Gardes frontière et le maire adjoint est leur ancien auxiliaire », dit une femme qui vit à Kvilda depuis sa naissance. Selon elle, 70 millions de couronnes qu'avalera la construction du musée, devraient contribuer plutôt au développement de la commune. Le représentant de la Confédération des prisonniers politiques, Frantisek Zahradka, lui aussi, éprouve des sentiments mitigés. Il a passé treize ans en prison communiste pour avoir aidé les gens à passer clandestinement la frontière à la charnière des années quarante et cinquante. « Il est impressionnant de voir autour de moi autant de gens qui avaient aidé à construire le rideau de fer. Maintenant, ils sont là avec nous, coude à coude," a-t-il dit.