Négociations d'adhésion de la Turquie à l'UE : les réactions de la presse tchèque

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Malgré la forte opposition de l'Autriche, les Vingt-cinq ont finalement donné lundi le feu vert à la Turquie pour entamer les négociations en vue de son adhésion à l'Union européenne. Quel regard pose la presse tchèque sur cet événement ?

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Une « route épineuse, faite de retraites et d'obstacles » qui a commencé en 1963, tel est le parcours accompli par la Turquie selon le quotidien Lidove noviny, qui note que « les Turcs sont patients », un fait que « même ceux qui refusent leur entrée dans l'UE doivent reconnaître. » Et de rappeler surtout que « tandis que les états post-communistes n'ont mis que quinze ans avant de rejoindre l'Europe, la Turquie attend depuis plus de 40 ans. »

C'est après un marathon de près de vingt-quatre heures de négociations, une « guerre des nerfs », comme les qualifie Mlada Fronta Dnes, que le « frein autrichien » a lâché : l'Autriche, où, selon les sondages, plus de 80% de la population serait contre l'entrée d'Ankara dans l'UE, une opposition que Lidove noviny analyse sous l'angle du catholicisme qui aurait une influence décisive sur les moeurs du pays et d'un refus des étrangers, pour « un pays qui est devenu pays d'immigration relativement récemment, au cours des vingt dernières années. »

A propos de la journée de négociations de lundi, Pravo se fait l'écho des « nouvelles diverses et variées qui ont circulé dans les couloirs, pour expliquer en quoi il y avait eu des glissements de formulations, quels vocables pouvaient être considérés comme une concession envers la « sensibilité » turque et lesquels pourraient être interprétés comme une manière de ne pas perdre la face pour Vienne. » Une chose est sûre, une des raisons invoquées pour expliquer que l'Autriche a finalement renoncé au veto d'abord pressenti, c'est notamment l'ouverture des négociations d'adhésion avec la Croatie, pays de l'ex-Yougloslavie dont elle soutenait la candidature.

Turquie,  photo: CTK
Un commentateur du quotidien économique tchèque de référence, Hospodarske Noviny, pose la question des frontières de l'Union européenne mais aussi du point de vue des tout récents états-membres, dont fait partie la RT. Pour lui, « ce sont les petits nouveaux qui, après avoir rempli les conditions nécessaires, sont entrés l'an dernier dans le club, devraient tout particulièrement soutenir l'ouverture du projet européen » notamment « parce que c'est justement l'entrée dans l'UE qui a motivé les candidats à mener des réformes qu'ils n'auraient pas entreprises autrement. »

Qu'en est-il, à cet égard de la position officielle de la République tchèque sur la candidature de la Turquie ? Le président Vaclav Klaus s'est pour sa part exprimé en faveur de l'adhésion de la Turquie à l'UE, de concert avec le président irakien Djalal Talabani, en visite dans le pays. D'après la correspondante permanente de Lidove noviny auprès des institutions européennes, « la stratégie tchèque a changé avec l'arrivée au poste de Premier ministre de Jiri Paroubek ». Elle rappelle que l'an dernier, la RT affichait des positions franchement pro-turques. Lors de la réunion des Vingt-Cinq de ce lundi, elle note que le pays « s'est rangé traditionnellement dans une position centriste ».