10 siècles de l'architecture
L'exposition 10 siècles de l'architecture vient d'être inaugurée au Château de Prague. C'est une exposition grandiose rapprochant tous les styles architectoniques qui, pendant mille ans, ont modifié l'aspect des villes et villages tchèques et moraves. Nous vous invitons maintenant à sa visite.
L'exposition est divisée en six parties, suivant les différents styles. La première, consacrée à l'architecture romane, s'appelle "Le témoignage des pierres". Elle a été installée dans un cadre authentique du sous-sol du Vieux palais royal, normalement inaccessible au public. Le style roman a commencé à se développer sur notre territoire après 1100, pour culminer au XIIIe siècle. L'exposition présente aussi quelques constructions préromanes nées sous l'empire de la Grande Moravie et liées à l'arrivée du christianisme. Les monuments romans les mieux conservés chez nous - des basiliques, des rotondes et des églises, mais aussi des vestiges de châteaux forts, des maisons seigneuriales et des cours de hobereaux. L'exposition nous familiarise avec une construction romane tout à fait unique, l'église Saint-Procope de Zabori nad Labem, en Bohême orientale. Nous pouvons y admirer le bijou artistique de la sculpture romane: le relief votif de la Madone trônante avec l'enfant Jésus, les anges et les donateurs agenouillés de la basilique Saint-Georges, au Château de Prague. L'exposition nous rappelle aussi de la première construction ecclésiastique au Château de Prague, la rotonde Saint-Guy, qui ne s'est pas conservée mais qui allait donner le nom à la cathédrale gothique construite sur son emplacement.
L'exposition de l'architecture gothique intitulée "La voie vers la lumière" occupe les espaces gothiques du Vieux palais royal. Le style gothique, né en France vers 1150, s'est propagé en Bohême avec l'ordre des Cisterciens après 1230. Il est propre aux églises, néanmoins, quelques villes en pierre ont été construites dans ce style. L'exposition réserve une place particulière aux monuments disparus. Tel est le cas de l'église de Dolni Kralovice qui avait été inondée et dont on a réussi à transférer deux fresques, exposées ici. Les locaux authentiques de la salle des Colonnes du Vieux palais présentent la culture de la cour de l'empereur Charles IV et de son fils, Venceslas IV. Le caractère unique du gothique tchèque est représenté par deux Madones de Plzen exposées récemment à l'Expo 2000 à Hanovre. On y trouve aussi de très beaux ostensoirs moraves, ainsi que des incrustations provenant du château de Karlstejn.
L'architecture Renaissance exposée sous le titre "La raison et le sentiment" a pénétré en Bohême vers 1492 pour y régner jusqu'au début du XVIIe siècle. Le pouvoir de la noblesse et de la bourgeoise ont pris de l'ampleur, raison pour laquelle beaucoup de résidences bourgeoises, palais et châteaux ont été construits en style Renaissance. L'exposition ne pouvait être installée nulle part ailleurs que dans les intérieurs du Belvédère Sainte-Anne, perle de l'architecture Renaissance à Prague. La partie la plus attrayante - le modèle d'une ville idéale. Les auteurs de l'exposition ont choisi les façades des plus beaux bâtiments Renaissance pour en créer des maquettes de 6 mètres de hauteur. L'impression d'une ville idéale est presque parfaite. Le visiteur a autour de lui les meilleurs représentants du style Renaissance de toute la Tchéquie: le rondel de Jindrichuv Hradec, le château de Litomysl, des maisons de la ville de Telc, le château de Cesky Krumlov... Une surprise ou, peut-être, un choc attend le visiteur à la sortie: le cercueil de l'empereur Rodolphe II, grand mécène des arts à l'âge d'or de la Renaissance...
L'architecture baroque est présentée au Manège du Château de Prague sous le titre "Le jeu de la lumière et des ombres". Le baroque né en Italie au XVIe siècle est parvenu en Bohême déjà en 1610 et s'y est établi jusqu'à la moitié du XVIIIe siècle où le rococo devient son épisode. Dans les pays tchèques, il se divise en deux courants: classique et austère se référant de l'Antique, et dynamique, plein de mouvement, de tension et de courbes se plaisant dans l'illusion, le caractère décoratif et théâtral. Le baroque est le style des églises. L'architecture populaire et paysanne baroque représente une certaine nouveauté. Un exemple par excellence, le village de Holasovice, inscrit sur la liste du patrimoine de l'UNESCO. L'exposition nous familiarise avec les meilleures constructions baroques - le château de Kuks, en Bohême du nord-est, monument d'envergure mondiale, avec une galerie de 24 sculptures allégoriques à ciel ouvert de Matyas Bernard Braun, un hôpital en face du château et une oeuvre sculpturale monumentale taillée dans les rochers et appelée Bethléem. L'exposition ne peut pas omettre la figure clé du baroque tchèque - Jan Blazej Santini Aichl, et son église à Zelena Hora - Mont vert - de Zdar nad Sazavou figurant, elle-aussi, sur la liste de l'UNESCO.
L'architecture du XIXe siècle porte le titre "Fascinés par le progrès". Installée dans les Ecuries impériales, l'exposition documente le reflet de la chute du féodalisme et l'arrivée du culte de la raison sur l'architecture. Elle documente le retour à la nature ainsi que la naissance de l'intérêt pour les monuments architectoniques du passé et leur renouveau ce qui est, en effet, un trait significatif du XIXe siècle. Ce siècle est caractérisé aussi par le recul définitif de l'architecture sacrale et l'apparition de constructions nouvelles - usines industrielles, pavillons de repos, parcs d'exposition, bâtiments de gare... L'un des plus beaux objets exposés - une réplique des serres du château de Lednice considéré comme le point culminant de l'architecture du XIXe siècle.
L'exposition de l'architecture du XXe siècle porte le titre éloquent "Une place pour notre vie". Plus que les précédentes, elle prête attention aux divers architectes, dont Rothmayer et Plecnik, auteur de constructions et de remaniements au Château de Prague, Mies van der Rohe, auteur de la villa Tugendhat de Brno de réputation européenne, Adolf Loos, architecte de la villa Muller à Prague, ou l'architecte Krejcar et son pavillon tchécoslovaque à l'exposition universelle de 1937 à Paris.